Entretien : «Il faut de nouvelles dispositions pour concrétiser l'insertion des personnes handicapées ou à mobilité réduite»

Entretien : «Il faut de nouvelles dispositions pour concrétiser l'insertion des personnes handicapées ou à mobilité réduite»

altLa loi 7-92 relative à la protection sociale des personnes handicapées est inefficace, puisque rares sont les entreprises qui s’acquittent de l’obligation de non-discrimination basée sur le handicap. 

 

Conséquences, le taux de chômage est cinq fois plus élevé chez les personnes en situation de handicap. Soukaina Elouardi, responsable communication de l’Association Espoir Maroc, revient sur les objectifs de l’organisation du Forum de l’emploi des personnes handicapées au Maroc, une première du genre, le 28 avril prochain à Rabat.

 

Finances News Hebdo : Quelle appréciation faites-vous de l’application de l’article 17 de la loi 7-92 relative à la protection sociale des personnes handicapées ?

Soukaina Elouardi :  Dans l’article 17, la loi stipule que le handicap ne peut être la cause de privation d’obtention d’un emploi dans le secteur public ou privé, mais rares sont les entreprises qui respectent ce principe d’égalité, et qui s’acquittent de l’obligation de non-discrimination basée sur le handicap. En effet, l’article traite également le volet de la prévention et explique les mesures qui peuvent découler de cette prévention, mais omet de déterminer les organismes responsables de l’application de la stratégie de prévention du handicap et les obligations de l’Etat en la matière. Plusieurs entreprises aujourd'hui ne sont pas dans l’obligation de faire des aménagements raisonnables dédiés à l’emploi pour cette catégorie. Dans ce sens, il faut renfoncer cet article par de nouvelles dispositions pour accompagner d'une manière concrète l'insertion des personnes handicapées ou à mobilité réduite. 

 

F.N.H. : Un rapport du CESE faisait état d’un taux de chômages des personnes handicapées cinq fois supérieur à la moyenne nationale. Dans ce sens quel lobbying exerce Espoir Maroc en tant qu’association pour changer la donne ? 

S. E. : Nous ne sommes qu'un acteur parmi d'autres pour favoriser davantage l'insertion et faire évoluer d'une manière plus globale les droits des personnes en situation d’handicap au Maroc.

Nous avons plusieurs partenariats avec plusieurs organismes internationaux, notamment l'ADPAT en France, pour pouvoir sensibiliser davantage les instances nationales, des pouvoirs publics et des grands groupes sur les sujets relatifs à l’handicap en entreprises. 

Dans la mesure du possible, nous cherchons à agir ensemble et fédérer plusieurs partenaires pour mener une action coordonnée sur des questions clés telles que le recrutement des personnes en situation d’handicap au Maroc. 

 

F.N.H. : Dans ce même ordre d’idées, quels sont les objectifs de l’organisation du Forum de l’emploi des personnes handicapées au Maroc, une première du genre, le 28 avril prochain à Rabat ? 

S. E. : La rencontre avec les entreprises est le principal objectif du forum afin de faciliter la prise de contacts et d’échanges entre les demandeurs d'emploi et les entreprises qui recrutent, parmi lesquelles des entreprises publiques mais aussi des acteurs du privé représentants différents secteurs. Ces entreprises proposent des postes et des offres d'emploi à tous les niveaux dans de nombreux domaines en faveur de cette population.

Le forum est également l’occasion pour les demandeurs d’emploi de rencontrer plusieurs coachs et formateurs sur les questions liées à l'insertion, rédaction de CV, simulation d’entretien, information, orientation mais aussi guider les candidats dans leur recherche de l'information ou d’emploi.

Préparer les personnes à l’emploi par le biais d’ateliers de coaching est justement prévu lors de ce forum.

 

F.N.H. : Quels sont vos principaux partenaires dans cette édition, et surtout, quelles seront les entreprises présentes qui ont témoigné de leur intérêt pour l’événement ? 

S. E. : Nous avons plusieurs partenaires internationaux tels ADAPT en France, Handicap International, le ministère de l'Emploi et d'autres partenariats en cours avec des acteurs de taille tels que NOD (National Organisation for Disability) aux Etats-Unis. 

 

F.N.H. : Aujourd’hui qu’est-ce qui entrave réellement l’insertion professionnelle des personnes handicapées ? Ce frein existe-t-il uniquement à l’emploi ou en amont dans la formation ? 

S. E. : De nos jours, dans plusieurs entreprises, il existe des obstacles persistants au recrutement et à l’embauche de personnes handicapées. Souvent, ces obstacles sont fondés sur des stéréotypes négatifs et non-fondés sur les personnes handicapées dans le milieu du travail. Ce qui induit à des déclarations d'intention de la part de ces entreprises qu’à de réelles actions d’embauche.

S’ajoute à ces obstacles, le manque de qualification de certains travailleurs handicapés qui constitue en effet un véritable frein à l’emploi. A cause du système scolaire inadapté aux troubles spécifiques des personnes handicapées, certaines se trouvent exclues du système de formation professionnelle et se contentent des formations basiques.

De ce fait, ceux qui ont atteint un haut niveau de qualification et de compétences sont soit des personnes ayant subi un accident dans leur vie après avoir terminé leurs études ou ayant déjà intégré le monde du travail, soit ont pu surmonter une maladie acquise peu contraignante.

 

Pour conclure, nous devons travailler ensemble pour favoriser davantage l'insertion des personnes handicapées au Maroc et nous saluons par cette intervention le partenariat établi avec votre support, Finances News Hebdo, médiatique pour la promotion de cette initiative citoyenne. 

 

Propos recueillis par I. Bouhrara 

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