La Fondation BMCI s’attache à soutenir l’éducation et l’insertion sociale des populations fragilisées ou handicapées, optimiser le développement culturel dans les écoles publiques, valoriser le patrimoine et accompagner des artistes marocains. Nous avons rencontré les responsables de la Fondation.
Propos recueillis par R. K. Houdaïfa
Légende photo : L’équipe Engagement d’Entreprise de la BMCI. De gauche à droite : Youssef Dahioui, Responsable du Pôle RSE, Zineb Beqqali, Responsable du Pôle Fondation BMCI, Selma Masker, Chef de projet RSE, Chama Bennani, Responsable de l’Engagement d’Entreprise, et Abdelkrim Guergachi, Directeur de l’Engagement d’entreprise et Communication.
Finances News Hebdo : La parution d’un beau livre abondamment illustré et minutieusement rédigé («Abbès Saladi, histoires sans fin») est l’émanation non pas d’un organisme culturel, mais d’une fondation d’une banque. Opposant ainsi un démenti au crédo qui tient que les deux mondes, celui des affaires, avec son appétit de profit, et celui de la culture, fondé sur la passion et l’amour de l’art, sont inconciliables. Y a-t-il un danger lorsqu’on associe ces deux mondes distincts ?
Fondation BMCI : Nous pensons que le danger c’est de les dissocier ou de les séparer. Le monde des affaires est sans avenir s’il n’est pas responsable et inclusif. La BMCI, à l’instar du Groupe BNP Paribas, s’est engagée, d’une manière définitive, vers une finance durable et responsable. Il n’est plus concevable de penser uniquement au bénéfice et au gain de nos jours. Le durable et responsable dans l’action est un engagement irréversible à tous les niveaux de notre banque, c’est ce que nous appelons le «Positive Banking».
F.N.H. : En quelle année la Fondation BMCI s’est mise à nourrir une réflexion sur le mécénat ?
F. BMCI : Le mécénat est inscrit dans l’ADN, et est une valeur forte au sein du groupe BNP Paribas et de la BMCI depuis toujours. Créée en 2008, la Fondation BMCI poursuit et développe les actions de mécénat, déjà développées par la BMCI depuis plusieurs décennies. L’action de la Fondation BMCI s’est encore renforcée pendant les deux dernières annéespour maintenir le soutien à la culture et l’art et participer à l’effort national de solidarité pour aider et soutenir les associations et partenaires qui agissent sur le terrain du social et l’aide aux personnes. La Fondation BMCI agit autour de trois champs d’action : la culture, la solidarité et l’environnement.
F.N.H. : Autrement dit…
F. BMCI : Pour la solidarité, il s’agit de lutter contre l’exclusion et les discriminations; encourager le bénévolat des salariés; soutenir la scolarisation, l’éducation et l’insertion professionnelle. Dans le champ de la culture, il s’agit d’encourager l’expression artistique, préserver et valoriser le patrimoine culturel marocain, faire émerger les talents. Un troisième axe, en ligne avec la stratégie d’engagement d’entreprise de la BMCI, etqui sera un axe important dès cette année : l’environnement. Il s’agit de contribuer à la réussite d’initiatives liées à la protection de l’environnement.
F.N.H. : Qu'entendez-vous par «encourager le bénévolat des salariés» ?
F. BMCI : La BMCI encourage l’engagement sociétal de ses collaborateurs et principalement à travers deux initiatives. D’une part, l’initiative «Help2Help» qui vise à soutenir des initiatives d’intérêt général et de solidarité portées par des associations dans lesquelles nos collaborateurs sont impliqués à titre bénévole. Depuis 2009, la Fondation BMCI a contribué à plus de 150 projets de solidarité à travers le Maroc. D’autre part, à travers le programme «1 million Hours to Help», lancé par la Direction de l’Engagement de l’Entreprise du Groupe, qui vise à encourager le mécénat de compétences et d’heures solidaires des collaborateurs.
F.N.H. : Cela est-il bien perçu par les collaborateurs ?
F. BMCI : Nous avons eu des succès extraordinaires. Certains collaborateurs bénévoles sont partis dans des régions montagneuses et enclavées, d'autres ont voulu soutenir des élèves dans des écoles éloignées… C’est un programme qui suscite énormément d’enthousiasme et de passion chez les collaborateurs.
F.N.H. : Et en termes culturel ?
F. BMCI : La Fondation BMCI affirme sa volonté de valoriser le patrimoine culturel marocain dans toute sa diversité, en redonnant aux répertoires artistiques traditionnels ou populaires la place qu’ils méritent et en promouvant la création artistique contemporaine.
F.N.H. : La musique bénéficie de soutiens, notamment celui de la BMCI, et les exemples sont nombreux...
F. BMCI : En effet, les exemples sont nombreux et la Fondation est fière d’avoir été un contributeur et un accompagnateur de plusieurs projets qui connaissent de grandes réussites. Nous pouvons citer Jazzablanca, Tanjazz et l’Orchestre Philarmonique du Maroc (OPM), ou encore le programme «Dream Up» lancé en 2015. C’est un programme lancé dans 26 pays dans le monde par la Fondation BNP Paribas. Au Maroc, avec la Fondation BMCI, ce programme a soutenu la création d’une classe de musique au sein du centre «Les Etoiles de Sidi Moumen», permettant ainsi à une centaine de jeunes talents de bénéficier de cours et de développer leur pratique musicale encadrés par des artistes de renom.
F.N.H. : Quand, il y a 26 ans, le virtuose Farid Bensaïd créa l’Orchestre Philharmonique du Maroc (OPM), la BMCI était présente à ses côtés. Ensuite, le même Farid Bensaïd conçut le projet d'une Ecole internationale de musique, et la BMCI était encore présente.
F. BMCI : L’OPM est un concentré de talents exceptionnels et c’est une grande fierté pour notre Fondation d’avoir contribué à son succès. La Fondation a soutenu l’Orchestre Philharmonique du Maroc ainsi que le Concours international de musique du Maroc pendant plusieurs années, et ce sont des réalisations qui comptent, aujourd’hui, dans le paysage culturel marocain. Nous pouvons également citer d’autres succès comme le Printemps Musical des Alizés, festival dédié à la musique de chambre et à la musique classique à Essaouira.
F.N.H. : Sans l’appui financier des entreprises les plus florissantes, aucun des grands festivals musicaux n’aurait pu prendre son essor, même si ce soutien participe plus du parrainage que du mécénat proprement dit.
F. BMCI : Nous y avons juste contribué et fiers d’avoir accompagné le potentiel et d’avoir révélé des initiatives portées par des talents qui allaient certainement réussir et qui méritaient de réussir.
F.N.H. : Les entreprises ne semblent pas attacher une grande importance au livre. Peut-on dire, à cet égard, que la BMCI fait figure d’heureuse exception ?
F. BMCI : La BMCI est aussi un mécène culturel reconnu du domaine de l’édition, depuis près de 20 ans, avec le soutien à des livres d’art pour préserver la mémoire du patrimoine culturel marocain. En poursuivant dans cette voie, la Fondation BMCI défend le rôle fondamental de l’édition dans la communication, le partage et la diffusion de la culture. Ces dernières années, laFondation BMCI a apporté son soutien aux livres «Nass El Ghiwane», «Taoub - le Groupe Acrobatique de Tanger», «Lahcen Zinoun», «Jil Lklam» et «Casablanca, nid d’artistes», et plus récemment au livre «Histoires sans fin» en hommage à l’artiste peintre marocain Abbas Saladi.
F.N.H. : Qu’en est-il de votre implication dans le spectacle vivant ?
F. BMCI : La Fondation BMCI a accompagné le Groupe Acrobatique de Tanger dans toutes les étapes de sa success story mondiale. Au-delà du soutien à ses différents spectacles et créations («Taoub», «Chouf Ouchouf», «Halka»), la Fondation BMCI a été à l’initiative de l’édition en 2012 d’un livre en hommage à cette troupe d’acrobatie marocaine, devenue un véritable ambassadeur de la création artistique marocaine.
F.N.H. : Quels sont les défis relevés ?
F. BMCI : Voir la réussite de nos partenaires et des talents; la promotion de l’art et de la culture. D’une autre manière : voir le fruit de nos efforts; que notre Fondation et, plus globalement notre banque, a eu un impact positif sur la société.
F.N.H. : Les mécènes peuvent-ils constituer une alternative pour les artistes ?
F. BMCI : Ce n’est guère une alternative, mais une source parmi d’autres, de soutien et de réussite; contribuant à la révélation de leurs talents et l’épanouissement de leur potentiel.
F.N.H. : A quoi ressemble le mécénat au Maroc ?
F. BMCI : Le mécénat au Maroc se développe. Nous constatons, ces dernières décennies, une prise de conscience croissante à tous les niveaux de la société marocaine sur l’importance de la culture et de l’art en général, ce qui présage indubitablement un avenir extraordinaire pour notre Royaume.