Nabil Jebbari, vice-président de l’Association marocaine des entrepreneurs privés du spectacle et des arts vivants (AMESVI).
L’Association marocaine des entrepreneurs privés du spectacle et des arts vivants (AMESVI) a présenté son programme au cours d'une conférence de presse.
L’Association souhaite donner un cadre solide au développement de l’industrie culturelle marocaine.
Finances News Hebdo : Quels sont les objectifs de cette conférence, et quel est votre plan d’action pour cette nouvelle année ?
Nabil Jebbari : La raison de notre existence est principalement de nous regrouper, car nous avons à peu près tous les mêmes problématiques, chacun de son côté. Le but est de constituer aujourd’hui une force de propositions par rapport à notre écosystème. C’est aussi une force pour nous dans le sens où nous sommes là pour échanger nos expériences et nos atouts.
Nous pouvons résumer nos actions en trois axes principaux. Le premier sera d’agir sur la partie infrastructure et logistique. Il s’agit de professionnaliser davantage notre offre et d’essayer de mettre à niveau les infrastructures, notamment les lieux où nous nous produisons. La partie logistique consiste également en la formation et l’apport de qualité sur la partie ressources humaines. L’objectif est de mettre en place des formations, des diplômes et des stages pour les jeunes marocains mais aussi d'autres Africains, vu qu’aujourd’hui nous produisons beaucoup à l’international.
Le deuxième volet, tout aussi important, concerne la partie communication et relais. Notre but est de mettre en place des partenariats médias, d’essayer de mieux diffuser nos productions, que cela soit au Maroc ou à l’international. Contrairement à beaucoup de pays en Afrique, nous sommes un peu en retard sur les aspects liés à la médiatisation. Aujourd’hui, nous avons du contenu, nous en produisons, mais il reste assez mal diffusé et communiqué au public. Les radios et les télés peuvent trouver chez nous du contenu précieux pour leurs programmations.
Le troisième volet porte sur le financement, qu’il soit direct et indirect. Nos financements directs consistent en la sensibilisation des bailleurs de fonds, des entreprises et des annonceurs, dans le but de les inciter à mettre davantage d’argent dans leurs sponsorings et dans leurs volets culturels.
Quant au financement indirect, il s’agit d’optimiser nos coûts de production, car il faut savoir que 60% de nos coûts de production sont dans la logistique, alors que nous devrions mettre plus d’argent dans la création, en l’occurrence faire un peu plus de spectacles. Cela passe par la mise en place de facilités fiscales. Il faut donc agir sur nos coûts en mettant en place des partenariats avec nos prestataires, nos fournisseurs et aussi avec l’administration fiscale du Maroc, afin qu’elle nous accorde plus d’avantages pour doper notre capacité de production. La plupart des entreprises qui font partie aujourd’hui de l’AMESVI sont soit en difficulté, soit ont été confrontées à un moment ou un autre de leurs vies, à des difficultés.
F.N.H. : Les Marocains sont-ils conscients de l’importance de ce secteur, selon-vous ?
N. J. : Actuellement, nous jouons un rôle important, qui est la promotion du patrimoine marocain. En second lieu, nous exportons le produit culturel marocain, et enfin nous créons des opportunités qui participent à l’économie nationale. En Europe, ce secteur est le troisième employeur, il passe devant le secteur automobile.
Le Maroc compte actuellement plus de 4 millions de personnes qui ont entre 15 et 25 ans. Nous aimerions capitaliser sur cette richesse, tant au niveau artistique en aidant de nouveaux artistes, de nouveaux talents à se produire, qu’au niveau managérial et technique, c’est-à-dire intégrer dans nos équipes des chargés de projets, de logistiques, des régisseurs.
Malheureusement, les gens ne voient que l’aval, la partie visible de l’iceberg, qui est le spectacle ou l’artiste, mais ne savent pas que derrière chaque artiste, derrière chaque production, derrière chaque spectacle, il y a une centaine de personnes qui travaillent dans des conditions parfois difficiles pour essayer de satisfaire le public.
F.N.H. : En quoi consiste la production de spectacles vivants ?
N. J. : Comme tout film, comme tout album de musique, comme toute chanson ou toute exposition, il y a des gens derrière. Un spectacle vivant peut être une comédie musicale ou encore une pièce de théâtre. Il existe d’autres arts vivants comme la mode, car un défilé de mode est un art vivant, c’est un show. Un spectacle de magie est un art vivant. Tous ces shows sont des arts qui se produisent en direct, ce sont des live. C’est cela le spectacle vivant et nous sommes les gens qui sommes derrière, qui font en sorte que cela soit possible. Nous faisons le lien entre la création artistique et le public à toutes les étapes du processus que sont le management, l’organisation, la production ou encore le financement, et c’est notre rôle en tant que producteur.
F.N.H. : Que faut-il pour développer l’économie du spectacle vivant au Maroc et en particulier l’emploi culturel ?
N. J. : Il y a tant de choses à faire. Notre programme, en tant qu’association, répond à ces problématiques. Aujourd’hui, nous aimerions tout simplifier, nous appuyer sur un partenariat public-privé pour essayer de doper nos capacités de production.
Il faut demander aux entreprises privées marocaines et/ou multinationales présentes au Maroc de nous donner plus de moyens, de nous aider, de contribuer à la production de la culture au Maroc. Nous souhaitons également être l’interlocuteur privilégié avec les pouvoirs publics : villes, régions, ministères et même le gouvernement en mettant en place de vraies stratégies qui incitent à créer plus d’emplois dans ce secteur. ■
Propos recueillis par L. Habboul