Accompagnement des TPE : Le constat amer d'El Fergui

Accompagnement des TPE : Le constat amer  d'El Fergui

TPME

En dépit des multiples efforts déployés par l’actuel gouvernement pour l’amélioration de la situation des très petites et moyennes entreprises (TPME),

il semblerait que les résultats escomptés ne sont pas au rendez-vous.

Au cours des cinq dernières années, une série de mesures a été prise afin d’améliorer l’environnement entrepreneurial au Maroc. Du reste, la Confédération marocaine des TPE-PME, à travers son président, Abdellah El Fergui, dresse un portrait loin d’être reluisant pour les entreprises de petite taille. «Le déploiement du Plan d’accélération industrielle (PAI) et la mise en place du statut de l’autoentrepreneur n’ont pas substantiellement amélioré la situation des TPE et celle de certaines PME», s’offusque-t-il, et d’ajouter dans la foulée : «Il est inquiétant de constater que de plus en plus de patrons de société, qui croulent sous le poids des crédits bancaires, songent à recourir à des actes désespérés (suicide)». En clair, les responsables de la Confédération ne passent pas par quatre chemins, puisqu’ils estiment que sur le front du soutien aux petites entreprises, le gouvernement actuel a échoué. Même regard critique à l'encontre de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) qui, à leurs yeux, incarne les grands groupes et défend les intérêts des grandes entreprises. «La situation des petites entreprises est tellement dramatique que nous envisageons, pour la première fois, après 26 ans de militantisme, de solliciter l’intervention de Sa Majesté le Roi», poursuit le patron de la Confédération. Au-delà de ce diagnostic sombre, c’est la dynamique économique générale qui inquiète. «Il faut savoir que dans notre pays, certains ingénieurs sont obligés d’accepter un salaire de 3.000 dirhams pour trouver un emploi», alerte-t-on du côté de la confédération patronale, qui compte désormais plus de 5.000 adhérents répartis dans plusieurs régions du Royaume. Interrogés sur l’évolution de leur relation avec la CGEM, les responsables de la Confédération affirment être marginalisés par l’organisation patronale, qui revendique plus de 88.000 membres directs et affiliés. Cela dit, il est souhaitable que les deux entités unissent leurs forces pour bâtir un tissu entrepreneurial plus performant et plus résilient. Ce qui est d’autant plus profitable à l’économie nationale, tirée par les TPME. Par ailleurs, la confédération tire la sonnette d’alarme sur le dispositif de l’autoentrepreneur, qui suscite d’ores et déjà beaucoup d’espoir, notamment auprès des jeunes. «Nous sommes régulièrement contactés par des jeunes, qui attendent toujours la sortie de leur carte d’autoentrepreneur. A ce retard, s’ajoute le manque d’informations de certaines administrations pour l’application du dispositif», assure El Fergui. En somme, en créant un ministère délégué chargé des Petites entreprises et de l'Intégration du secteur informel, l’actuel gouvernement avait émis un signal fort à l’endroit des «petits patrons». Pour autant, le bilan de celui-ci en la matière semble être mitigé.

M. Diao

Paroles de pro : Abdellah El Fergui, président de la Confédération marocaine des TPE-PME

Au-delà du constat alarmant sur la situation actuelle des TPME, il est important de relever que notre confédération a été contactée par des organismes nationaux et internationaux dans le cadre de l’organisation de la COP22 qui se tiendra en novembre prochain à Marrakech. Malheureusement, il nous a été demandé de ne pas organiser d’évènements comme le fait d’ailleurs la CGEM, qui bénéficie du soutien de plusieurs sponsors, notamment les grands donneurs d’ordres au Maroc. Or, il aurait été plus judicieux de nous associer pleinement à cet évènement international, d’autant plus que la Confédération compte dans ses rangs plusieurs TPE évoluant dans le domaine de l’énergie, de l’agroalimentaire, etc. Cela dit, nous ne désespérons pas, puisque nous allons envoyer notre programme d’action au président de l’organisation de la COP22. Cette manifestation d’envergure internationale doit être une opportunité pour les petites entreprises, et non un effet de mode qui sert de publicité à certaines organisations. Par ailleurs, l’autre fait qui montre que notre confédération gagne en notoriété, est que j’aurai une rencontre avec les responsables d’un cabinet de l’Union européenne (UE), chargés d’évaluer les programmes de l’UE dédiés à l’entreprise au Maroc. Des rencontres sont aussi prévues avec le ministère de tutelle et la CGEM.

>> Infos pratiques : Plus de représentativité des femmes

Les responsables de la Confédération marocaine des TPE-PME particulièrement pessimistes quant à leur participation effective à la COP22, comptent bien accroître la représentativité des femmes au sein de leur organisation. Cela passe par le recrutement davantage de femmes adhérentes. D’ailleurs, Abdellah El Fergui a confié qu’une entité au sein de l’organisation regroupant les femmes patronnes de TPE sera incessamment mise en place. Bien entendu, l’objectif sera entre autres, de mettre en réseau ces patronnes. L’autre projet dans le pipe est la création des structures sectorielles (BTP, agroalimentaire, etc.) au sein de l’association. Cela dit, du côté de la Confédération, on se réjouit de l’initiative de l’Office marocain de la propriété industrielle et commerciale (Ompic), qui abritera dans ses stands leurs membres lors de la COP22. Dans un autre registre plus critique, les responsables de l’organisation qui enregistre de plus en plus d’adhésions, estiment d’ores et déjà que le Plan d’accélération industrielle (PAI) est un échec cuisant, notamment sur le front de l’emploi. «Jusque-là, plusieurs milliards de dirhams ont été débloqués pour les grandes entreprises, avec des résultats mitigés. Un audit du PAI est d’autant plus nécessaire pour en apprécier les principales réalisations», assure Abdellah El Fergui. A noter que le PAI a pour ambition de générer entre autres près de 500.000 emplois à l’horizon 2020.          

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