Matières premières: poursuite de la détente sur les prix

Matières premières: poursuite de la détente sur les prix

Les plus grands bénéficiaires de la baisse des prix des matières premières sont les métallurgistes/sidérurgistes.

Sur trois mois, leur indice des prix à la production a enregistré une baisse cumulée de 5,3%.

 

Par A. Diouf

L’étau continue à se desserrer sur les prix des matières premières. Le haut-commissariat au Plan (HCP) révèle, en effet, que depuis octobre dernier, l’indice des prix à la production du secteur des «Industries manufacturières  hors raffinage de pétrole» (IPPIEM) est en baisse continue. Après un timide recul de 0,1% au cours du mois de septembre par rapport à octobre, l’IPPIEM a ainsi baissé de 0,2% entre octobre et novembre, avant de chuter de 0,8% entre les deux derniers mois de l’année écoulée. Ces baisses successives et ininterrompues de l’IPPIEM durant le quatrième et dernier trimestre 2022 indiquent que les industriels ne subissent plus aussi fortement qu’avant la pression sur les prix des intrants dont ils ont besoin pour fabriquer leurs produits.

 

Les métallurgistes grands bénéficiaires

Par secteur, les plus grands bénéficiaires de cette décélération des prix des matières premières sont les métallurgistes. Ces derniers ont enregistré une baisse cumulée de 5,3% sur les prix de leurs intrants durant le quatrième trimestre 2022, et une hausse de 4,5% de leur taux d’utilisation des capacités de production (TUC). Selon un professionnel du secteur, qui a requis l’anonymat, «la baisse des prix des intrants dans la métallurgie/sidérurgie a, en réalité, commencé depuis juin 2022». Lors du sixième mois de l’année écoulée, l’indice des prix à la production du secteur a affiché une régression notable de 2,3%, par rapport au mois de mai. Il s’agissait de la plus forte baisse enregistrée sur cette période dans l’industrie, tous secteurs confondus. Ensuite, la détente sur les prix à la production s’est poursuivie avec une baisse de 0,8% en juillet, 2,3% en août et 0,3% en septembre.

«Une situation rendue possible grâce à la reprise des activités de la grande usine ukrainienne d’ArcelorMittal. C’est cette grande unité industrielle qui, en redémarrant doucement ses activités en avril dernier, a rallumé la flamme de l’optimisme chez les industriels de beaucoup de pays, dont ceux du Maroc», renseigne notre interlocuteur. En effet, depuis cette date, les sidérurgistes marocains et turcs, qui avaient vu leurs commandes de billettes annulées à partir de l’Ukraine au début de la guerre, étaient à nouveau régulièrement approvisionnés. Par ailleurs, les industriels marocains qui n’avaient pas constitué suffisamment de stock de ferraille, n’avaient plus besoin d’importer cette matière devenue abondante et bon marché dans le Royaume.

 

Les professionnels de la chimie plombés par crise persistante dans la construction

Juste derrière les métallurgistes, les seconds plus grands bénéficiaires de la détente sur les prix des matières premières durant le dernier trimestre 2022 sont les professionnels de l’industrie chimique. Sur trois mois, leur indice des prix à la production a cumulé un recul de 4,2%. Pas mal. «Mais, cela n’a pas suffi pour relancer le secteur, dont les principaux clients sont dans le secteur de la construction, encore sous l’emprise de la crise», est-il expliqué. En effet, la croissance de la valeur ajoutée du secteur de la construction a notablement ralenti au titre des neuf premiers mois de 2022, avec une croissance de 0,3%, après une hausse exceptionnelle de 12,3% à fin septembre 2021. Cette évolution incorpore une augmentation de 1,8% au T1-2022 et de 1,7% au T2-2022, atténuée par un retrait de 2,5% au T3-2022, sous l’impact du contexte international peu favorable pour le secteur.

Comparée à la même période d’avant la crise (fin septembre 2019), la valeur ajoutée du secteur s’est accrue, en moyenne, de 5,3% à fin septembre 2022, recouvrant des hausses de 10,6% au T1- 2022, de 4,4% au T2-2022 et de 0,8% au T3-2022. Au quatrième trimestre 2022, le ralentissement de l’activité du secteur s’est poursuivi, avec le retrait des ventes de ciment de 17%, au lieu d’une hausse de 6,2% un an plus tôt. Au terme de l’année 2022, les ventes de ciment ont reculé de 10,6%, après +14,8% à fin 2021 et un retrait de 10,7% à fin 2020. Cette morosité du secteur de la construction a eu raison du TUC dans le secteur de la production, qui a baissé de 2 points au quatrième trimestre. Enfin, les troisièmes bénéficiaires de la détente sur les prix des matières premières durant les trois derniers mois de l’année écoulée sont les textiliens, entendez les fabricants d’intrants pour les industries de l’habillement. Ces derniers ont vu leur indice des prix à la production enregistrer une baisse cumulée de 0,4% entre octobre à décembre 2022. Un niveau apparemment suffisant qui a fait bondir leur TUC de 10% au quatrième trimestre. 

 

 

 

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