L’une des rares bonnes nouvelles du confinement : un EP brut et poignant pour une virée haletante.
Guedra Guedra كدرة كدرة, Abdellah M. Hassak de son vrai nom, cria à qui veut l’entendre (ce qui fait pas mal de monde) tout le bien qu’il pense de «Son of Sun », un disque tombé de nulle part. Et dans lequel s’incarne-t-il dans une musique trans-stylistique, mémoire de l’âme africaine. C’est ce qui se fait de mieux en matière d’un métissage heureux et élégant. Très abouti de musique électronique, saupoudré de folklore marocain, et au brin arty.
«Uggug » débutant avec un chœur féminin cristallin et des percussions bruyantes, avant d’exploser dans une frénésie de mélodies et de basses aptes à faire trembler les murs, se veut un son de pur spiritisme. Un titre d’une beauté limpide, presque trop joli par moments, traversé de réminiscences et d’effluves berbères. Le vocabulaire rythmique d’Ahouach, très présent, fondu avec d’autre influences glanées, peut-être au gré des voyages et des rencontres.
Tout au long de l’EP, se manifeste un contraste avec des passages à la fois violents et paisibles, dynamiques et entraînants comme sur « Anlo Kinka ». Guedra Guedra explore un large panel nuancé de genres et de rythmes, allant des notes de baile funk, au flavored footwork de Chicago, en passant par des rythmes juke – ghetto house- ou encore par la trap-tinged.
Guedra Guedra كدرة كدرة a créé un monde unique où la musique populaire folklorique marocaine se fond, se confond dans une parfaite harmonie avec la Dancehall. En résultant des titres percutants d’une beauté sans frontières et d’une qualité d’émotion arachnéenne. Et là, l’artiste débobine des beats qui ne tiennent pas en place, se nourrissant d’une énergie chaotique d’un fond lourd. Tendu, mais étonnamment confortable, comme une transe bruyante où l’on vient se noyer.
* La COVID-19 a affecté la communauté des créateurs du monde entier. Affichez votre soutien pour Guedra Guedra كدرة كدرة : https://guedraguedra.bandcamp.com/
Par R.K.H