Aïd Al-Adha 2023 sera célébré vraisemblablement le 22 ou le 23 juin prochain. Les préparatifs vont bon train chez les éleveurs qui ont déjà entamé les opérations d’engraissement des moutons et autres ruminants. L’événement de cette année est très particulier. En effet, le secteur continue d’être impacté par les effets de la sécheresse et le renchérissement des intrants. De nombreuses incertitudes planent concernant l’offre, et particulièrement les prix.

Parmi les éléments qui confortent le doute, figure la hausse record des viandes rouges qui a poussé le gouvernement à autoriser les importations de bovins pour équilibrer le marché. Les importations d’ovins ont été également évoquées, mais pour le moment, aucune opération n’a été annoncée. Pour les professionnels de l’activité, les avis sont partagés, mais ils convergent tous vers un seul point : le coût de production est jugé trop élevé comparativement aux saisons précédentes. Les éleveurs n’ont d’autre choix que d’augmenter les prix pour assurer une certaine marge.

«L’offre pour Aïd Al-Adha sera suffisante pour couvrir la demande. L’opération d’identification des ovins et des caprins destinés à l’immolation se présente sous de bons auspices. Le nombre de bêtes immatriculées pour le moment est supérieur à la saison précédente. Toutefois, il faut s’attendre à une hausse des prix qui devrait se situer entre 10 à 20%. Cette progression ne pourrait en aucun cas compenser les charges supportées, qui ont nettement augmenté dans une fourchette comprise entre 60 et 100% selon les produits. La hausse des intrants, surtout l’aliment de bétail, a commencé il y a quelques années et a été accentuée par la guerre en Ukraine, car beaucoup de produits sont importés. La marge des éleveurs sera impactée», souligne Mohamed Mejdoubi, président de l’Association nationale ovine et caprine (ANOC). Interrogés à ce sujet, de nombreux exploitants ont confirmé les difficultés rencontrées pour mener à bien l’exploitation d’ovins dédiés à Aïd Al-Adha.

«C’est une année compliquée qui se dessine. En effet, la plupart des éleveurs ont reconfiguré leur schéma d’exploitation  : soit en réduisant leur bétail ou en changeant le mode d’engraissement. Il faut noter que toutes les charges ont été revues à la hausse. Par exemple, les antenais coûtaient auparavant entre 1.200 DH/tête et 1.800 DH/tête. Actuellement, ils se négocient à plus de 2.200DH, pour atteindre 2.500 DH/tête. Tous les produits d’engraissement ont connu une flambée record : l’orge est à 5 DH/kg, le son à 3 DH/kg, l’aliment composé à 4,50 DH/kg et la botte de paille oscille entre 20 et 25 DH. Dans ces conditions, il faut s’attendre à une moyenne des prix dépassant 4.000 DH/ tête», souligne Redouane Haddaj, éleveur à la région de Benslimane.

En dépit d’un environnement inflationniste, la demande pour Aïd Al-Adha devrait être maintenue au même niveau que celui de l’année dernière, avec près de 5,1 millions de têtes, dont plus de 5 millions d’ovins et 500.000 caprins. Il faut noter aussi que la période de l’Aid coïncidera avec le démarrage du retour des MRE. Reste à signaler que le département de l’Agriculture devrait reconduire un plan national spécial de contrôle de la qualité de viandes et des fourrages ainsi qu’un programme de suivi continu de la situation de l'approvisionnement du marché en animaux destinés à l'abattage. Pour sa part, l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) devrait renforcer la surveillance par des contrôles de la qualité de l'eau d’abreuvement, des aliments de bétail et des médicaments utilisés par les fermes et les unités d'engraissement.