Mounia Bennani-Chraïbi, professeure à l’Institut d’études politiques et internationales de l’Université de Lausanne, (Suisse) vient de publier un ouvrage qui met en lumière les paradoxes d’une nationalisation du politique par la marge.
Si les premiers partis marocains sont à l’avant-garde des combats pour l’édification et la libération de la nation, au lendemain de l’indépendance, certains constituent une menace sérieuse pour le régime monarchique.
Jusqu’au début des années 1990, ils jouent certes un rôle moteur dans les arènes protestataires, mais avec l’avènement de Mohammed VI se diffuse un nouveau récit : «le roi est bon, la classe politique est mauvaise». Démobilisation électorale et disqualification des partis sont à leur comble… ouvrant la voie à des protestations parfois porteuses d’une critique inédite de l’Institution monarchique.
Le Maroc serait-il alors un Royaume où – de l’indépendance à nos jours – des monarques experts en survie se jouent inexorablement des complots, des oppositions et des aspirations révolutionnaires ? Un monde où tout change, des sigles de partis aux ruses du pouvoir, pour que rien ne change ?
Un sens commun séduisant ou plutôt des mythes que Mounia Bennani-Chraïbi ébranle au fil de ce livre qui renouvelle l’histoire politique du pays.
Le livre revisite des luttes politiques violentes ou larvées, pointant du doigt le fait partisan dans un contexte autoritaire travaillé par une répression et des politiques de concession à géométrie variable. Une problématique qui ne dissocie jamais dynamiques protestataires et logiques partisanes.
Porté par profondeur historique, «Partis politiques et protestations au Maroc (1934-2020)» nous aidera à mieux comprendre comment le passé affecte les luttes actuelles.