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Pr Didier Raoult, génie ou charlatan, nous invite à garder raison

Pr Didier Raoult, génie ou charlatan, nous invite à garder raison

Dans son dernier livre «Epidémies : vrais dangers et fausses alertes», le très médiatique et clivant Pr Raoult, passe en revue de nombreuses épidémies, dont celle du coronavirus, et remet quelques pendules à l'heure.

Il est le médecin le plus célèbre de France en ces temps-ci. Celui qui pourrait nous laisser voir une sortie de crise dans l'épidémie de Covid-19, si son traitement à base de chloroquine parvenait à guérir les malades. Les jours et les semaines qui viennent trancheront, mais en attendant le professeur marseillais livre sa vision des maladies infectieuses et notre façon de les appréhender.

En effet, le professeur Raoult est partout. Dans son hôpital, à la télévision, avec le président de la République et même... dans les listes de best-sellers ! «Epidémies : vrais dangers et fausses alertes», est le cinquième ouvrage publié par Didier Raoult aux éditions Michel Lafon. Un livre qu'il dit avoir écrit parce qu’il n’avait plus envie d’aller sur les plateaux télé, qui ressemblent aux micros-trottoirs et aux cafés du Commerce. Ainsi, «cet événement aura confirmé pour (lui) qu’il y a plus de vérités dans les réseaux sociaux et que la labellisation 'fake news' est parfois l’arme désespérée de certains médias pour continuer à exister».

De la grippe aviaire au Covid-19, en passant par Anthrax, chikungunya, Ebola, H1N1, ou encore Zika, «pour toutes ces maladies des modèles mathématiques et des prédictions ont été réalisés, qui annonçaient la mort de millions de personnes. Il n’en a rien été, en dehors de l’épidémie de grippe qui a tué comme une grippe ordinaire», souligne Pr Didier Raoult.
Dans son dernier livre, Didier Raoult, directeur de l'institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection à Marseille, revient sur les dernières crises sanitaires que le monde a connues. Sont ainsi évoqués le virus Ebola, la grippe HIN1, le Sras, mais aussi la canicule de 2003. Et, bien entendu, il y évoque le nouveau coronavirus, dont la description a entraîné une frénésie, «une hystérie mondiale», selon lui.

«Les coronavirus (du latin corona) sont une très large famille de virus qui doivent leur nom au fait qu’ils semblent dotés d’une couronne. Ce sont des virus très répandus qui atteignent aussi bien les oiseaux que les mammifères, et certains d’entre eux ont une transmission interhumaine. Ces derniers sont fréquents, tuent de temps en temps, mais sont complètement ignorés de la presse et de la plupart des autorités sanitaires du monde. Ce qui est vraiment étrange, car les coronavirus constituent la troisième cause d’infection respiratoire virale», peut-on y lire.

Plus loin un peu : « la description de ce nouveau virus par la Chine a entraîné, comme on le sait, une hystérie mondiale en dépit du fait que très rapidement on ait identifié que la mortalité était moindre que celle annoncée au départ. Elle rejoindra probablement la mortalité de la grippe, qui est aux alentours de 0,1% ».

Il rappelle que le mode de transmission soulève de nombreuses ambiguïtés. «Parmi les causes de transmission, il y a celle entre les êtres humains, mais tous les humains ne transmettent pas la maladie de la même manière. Il faut toujours avoir à l’esprit que les maladies infectieuses sont des maladies d’écosystème. La vision pasteurienne - un microbe, un homme, point final - comme celle de Koch, sont des notions intéressantes mais elles datent du 19e siècle, elles n’expliquent qu’une petite partie des choses (…) on ne peut pas étendre l’épidémiologie de ce que l’on voit dans un endroit au reste du monde».

«Quand l’informateur multiplie par 20 un risque de mortalité et divise par 100 un autre risque, nous ne sommes plus dans une exagération, nous sommes dans un autre monde. Et c’est actuellement ce qui se passe». Spécialiste des microbes, Didier Raoult veut nous ramener à la réalité.

Les propos sur l'épidémie actuelle détonnent quand il prévoit qu'en Chine sa mortalité rejoindra probablement celle de la grippe, continuant à relativiser une menace qu'il avait totalement négligée en janvier dernier en déclarant qu'il ne se sentait en France «pas tellement concerné», gardant à l'esprit que «les maladies infectieuses sont des maladies d'écosystème» et doutant donc d'une reproductibilité aujourd'hui pourtant manifeste. Il salue toutefois la vitesse de réaction chinoise, «en particulier dans son évaluation des molécules anti-infectieuses» ayant rapidement permis de montrer l'utilité de la chloroquine qui pourrait faire du Covid-19 «une des infections respiratoires les plus simples à prévenir et à traiter».

Didier Raoult continue d'alimenter la polémique en qualifiant d’«hystérie mondiale» les réactions à cette pandémie, comme si elle n'était qu'une fausse menace à l'instar des crises précédentes. Il fustige l'incompétence de l'OMS et n'hésite pas à critiquer une stratégie du tout vaccin plus dogmatique qu'efficace face aux infections. Il préconise en revanche que d'anciens vaccins soient davantage utilisés, comme ceux de la varicelle ou de la grippe, et laisse clairement entendre que la recherche du profit de l'industrie pharmaceutique conduit à négliger l'intérêt de vieux médicaments peu coûteux. Il déplore enfin que «les éléments idéologiques viennent privilégier les types d’informations qui entrent en résonnance avec la vision du monde des médias. Les chiffres eux-mêmes deviennent indécents quand ils ne confirment pas la théorie dominante».

Qu’en conclut-il ? «Cet affolement provient en grande partie des exagérations de la presse, qui sait que la peur " fait vendre ". Mais que nos gestionnaires – les politiques – surfent à leur tour sur le pire peut être lourd de conséquences. Nous avons affaire à des événements que la science elle-même peine à expliquer, telle la transmission accélérée des épidémies à leur début, leur variation saisonnière et... leur disparition spontanée sans raison apparente. Dans ces conditions, brandir chaque jour le nombre de nouveaux cas et de morts comme un épouvantail ne sert qu'à provoquer des réactions disproportionnées par rapport aux risques réels qui, eux, ne peuvent qu'être négligés dans le même temps».

Bref, dans cette crise du coronavirus, Didier Raoult, génie pour les uns, charlatan pour les autres, apporte matière à réfléchir.

 

* Epidémies : vrais dangers et fausses alertes, de Didier Raoult, Michel Lafon, 8,99 €, 160 p.

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