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«Haut et fort» en salle: une fresque de la plus belle eau

«Haut et fort» en salle: une fresque de la plus belle eau

Le film a été présenté à la cérémonie américaine des Oscars, sélectionné pour représenter le Maroc à la compétition officielle de la 74ème édition du Festival de Cannes, primé aux Journées cinématographiques de Carthage, distingué par le Grand prix d’Arte Mare (Festival du film méditerranéen à Bastia, en Corse), projeté en compétition officielle au 27ème Med Film à Rome…

 

Par R. K. Houdaïfa

 

 

Nabil Ayouch se frotte les mains: «Haut et fort», son dernier long métrage, accumule les succès de ville en ville. Il est vrai que rien n’a été laissé au hasard pour assurer une bonne carrière commerciale à ce film : une campagne de pub efficace. Et puis, il faut le dire, «Haut et fort» est un bon film.

Malgré les promesses des fleurs, les rares films sortis cette année n’ont pas fait mouche. N’en citons aucun afin de ne pas froisser l’amourpropre de leurs auteurs qu’on sait chatouilleux. On prenait donc acte de la sinistrose ambiante, quand une œuvre vint enchanter nos mirettes transies : «Haut et fort». A peine a-t-il vu le jour que le film recueillit l’adhésion du public : a critique «pointue» déroule le tapis rouge devant l’œuvre, la presse l’encense comme étant à la pointe de la pointe, les cinéphiles la sirotent avec délectation. À juste titre, car cette fable généreuse, tournée avec des jeunes défavorisés en mal de repères, non seulement satisfait aux exigences de la construction dramatique et de la mise en scène, sans emphase ni fioritures, mais est aussi réussie, au-delà de toute expression.

A faire vivre les personnages et à embarquer les spectateurs. Autant de vertus généralement malmenées par nos cinéastes. Ce nouvel opus porte la griffe Nabil Ayouch. Griffe, parce que les qualités du film sont déjà perceptibles dans les œuvres antérieures du réalisateur : les courts métrages («Les pierres bleues du désert», «Hertzienne connexion», «Vendeur de silence») et les longs métrages («Mektoub [un road-movie palpitant –ndlr]», «Ali Zaoua, prince de la rue [aujourd'hui bardé de distinctions –ndlr]», «Les Chevaux de Dieu», «Much Loved», «Razzia»).

Avouons-le !

Pour ce film, tout a été fait dans les normes : une avantpremière pour la presse, une première normale, une campagne médiatique sans précédent et une tournée dans plusieurs villes du Royaume. Le destin de «Haut et fort» était ainsi tout tracé. Le réalisateur n’a rien négligé. Résultat : succès après succès (à l’heure où nous écrivons ces lignes). Ce succès s’explique de manière assez simple : «Haut et fort» est un bon film qui traduit la touche d’un homme qui a compris que faire du cinéma, c’est d’abord donner à voir.

Pourtant, l’intimisme ne manque pas dans ce film, ni même une psychologie des personnages assez difficile à décortiquer. Seulement, la manière de raconter l’histoire et d’embarquer le spectateur dans le rêve et à la découverte d’une certaine jeunesse du Maroc, reste assez singulière. C’est la force du film. Il y a aussi cette ambiance qui, à tout moment, transporte le «regardeur», et des couleurs qui participent au drame que vivent les jeunes. Ayouch joue, en effet, sur plusieurs registres pour construire son récit : drame, aventure et intimisme. Le mélange des genres fait tout l’intérêt du film. 

 

 

 

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