Passion de l’art, l’art de la passion…Hind Benjilany est de l’une et de l’autre une ardente esclave.
L’art est transmissible par initiation sous la férule des gourous. Mais la plus sûre voie pour en percer les arcanes est d’y être né. On peut énumérer jusqu’à satiété les artistes qui sont tombés dès leur naissance dans la marmite de l’art. Ceux qui n’ont pas droit à la potion magique attrapent le virus par des chemins de traverse, parfois impénétrables.
Hind Benjilany a été nourrie au lait de l’art. Digne fille de son père, feu Hamid Benjilany, elle se consacre à la peinture dès son jeune âge. Et depuis lors, elle ne quitte plus son cocon, refuge et échappatoire : son atelier familial, situé au complexe des potiers, Oualja, à Salé.
Son thème de prédilection, c’est la femme. Celle-ci rôde, flâne quasiment dans toutes ses œuvres. Elle ne cesse de la représenter sous différents angles et facettes. Toujours en mascotte bellissime, angélique, tantôt dodue mais toujours pétrie de sentiments élevés.
Un physique à la Hind Benjilany, cette séduction qui n’est pas la beauté mais quelque chose comme une présence totale et enfoui. Une femme à distance. Certes, la poupée de l’artiste témoigne d’une grande sensibilité à la contingence, consubstantielle à ses sensations, et d’un rapport au monde caractérisé par l’étrangeté.
Les silhouettes semblent sans arrêt se demander comment elles ont atterries là, et ce qu’elles y font, avant de se conformer à la bizarrerie de la situation.
Quels que soient le support, matériau ou dimension, Hind Benjilany s’évertue à extérioriser son état d’âme, son ressenti…à coup de pinceau. L’art pour elle est une forme d’expression à travers laquelle elle dévoile son vécu, arbore ses afflictions et manifeste sa gaieté. D’autant que les formes qu’elle étale sur toiles, lui ressemblent.
Par R.K.H