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Un jour, une œuvre : Quand les déchets se vêtent de poésie

Un jour, une œuvre : Quand les déchets se vêtent de poésie

Soukaina a à peine 33 ans, et déjà un parcours aussi touffu que sinueux. Des études BA en Design de Textile du Central Saint Martin College of Art and Design et un Master en Design, Craftsmanship and Entrepreneurship de Northumbria University qui la font bâiller d’ennui, suivis d’un séjour fructueux à Londres où elle étudie, enseigne et participe à de nombreuses manifestations artistiques, séminaires et symposiums. 

Pablo Picasso s’adonnait à la sculpture et reliefs en assemblage ; Kurt Schwitters à l’utilisation de déchets tels que vieux tickets, fil de fer, boutons, etc. Tony Cragg, vers la fin des années 1980 et le début des années 1990, commence à collectionner et présenter des objets que le monde industriel rejette selon leur taille ou leur matériau et selon leur couleur. Tim Noble et Sue Webster, font émerger de leurs tas de déchets des silhouettes figuratives en ombres portées.

Chez Mary Ellen Croteau, les bouchons de bouteille sont utilisés comme les touches des impressionnistes ou les pixels des images numériques. Enrica Borghi présente des robes en bouteilles de plastique, Imanol Ossa, designer espagnol, récupère des déchets pour créer des lampes au design original, Artur Bordalo, street artist portugais, crée des sculptures monumentales avec des matériaux de récupération…Voici  un échantillon d’artistes faisant leur Art à partir du recyclage.

S'inscrivant dans la démarche des artistes de l’upcycling (fait de recycler, de revaloriser, de donner une seconde vie aux objets, aux déchets), Soukaina Aziz El Idrissi façonne, elle aussi, des œuvres à partir des déchets plastiques qu’elle réassemble et intègre, s’appuyant sur une gamme chromatique fascinante, à des installations qui font réfléchir. 

Le tissage qui mêle à une expression résolument moderne la force d’un savoir-faire ancestral dans une même fête sensuelle et cognante. Des couleurs brutes qui magnétisent le regard, des formes en reliefs qui débrident l’imagination et une puissance magique dont il est difficile de se déprendre.

Plusieurs boursiers d'Africa Art Lines ont vu leurs projets de voyage reportés à une date ultérieure, jusqu’à la fin de la crise sanitaire et du confinement mondial. Certes, à l’exception de Soukaïna Aziz El Idrissi. Actuellement, l'artiste est confinée, en résidence artistique, à la Nirox Foundation en Afrique du Sud.

Avec beaucoup d'humour elle apporte à son boursier, Afrikayna (Association marocaine pour l’échange interculturel, le développement et la coopération en Afrique) : «grâce et non à cause du virus Corona, je me retrouve seule en résidence dans un site protégé par l'UNESCO considéré comme le berceau de l'humanité. Je passe beaucoup de temps dans la nature, j'ai vu des zèbres et des gnous en liberté et espère que la pluie s'arrête pour avoir une chance de croiser des girafes. En attendant, je crée, je ramasse du bois et tente avec plus ou moins de succès d'explorer de nouvelles techniques, je dessine beaucoup, et je parle aux insectes et aux singes. Ici, ce sont les premiers jours d'automne et je me sens chanceuse de vivre ce confinement pendant ma saison favorite, que je revis une deuxième fois en un an».

 

Par R.K.H

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