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«Khass bi annisae» : Une expo tirée par les cheveux

«Khass bi annisae» : Une expo tirée par les cheveux

 

La Fondation TGCC* accueille, jusqu'au 7 novembre, en son antre artistique, Artorium, «Khass bi annisae». Expo de l’artiste Khadija El Abyad, curatée par Fatima Zahra Lakrissa.

 

Par R. K. Houdaïfa

 

A 31 ans, cette artiste pluridisciplinaire et nomade, originaire d’Agadir, a fait le choix de faire sa voie en puisant dans les traditions - des arts et métiers - pour déployer des œuvres saisissantes parcourues des traces d’écritures cabalistiques et distillant une réelle mystique.

 

Elle s’évertue à couper les cheveux en quatre à travers sa pratique pluridisciplinaire (performances, installations, sculptures, photographies et œuvres sur papier) afin de bouleverser et troubler les clichés codés et tissés autour du corps féminin.

 

A l’Arto, elle y expose sa version des matériaux organiques (cheveux et henné) et des matrices ornementales (pochoirs de tatouages, motifs et répertoires de broderie), les faisant dériver des usages et rituels traditionnels.

 

Si elle s’écarte, par exemple, des motifs décoratifs connus de la broderie et qu’elle s’autorise à élaborer les formes avec ses cheveux, cela n’empêche : l’artiste se plie aux règles de cet artisanat, dont elle reconnaît elle-même, admirative. Avec le corpus «Membres rebelles», l’artiste introduit, sous la notion de «tissant-tissé», les moyens de provoquer le hasard dans le rendu des formes et la répartition de la matière entre le recto et le verso de l’œuvre.

 

Fascinée par la beauté des pochoirs de tatouages, elle fait de la forme que leur est donnée, des procédés et supports de leur reproduction, ainsi qu’aux connaissances qu’ils véhiculent l’un de ses sujets de prédilection avec la volonté de s’émanciper, avec un rare doigté, de leurs conventions esthétiques admises. Certes, en retranscrivant particulièrement toute leur aura et en les réinterprétant artistiquement, elle a pu inventer, en toute liberté, de nouveaux langages plastiques.

 

Mais, seule une imagination hallucinée pourrait y lire une invitation au voyage. L’art de Khadija se présente sous forme de rébus, de symboles, de formes abstraites. Cette particularité la nimbe d’un épais mystère susceptible de décourager le visiteur pressé. En revanche, le véritable amoureux de l’art, lui, cherchera à en pénétrer l’intime au prix d’une longue méditation spéculative. Y parviendra-t-il ? C’est peu sûr, tant Khadija masque jalousement sa signification profonde, par un jeu de voiles impénétrables. A croire que, délibérément ou inconsciemment, elle se joue de l’arrogant analyste, en brouillant les pistes. Ce dernier, en compensation, aura le privilège de s’imprégner du charme et de la sensibilité qu’exhalent ses créations au fur et à mesure que le regard les scrute…  

 

Lancé en 2021 à l’initiative de la Fondation TGCC, le Prix Mustaqbal est un concours de jeune création contemporaine qui a vu récompenser Khadija El Abyad.

 

 

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