Production agricole: l’import pour combler les déficits

Production agricole: l’import pour combler les déficits

Les productions de céréales, d’oléagineux et de sucre à améliorer.

Pour les céréales, qui constituent un sérieux enjeu de sécurité alimentaire, les prévisions tablent sur 55,1 millions de quintaux au titre de la campagne agricole 2022/2023.

 

Par A. Diouf

L’agriculture marocaine a réalisé de grands pas grâce au Plan Maroc Vert, qui est remplacé depuis début 2021 par le programme «Génération Green 2020- 2030». Toutefois, les efforts doivent être poursuivis pour assurer l’autosuffisance alimentaire du Royaume dans les principales filières agricoles, notamment dans les céréales et légumineuses, les oléagineux et le sucre. Dans les céréales, qui constituent un sérieux enjeu en termes de sécurité alimentaire, les prévisions de production au titre de la campagne agricole 2022/2023 sont loin des attentes. En effet, alors que la Loi de Finances 2023 table sur 75 millions de quintaux, on s’achemine plutôt vers une production de près de 55,1 millions de quintaux contre 34,0 millions de quintaux en 2021/22. 

Cette production est issue d’une superficie semée en céréales principales de 3,67 millions d’hectares contre 3,57 millions hectares en 2021/22, soit une hausse de 2,8%. Par espèce, la production de blé tendre atteint 29,8 millions de quintaux, le blé dur 11,8 millions de quintaux et l’orge 13,5 millions de quintaux. Si la production en 2022/2023 enregistre une hausse considérable de l’ordre de 62% par rapport à la campagne précédente, elle n’est cependant pas suffisante, puisqu’il faut en moyenne 4,5 millions de quintaux de blé par mois pour assurer la couverture des besoins alimentaires de la population marocaine. Or, l’actuelle campagne n’en offrirait que 41,6 millions de quintaux, soit près de 3,4 millions de quintaux par mois.

Autrement dit, pour satisfaire cette demande, le Royaume devra à nouveau se tourner vers l’importation de blé dans un marché mondial qui connaît certes un peu de détente, mais qui demeure quand même soumis à de fortes incertitudes. Des importations, il en faudra aussi pour combler les productions de deux autres filières agricoles également très stratégiques pour le Royaume : il s’agit notamment de celles des oléagineux et du sucre.

 

Production très insuffisantes en huiles alimentaires

La très jeune filière des oléagineux a certes fait d’importants bonds en avant grâce au Plan Maroc Vert (la production de colza a été multipliée par 15 et celle de tournesol de 67%.), mais ces efforts n’ont permis de couvrir que 2% des besoins de consommation du marché national, qui s’élèvent en moyenne à 1.080.000 tonnes pour les tourteaux et à 756.000 tonnes d’huiles de graine. En d’autres termes, le Royaume est très fortement dépendant de l’extérieur pour satisfaire ses besoins en huiles alimentaires.

Par ailleurs, selon les chiffres de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), les cours du soja sont globalement en baisse : ils s’établissent à 651 dollars la tonne en moyenne en février, en hausse de 4% sur un mois, ramenant leur baisse à 12% depuis leur record de juin 2022 et à 2% en glissement annuel.

S’agissant du sucre, le Maroc parvient à couvrir 50% de ses besoins de consommation grâce à la montée en charge des productions de betteraves et de cannes à sucre. En 2020, la betterave a enregistré un rendement de 11,4 tonnes de sucre/ha, tandis que la canne à sucre a pu réaliser 8,8 tonnes de sucre/ha. Sur le plan industriel, le secteur sucrier dispose d’une capacité de production de 2 millions de tonnes de sucre blanc par an. La capacité de traitement s’élève pour sa part à 5 millions de tonnes par an (de plantes sucrières).

Le Maroc devra donc importer pour combler le déficit d’offre sur le marché local, dans un contexte marqué par une «offre sucrière momentanément serrée, avant l’arrivée d’une grosse récolte au Brésil en avril». Les cours du sucre brut se sont établis à 446 dollars la tonne en février, marquant une hausse de 7% sur un mois, de 15% depuis leur creux d’octobre et de 13% en glissement annuel, fait savoir la DEPF, précisant que «les prix sucriers ont atteint un sommet de six ans de 457 dollars la tonne le 10 mars, avant de reculer à 443 dollars la tonne la mi-mars, marquant des gains de 7% depuis début 2023 et de 9% sur un an». 

 

 

 

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