On ne change rien à ce que nous avions écrit en 2021 sur Houda Abouz (alias Khtek) : moyennant mots qui blessent, formules qui font mouche, Khtek dénonce le sexisme et plaide pour l’émancipation des femmes. Mais attention ! Esprits sensibles et chagrins s’abstenir. Elle parle cru, parfois très cru, et d’une façon hermétique pour la vieille génération. Inutile de s’en offusquer.
Elle fait partie de cette attachante pléiade d’invité.e.s du Tremplin L'Boulevard 2022.
Propos recueillis par R. K. H.
Finances News Hebdo : Allez, on essaie d'intellectualiser ton pseudo qu’est Khtek. C’est provocateur, n’estce pas ?
Khtek : C’est provocateur, la vérité. Voilà, il ne faut pas se voiler la face. J’empoisonnais la vie des gens par mes diableries, voire mes provocations. Et, inconsciemment, c’est un combat féministe. Il fut un temps où lorsqu’on disait à une personne «Khtek», il se sentait atteint, mais plus maintenant du moment qu’il y a une rappeuse se nommant ainsi. Donc, est-ce qu'il y a un impact ? Oui !! Est-ce un combat féministe ? Oui… Mais c’est plus pour la provocation, le jeu de mots, etc. C’est quelque chose de fun et ça colle à l’esprit.
F.N.H. : Contrairement à la scène électro où la femme a pris le devant, en rap elle reste encore timide.
Khtek : C’est difficile pour une femme de rapper. Pis encore, c’est difficile qu’on l’accepte en tant que telle. C'est pourquoi il n’y a pas beaucoup de rappeuses au Maroc, d’autant plus qu’il y a de la confrontation, du beef, la rue… Donc, ce n’est pas aussi simple pour une femme de rapper.
F.N.H. : Est-ce difficile de se faire une place parmi les rappeurs ?
Khtek : Il existe des difficultés, mais par rapport au public. Je ne parle pas bien sûr du grand public; je pointe là du doigt les feedback sur Internet. Cela peut être très toxique. Les gens projettent sur moi comme ils le font sur d’autres : des commentaires sur ton look, ton corps… On ne critique jamais le produit.
F.N.H. : Comment la nouvelle génération regarde-t-elle l'ancienne ?
Khtek : On les respecte, c’est clair. Mais, est-ce qu’il y a des critiques ? Oui, il y en a bien sûr. Car, on est hyper différent. Et la preuve, c’est comment le rap made in Morocco s’est médiatisé, et a pu se transporter sous d'autres cieux. La clé ? C’est que les rappeurs de la nouvelle génération ont collaboré entre eux. Il y a de la compétition, mais pas trop d’égoïsme. Qui plus est, on est arrivé avec un certain bagage culturel et des aspirations peut-être plus grandes que les générations précédentes.