Par R. K.. Houdaïfa
Elégant explorateur musical, Othman El Kheloufi (re)traverse en beauté l’univers d’un proche d’Abdel Qader Al Jilani. Connu pour son ascétisme, ce dernier fut un très grand savant, spécialiste du droit hanbalite, ainsi qu’éducateur de la voie soufie. Son influence était telle qu’elle dépassait de loin les frontières de l’Irak.
De fait, il existe au Maroc une confrérie qui porte le nom dudit saint. Or, bien que cultivant avec ardeur le souvenir de son fondateur, elle a peu de lien avec l’Irak. Familiarisée avec la musicothérapie, elle pratique la guérison grâce à la musique. C’est en mêlant gasba, ghayta, nfir, tarija, tassa, Naqqâra, tbel et bendir, dans une frénésie collective, que le mal est guéri, les esprits malfaisants neutralisés.
Compositeur-chanteur-saxophoniste (et une multitude d’autres instruments), Othman El Kheloufi s’inscrit depuis des années dans le paysage musical marocain et y développe un nouveau langage musical, qu’il qualifie de «néo-beldi», lettré de haute sensibilité. Une musique saupoudrée de jazz, accommodée au chaâbi et pimentée d’autres traditions musicales populaires du Maghreb.
Depuis sa rencontre avec des membres d’un groupe de Jilala, basé à Salé, il est intrigué par l’histoire atypique de cette musique. Ainsi, en compagnie de Ben Saïd Eljilali et Mustapha, respectivement joueur de bendir et joueur de Gasba, il s’évertue, au sein de leur espace qu’ils dénomment l’mahal (le magasin), à explorer le monde mélodique de la gasba (la flûte chez les Jilala) et découvrir les dessous des rites thérapeutiques
*Du 03 au 18 mars, au Théâtre 121 (IF, Casablanca).