Taxe carbone : contrainte ou opportunité pour le Maroc ? C’est sous cette interrogation, qui en appelle plusieurs autres, que Finances News Hebdo (FNH) a organisé un Ftour-débat, jeudi dernier à Casablanca, en présence de plusieurs personnalités des secteurs public et privé, dont Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce, Ahmed Rahhou, président du Conseil de la concurrence, ou encre Said Mouline, Directeur général de l’Agence marocaine pour l’efficacité énergétique (AMEE). Dès l’ouverture, le ton a été donné par Fatim-Zahra Ouriaghli, directrice de publication de FNH, dans son mot de bienvenue : «nous sommes ravis de vous accueillir pour débattre de la décarbonation, un sujet qui ne laisse pas indifférents les pouvoirs publics, encore moins les professionnels des secteurs concernés par les nouvelles mesures de l’Union européenne, notamment le Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières».
Dès lors, «quel rôle jouent les pouvoirs publics pour accompagner les entreprises exportatrices afin de faire face à cette règlementation ? Comment décarboner le secteur industriel ? Cette règlementation est-elle une contrainte ou une opportunité pour les entreprises marocaines ? Beaucoup de questions ce soir, mais également beaucoup de réponses vont ponctuer notre rencontre grâce aux éminents intervenants présents sur ce plateau», a-t-elle ajouté. Et de planter ainsi le décor d’une soirée d’analyse SWOT de la décarbonation dans le Royaume, modérée d’une main de maitre par Mohammed Fikrat, président de l'AZIAN.
Prenant la parole, Ryad Mezzour a, quant à lui, commencé son intervention par une série de questions. «Lorsqu’on pense à la taxe carbone, la question suivante se pose systématiquement à nous : à quelle sauce allons-nous être mangés» ?, s’est-il interrogé. Pour le savoir, il faut trouver les réponses à d’autres questions. Notamment, «quels sont les enjeux de cette taxe ? Quelle est son importance ? Quel impact produit-elle sur l’économie ? Quid de l’emploi ?».
Fidèle à son optimisme, Mezzour relève que «cette taxe est prometteuse à tous les niveaux, notamment en termes de création d’emplois. Mais également c’est une opportunité pour renforcer la compétitivité et le budget de l’Etat et faire du Royaume une destination de production industrielle neutre en carbone». Et d’ajouter que «cette taxe pourrait aussi être une opportunité pour renforcer la compétitivité du ‘Made in Morocco’», tout en rappelant aux industriels et aux acteurs publics présents que «nous avons une responsabilité aujourd’hui sur laquelle nous devons tous travailler : c’est celle de la souveraineté industrielle qui se doit d’être érigée au rang de priorité nationale».
Plusieurs opportunités…
Pour sa part, Saïd Mouline a d’abord rappelé que «décarboner, c’est parvenir à réduire tous les intrants qui sont liés à la production industrielle et recycler ceux qui sont utilisés». Ensuite, il a indiqué qu’«aujourd’hui, tous les grands industriels (mines, ONCF, sidérurgie, ciment, etc.) utilisent les énergies renouvelables». Et que «c’est une opportunité non seulement pour l’industrie, mais aussi pour l’ensemble de notre pays. Le Maroc se doit de devenir un pays importateur de matière grise et exportateur d’énergie verte. Nous avons tout en main pour devenir encore plus compétitifs à ce niveau sur le plan international». Même son de cloche pour Réda Hamdoune, président de la Commission développement durable de la CGEM, pour qui «le développement durable n’est plus une chimère. Il nous permettra de poser le socle d’un avenir vert pour les générations futures».
Hassan Sentissi El Idrissi, président de l’ASMEX, a avancé, de son côté, que «la taxe carbone concerne avant et après tout l’export. L’introduction d’une taxe carbone est un atout considérable pour le Maroc, puisqu’elle offrira une ouverture de choix pour les entreprises du Royaume qui pourront compétir sereinement en Europe où, désormais, une sorte de «pass vert» est exigé pour les produits non européens».
Dans la même veine, Omar Sajid, viceprésident de l’AMITH, souligne que «le secteur du textile doit continuer à créer de la valeur. La taxe carbone est une démarche supplémentaire dans cette dynamique». Pour sa part, Omar Alaoui Mhamdi, Directeur général adjoint de TAQA Maroc, précise que «même si le prix du CO2 par kilowatt/heure fixé dans le cadre de la taxe carbone peut paraitre élevé, le Royaume possède différents atouts qui lui permettront de transformer toutes les contraintes en opportunités. Nous avons une irradiation solaire de très haut niveau, un éolien offshore et onshore de qualité, ainsi que d’immenses atouts et compétences dans le domaine des énergies renouvelables».
Ismail Akalay, le Directeur général de Sonasid, est lui déjà prêt avant même l’entrée en vigueur de cette taxe carbone. «Sonasid exporte aujourd’hui vers l’Europe. Nous fournissons par exemple la fibre d’acier destinée à la construction du métro de Paris, de même que nous exportons nos produits vers le Canada et vers d’autres pays. Nous avons également monté un centre de recherche à Jorf Lasfar, destiné au développement de nouveaux produits, mais aussi à l’élaboration de solutions idoines en matière de raccordement et d’utilisation de l’énergie verte», a-t-il révélé.
Abdelilah Chouar, président du Comité développement durable au sein de l’Association professionnelle des cimentiers (APC), a appris à l’assistance que «bien qu’ils soient nommément cités parmi les secteurs concernés, les cimentiers marocains ne se sentent pas directement interpellés par le MACF, puisqu’ils sont pratiquement tous filiales de multinationales installées en Europe et qu’aucun d’eux n’exporte vers le Vieux continent. Ceci étant, le secteur du ciment est très énergivore. C’est également un gros émetteur de CO2, et tout cela exige donc, de sa part, de fournir davantage d’efforts pour instaurer une neutralité carbone au sein de son activité».
Décarbonation : Ce qui est attendu du secteur de l’industrie
En juin 2021, le Maroc a revu ses ambitions climatiques à la hausse. Sa contribution déterminée au niveau national (CDN) est ainsi passée de 42 à 45,5% à l’horizon 2030. C’est-à-dire que d’ici cette échéance, le Royaume s’engage à baisser ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 45,5%. Pour ce faire, le Maroc s’est doté d’un Plan national climat (PCN-2030) où le secteur de l’industrie devra contribuer en baissant ses émissions de GES de 28,6% à l’horizon 2030. Dans ce secteur, qui représente 17% de la consommation énergétique nationale, l’Etat prévoit d’activer 15 projets. Parmi eux, on peut citer la réduction de la consommation énergétique du secteur industriel de 17% à l’horizon 2030 à travers l’application du programme d’efficacité énergétique, la mise en place des normes minimales de performance énergétique (NMPE) pour les moteurs électriques supérieurs à 75 kW, l’importation du gaz de pétrole liquéfié pour en augmenter l’utilisation industrielle en remplacement du mazout pour améliorer le rendement et l’environnement local, l’inventaire, l'organisation et la valorisation de la filière biomasse pour l’utilisation industrielle en substitution du mazout, et l’installation de centrales solaires photovoltaïques sur les toitures des sites industriels d’une capacité totale de 1.500 MW en mode autoconsommation, en attendant l’autorisation d’injection du courant sur le réseau moyenne tension. De même, l’OCP et les cimentiers, qui viennent d’être intégrés dans la CDN révisée du Royaume, vont apporter une grande contribution pour baisser les émissions de GES dans l’industrie. En effet, ces deux sous-secteurs industriels devraient contribuer à hauteur de 50% à la baisse des émissions de l’industrie. Comment ? Les cimentiers vont remplacer les combustibles fossiles utilisés (coke de pétrole) par des pneus usés, des boues de STEP, des déchets ménagers (RDF) et des grignons d’olive. Ils substitueront aussi une partie du clinker par les cendres volantes dans un mélange permettant d’obtenir du ciment aux caractéristiques désirées et contribuer à la réduction des émissions de GES par la réduction de la production du clinker. Le Groupe OCP va construire des centrales thermiques et des systèmes de récupération de chaleur, multiplier les fermes solaires, remplacer le fioul n°2 actuellement utilisé pour le séchage du phosphate par de l’énergie solaire, et faire du captage et valorisation du CO2 des cheminées phosphoriques
En tous cas, pour Hicham Seffa, président du Directoire de la BMCI, «la taxe carbone contribuera fortement à l’accélération et à l’émergence d’une industrie nationale verte et décarbonée. Inspironsnous de l’équipe marocaine du football qui a travaillé avec audace pour réaliser de grandes choses. Nous en sommes capables, il faut juste y croire et adopter la ‘niya’». Pour Ahmed Rahhou, président du Conseil de la concurrence, qui a prononcé le mot de clôture du Ftourdébat, «le Maroc a toujours agi dans le sillage d’une vision claire portée dans le développement durable par Sa Majesté en personne. Grâce à une telle vision, le Royaume ne doit jamais vivre sa transition énergétique et écologique comme une contrainte, mais plutôt comme une opportunité de choix».
… mais également quelques contraintes
Pour ce faire, il faut surmonter quelques contraintes. En plus du coût élevé des facteurs de production comme l’énergie et le transport, Mezzour en a identifié trois. La première contrainte consiste à comprendre, d’abord, ce qui se passe : «les donneurs d’ordre, les clients, les financeurs, tous sont désormais inscrits dans cette puissante dynamique de transformation. C’est d’ailleurs parce que le Maroc se transforme sans cesse qu’il est en train de gagner, massivement, de nouvelles parts de marché», a-t-il relevé. La seconde contrainte se trouve au niveau des «pouvoirs publics qui ont peur» ! «Nous sommes aujourd’hui radicalement en train de changer d’échelle, et cela a une facture psychologique et technique pour les pouvoirs publics. Très conservateurs, les pouvoirs publics commencent enfin aujourd’hui à formuler des propositions. Et c’est une excellente chose !», a-t-il précisé.
«La troisième contrainte est liée à notre manque d’ambition. Cette carence d’ambition est une maladie absolue qui nous gangrène. Avec toutes les cartes que nous avons aujourd’hui en main, nous n’avons plus le droit de ne pas croire en notre pays et de ne pas lui permettre de changer radicalement dans les cinq (5) prochaines années», a-t-il déclaré. Et de conclure que «notre pays est un véritable TGV qui est en train d’accomplir de nombreuses choses, et nous devons en être extrêmement fiers. Nous devons être ambitieux et croire profondément en notre capacité à changer».
Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce
La décarbonation a été décidée au Maroc, suite aux orientations royales, pour que la plateforme industrielle nationale en bénéficie. Elle est le fruit de la vision éclairée de notre pays qui a également lancé un programme de développement des énergies renouvelables. Nous avons les moyens pour être un pays pionnier dans ce domaine. L’événement d’aujourd’hui a montré que les opérateurs touchés par la décision européenne sur la taxe carbone sont prêts à exporter sans contrainte. Cette taxe leur donne plus de dynamique comparativement à leurs concurrents des autres pays. Elle montre également que la plateforme industrielle nationale est compétitive et a un grand attrait pour les investisseurs. A cet effet, nous travaillons pour la mise en œuvre du cadre législatif et réglementaire. Il faut noter que la taxe carbone a non seulement une valeur ajoutée pour le développement durable, mais aussi pour renforcer les capacités concurrentielles de l’industrie nationale.
Hicham Seffa, président du Directoire de la BMCI
BMCI est la banque verte par excellence . Au-delà de notre identité visuelle et notre logo, nous avons un comportement et un esprit responsables qui nous imposent plusieurs précautions. Aujourd’hui, nous nous sommes interdits d’accompagner les investissements dans plusieurs secteurs comme le tabac et de sortir progressivement d’autres secteurs d’activité, à l’image du charbon, ce qui fait de nous un acteur distingué au Maroc sur ce sujet . Et même avec ces contraintes, nous arrivons à générer de la croissance et du résultat. Aujourd’hui, l’audace doit venir de la part de tous les acteurs, y compris des banques, avec des propositions systématiques en matière d’alternatives de financement pour aller dans le vert. S’il y a beaucoup de projets et d’ambitions, cela va pousser les banques à créer des mécanismes pour y répondre, se financer via des Green bonds ou des montages financiers plus complexes. Dans un pays qui se projette à moyen long terme, il faut dire que la contrainte de la décarbonatation doit être adressée à court terme, notamment sur les mécanismes d’investissement et de mise à niveau qui s’imposent à tout le monde. La taxe carbone contribuera fortement à l’accélération et à l’émergence d’une industrie nationale verte et décarbonée. Le Maroc s’engage à montrer la voie en matière d’ambition climatique. Cette dynamique s’aligne parfaitement avec les orientations stratégiques fixées dans le cadre du nouveau modèle de développement du Maroc, qui vise à faire de l’énergie un levier d’attractivité et de développement. Inspirons-nous de l’équipe marocaine de football qui a travaillé avec audace pour réaliser de grandes choses. Nous en sommes capables, il faut juste y croire et adopter la ‘niya attitude’.
Said Mouline, DG de l’AMEE
La décarbonation est un sujet d’actualité. Notre pays a des atouts exceptionnels avec cette vision royale pour les énergies renouvelables entamée il y a 14 ans. De bons choix ont été faits permettant à notre pays d’être compétitif dans ce domaine. Nous avons la possibilité de décarboner non seulement pour éviter les émissions de gaz à effet de serre, mais surtout pour baisser la facture énergétique des industriels pour qu’ils soient plus compétitifs. C’est un volet économique et écologique, mais aussi géopolitique et de souveraineté énergétique; et c’est très important dans le contexte actuel. Nous avons tous les atouts pour relever ce défi. Au niveau financier, les banques suivent. Au niveau de l’Etat, des outils ont été mis en place pour accompagner les industriels afin qu’ils soient plus compétitifs et sautent le pas. Nous sommes dans un modèle économique, écologique et social, car le secteur est pourvoyeur d’emplois. Nous pouvons passer d’un pays qui importe de l’énergie grise à un pays qui exporte de l’énergie verte. Il faut que nos industriels profitent de ce potentiel dans le renouvelable. Il faut aussi que les dispositifs réglementaires suivent rapidement pour que nous arrivions à un schéma où tout le monde est gagnant.
Mohammed Fikrat, Président de l'AZIAN et Modérateur
Le panel de ce ftour-débat a regroupé des intervenants issus de plusieurs secteurs d’activité, dont l’industrie, les finances et l’export. Nous avons eu droit à des échanges riches et variés. La taxe carbone est plutôt une opportunité immense pour le Maroc. La contrainte serait de ne pas la révéler. Pour cela, nous avons besoin de beaucoup de courage et d’audace pour la faire révéler. Nous possédons toutes les cartes et tous les ingrédients pour le faire. Monsieur Ahmed Rahhou, président du Conseil de la concurrence, a donné une perspective plus large par rapport à l’international et aussi notre positionnement géopolitique. Il faut être conscient de cette opportunité. Le tissu économique national est caractérisé par la présence de grands acteurs qui peuvent jouer le rôle de locomotive. Il faut arriver à concrétiser une synergie forte entre le secteur public et privé sur la partie production ainsi qu’avec l’Etat qui fait montre d’une grande volonté pour aller de l’avant. Nous avons aussi la chance d’avoir la vision éclairée de SM le Roi, qui a été précurseur et un visionnaire en lançant le projet Nour. Outre le solaire, nous avons réalisé également de grands pas dans l’éolien et avons un positionnement plus que positif.
Reda Hamdoune, vice-président du Cluster Green H2 - Commission développement durable CGEM
Le CBAM européen (Carbon Border Adjustment Mechanism, ndlr) est, en réalité, une aubaine extraordinaire pour l’économie du pays, si nos industries y sont bien préparées. En effet, ce mécanisme ouvre des perspectives industrielles fortement créatrices d’emploi. Il y a aussi, la capacité à générer des électrons low cost et low carbone, c’est-à-dire des électrons verts et bon marché qui nous permettront d’attirer sur le territoire national des capacités manufacturières fortement consommatrices d’énergie ainsi que porteuses d’opportunités d’emploi dans notre pays.
Ahmed Rahhou, président du Conseil de la concurrence
La décarbonation n’est pas gratuite, elle coûte de l’argent. La taxe carbone est une contrainte . Il existe deux démarches dans ce domaine : l’une, protectrice et adoptée par les Européens, consiste à fermer des marchés et, l’autre, incitative, s’appuie sur les subventions, et est choisie par les Etats-Unis. Le Maroc est contraint par les deux démarches. Mais l’opportunité pour le Royaume, c’est qu’il est en voie d’être un producteur d’énergie pour les autres. Nous avons des champs solaires et des éoliennes qui sont parmi les meilleurs du monde. Il faut positionner notre stratégie énergétique nationale pour être un acteur majeur au niveau régional dans le domaine de la production de l’électricité propre. Le financement existe, mais le vrai enjeu est de chercher un mix plus pertinent comprenant le gaz et les énergies renouvelables. Il faut par ailleurs réduire la part du charbon et des autres énergies fossiles. Il faut aussi se préparer à la transition vers la voiture électrique et penser à développer l’hydrogène vert. Notre production d’électricité doit être multipliée par deux, voire trois ou quatre pour pouvoir exporter. C’est un travail qui implique les autorités publiques pour mettre en place le cadre réglementaire, ce qui a commencé il y a quelques années déjà, et aussi les acteurs du secteur privé.
Ismail Akalay, Directeur général de Sonasid
L’acier figure parmi les cinq produits concernés par la taxe carbone qui sera appliquée aux frontières de l’Union européenne. A ce jour, nous avons très peu exporté vers l'Europe. En revanche, avec les nouveaux produits que Sonasid est en train de développer, le marché européen est désormais important pour nous. Du coup, nous sommes aujourd'hui tout à fait prêts à pouvoir nous dispenser de cette taxe parce que nous produisons de l’acier à plus de 85% d’énergies renouvelables. De surcroît, une certification est en cours afin que nous puissions être, d’ici l’année prochaine, capables de présenter un certificat audité qui prouve que nous faisons une économie de carbone de 250.000 tonnes par an, ce qui va par conséquent nous permettre d’être exonérés de cette taxe.
Omar Alaoui M’hamdi, Directeur général adjoint de Taqa Morocco
La taxe carbone ne constitue aucunement une contrainte pour le Maroc. Le Royaume dispose d’atouts majeurs pour décarboner le mix énergétique. Taqa Morocco a récemment publié une stratégie de décarbonation, avec pour objectif de réduire son empreinte carbone de 25% à l’horizon 2030. Nous comptons y parvenir à travers l’investissement dans les énergies renouvelables. Et pour cela, nous avons un programme ambitieux de plus de 1.000 mégawatts installés dans le pays, car nous croyons en la capacité du Maroc, surtout qu’il a des atouts climatiques, mais également géographiques. En plus, nous sommes proches d’un marché majeur qui est l’Europe et sommes capables de devenir des exportateurs d’énergies décarbonées, ce qui va constituer une source de devises pour le Royaume.
Omar Sajid, vice-président de l’Association marocaine des industries du textile et de l'habillement
La taxe carbone est clairement une opportunité pour le secteur, parce qu'il s’agit d’une barrière non tarifaire qui mise sur notre principal marché, à savoir l’Union européenne. Vu la position géographique du Maroc, cette mesure ne peut être qu’une opportunité. Dans le secteur du textile, ce n’est plus un luxe, tout le monde est en train de s’y inscrire. Actuellement, le ministère de tutelle ainsi que l’AMITH préparent la mise en œuvre des mécanismes pour sensibiliser ces industriels à aller de l’avant et saisir cette opportunité.
Hassan Sentissi El Idrissi, président de l’Asmex
La décarbonation est le nouveau défi de nos industries nationales. Le Maroc sera directement impliqué par ce nouveau mécanisme, d’autant que l’UE constitue le premier marché pour nos exportations, avec plus de 63% des échanges commerciaux. Cet enjeu est placé au cœur de la transition énergétique voulue par le Royaume. En outre, le nouveau modèle de développement l’a inscrit comme un levier important de croissance pour notre économie. Il faut ajouter d’autres facteurs déterminants dans la compétitivité, comme l’optimisation et la rationalisation des coûts énergétiques. Par ailleurs, notre pays offre un contexte favorable aux industriels pour réussir cette transition. Le Maroc a adopté en 2009, sous les hautes orientations royales, une stratégie énergétique basée essentiellement sur les énergies renouvelables, le développement de l’efficacité énergétique et le renforcement de l’intégration régionale. La clé de réussite réside dans le niveau d’engagement et de prise de conscience des pouvoirs publics et des exportateurs, qui auront beaucoup à gagner après la mise en œuvre de cette taxe. La taxe carbone représente, à mon sens, une opportunité pour renforcer notre compétitivité et faire du Royaume une destination de production industrielle neutre en carbone. Voire même, devenir un acteur exportateur et pourvoyeur en énergies propres aux pays industrialisés. Bien au-delà des contraintes que cette taxe engendrerait pour notre industrie et pour nos exportations, elle pourrait aussi être une opportunité pour renforcer la compétitivité du «Made in Morocco» et l’accroissement de nos exportations.