Ils étaient une centaine, réunis pieds dans le sable, vibrant aux sons de l’électro sous la lumière des lasers et strobos, à Sol Y Mar, à Dar Bouazza. Créateurs et créatures, les Djs invités à l’évènement organisé par Osiris production, «Elysium», étaient les démiurges de leur nuit trop courte pour s'en souvenir, trop longue pour être racontée.
Par R. K. Houdaïfa
Samedi 16 juillet. «Vous allez aussi à Osiris ?». Casquette sur la tête, un jeune homme marche au bord de route. Autour de lui, ils sont une douzaine à marcher dans la même direction. «J'ai pris le train depuis El Jadida et un Heetch de Casablanca…!», s'exclame-t-il plein d'enthousiasme. Il sourit : «Clairement, si ce n'était pas ce line-up, je ne me serais pas déplacé». De crise de conscience en remise en cause, l'événement a fini par s’ouvrir au-delà de la stricte scène locale, avec un plateau éclectique et troublant réunissant Djs ainsi que producteurs de musique électronique d’ici et d’ailleurs. Osiris nous a promis un butin de surprises décalées, et s’en est tenu. Il est 22h30. On vient d’arriver. L’excitation
est palpable. Des gobelets volent. Ça remue des hanches et des deux bras. Les doigts se croisent, les coudes bougent avec les poings serrés au-dessus des épaules, les têtes remuent aux sons tout aussi siphonnés… et délectables, torturés de Daox. La fraîcheur est absolue, même s’il y fait mille degrés. Pour des raisons de force majeure, nous n’avons pas pu assister à la musique concrète du génial Mar1; aux expérimentations de Qaboo; au minimalisme ascétique des Nomads; au doux dans les gestes et intense dans les sets, Borealis; à la jeune et déjà grande, Cornelia… ouf !
Pavel, matière à raver
Quelques minutes plus tard, le très attendu Pavel Petrov prend le relais. Il a fait monter la température jusqu'à son paroxysme à coup de drops sauvages et irrésistibles. Le tout dans un savoureux et rafraîchissant métissage de house et de techno, voire du tech-house pimenté de minimal, parfois accommodé à la sauce progressive. Cet homme-là, né à Sofia vers la fin des douloureuses années du socialisme en Bulgarie, est adepte de l’éclectisme dans ses sets, imbriquant et percutant différents influences, dingues, du pur feu. Ses productions (régulièrement reprises par Pan-Pot, Carl Cox, Hot Since 82, Maya Jane Coles, Claptone, M.A.N.D.Y., Joris Voorn, John Degweed et bien d’autres) résonnent fort dans sa manière de cracher des sons de synthé croustillants et de taper (assez) vite et (très) fort pour s’incruster dans nos synapses et affoler les neurones.
Tout au long de son Dj set, qui a duré presque deux heures et trente minutes et se clôturant avec une merveille de précision qui garantit des redescentes en toute confiance, Pavel n’a cessé de nous en mettre plein la face. Si vous ne connaissez pas cet artiste qui trouve «les Casablancais, cool», s’est fait «beaucoup de nouveaux amis» et espère revenir «dans ce beau pays, qu’est le Maroc», on vous propose une petite session de rattrapage en allant écouter quelques-uns de ses titres tels que Jasmine, Society et In Existence, ou ses remixes comme Exploited, Glasgow Underground, Suara et Lapsus Music.
Bref ! L’imagerie électro est résolument belle à vivre, et c’est ce dj qu’il nous fallait là, tout de suite, pour voir en transe une jeunesse débarrassée de ses peurs, de sa frilosité. C’était une soirée atypique qui avait réjoui le gus aux manettes de tout ce tralala, Rayan Luigi Lazzeri (alias Borealis) : «quand on arrive à faire danser des gens, c'est hyper gratifiant».