Discussions au long cours avec le fondateur du festival «On marche» et directeur artistique de la Biennale de la danse en Afrique, Taoufiq Izzediou.
Propos recueillis par R. K. Houdaïfa
Finances News Hebdo : La 15ème édition du Festival de danse «On marche» accueille l’itinérante et principale plateforme de découverte de la création chorégraphique du continent, la Biennale de la danse en Afrique, à Marrakech du 22 au 27 novembre…
Taoufiq Izzediou : En effet, ceci est une rencontre très attendue entre deux évènements phares du continent. D’un côté, le Festival «On Marche» qui s’est forgé depuis 2005 une place de choix dans le paysage culturel marocain et continental, réunissant à chaque édition un public de passionnés, de médias et de professionnels de la danse contemporaine. De l’autre, la Biennale de la danse en Afrique qui est la principale plateforme de découverte de la création chorégraphique du continent.
F.N.H. : Dites-nous en plus…
T. I. : Elle est, depuis 1997, une scène d’émergence de nouveaux projets, de découverte de nouveaux talents, de présentation de projets confirmés et d’accueil des professionnels du monde entier pour contribuer à la visibilité de la création chorégraphique et à sa diffusion.
F.N.H. : Cette année, elle arbore une nouvelle face…
T. I. : Effectivement, la manifestation dévoile cette année sa nouvelle identité après avoir été Triennale de danse.
F.N.H. : Et ce n’est pas la seule nouveauté !
T. I. : Elle a toujours été organisée par l’Institut français de Paris. Cette année, elle est organisée par un organisme local - qui est le Festival On Marche.
F.N.H. : Dans cette nouvelle gouvernance, l’Institut français n’est plus coproducteur/programmateur ?
T. I. : Restant néanmoins un précieux facilitateur, il met l’habit de partenaire principal de la manifestation.
F.N.H. : Qui s’est donc occupé de la programmation ?
T. I. : Pilotée depuis le Maroc, la biennale a été réfléchie, rêvée et composée par un comité artistique composé d’opérateurs/ chorégraphes confirmés qui sont engagés dans le développement de la danse en Afrique. Ensemble, nous avons revu toute la programmation; non seulement nous avons invité des artistes confirmés pour se produire, nous avons aussi accordé une grande place aux jeunes.
F.N.H. : La biennale s’est offerte un nouveau lifting ?
T. I. : Oui, en créant un nouveau logo. Et si elle a été reconfigurée par la crise sanitaire, elle mettra l’accent sur sa présence en ligne, en partenariat avec la plateforme nigériane Afropolis.
F.N.H. : Quelles sont les grandes pièces programmées d’artistes étrangers ?
T. I. : «D’un rêve», de Salia Sanou (Burkina Faso), «Performance D», de Fatou Cisse (Sénégal), «Siguifin», d’Amala Dianor, Naomi Fall, Ladji Koné et Alioune Diagne (respectivement du Sénégal, Burkina Faso et du Mali), «#Moi», de Gaby Saranouffi (Madagascar), «Spirit Child», de Qudus Onikeku (Nigeria), ainsi que «Akzak», d’Héla Fattoumi et Eric Lamoureux (France, Tunisie, Maroc, Burkina Faso).
F.N.H. : Et celles de nos compatriotes ?
T. I. : Il y a la mienne «Hmedcha»; celle de Meryem Jazouli, «Folkah», «L’haal», de Khalid Benghrib, et «Untitled 14 km», de Youness Atbane.
F.N.H. : Ce n’est pas tout ?
T. I. : Vous en voulez encore ? Nous avons également programmé 8 spectacles en ligne à suivre sur Afropolis. Par ailleurs, hormis les conférences et les projections
de films retraçant l’histoire des danses en Afrique, un master class est dédié à cinq compagnies, du 15 au 21 novembre, afin de les préparer pour jouer dans la biennale du 22 au 27.
F.N.H. : Comment définissez-vous la «Génération 2020» ?
T. I. : C’est en partenariat avec l’IF Paris qu’un dispositif d’incubation de projets chorégraphiques a permis pendant plus d’un an de découvrir et d’accompagner des chorégraphes émergents du continent africain dans leur processus de création. Les projets soutenus ont, de ce fait, été l’objet d’une attention particulière pour permettre la sélection des 20 créations que le public aura la primeur de découvrir à Marrakech.
F.N.H. : Parlez-nous de votre pièce.
T. I. : Elle est inspirée par les modes contemporains d’incarnation et de performance que revêt la spiritualité Hmadcha lors des célébrations de la confrérie soufie aux environs de Meknès. Initiée en 2020, la pièce délivre une réflexion profonde sur le sens du mouvement dans une société réduite, du fait du confinement à la satisfaction des besoins matériels essentiels. C’est en explorant la dimension créatrice et régulatrice de la transe que la pièce interroge les relations possibles entre la composition d’un accord commun et les quêtes individuelles vers la transcendance. L’œuvre convie ainsi danseurs et spectateurs à redécouvrir et renouveler le potentiel transformateur et purificateur du geste dansé.