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Exposition : Very mad trip

Exposition :  Very mad trip

Chez Myriem Himmich, à Casablanca, une exposition* mettant en lumière l’univers fascinant de l’art spirit, mais également le talent de Valérie Ohana (dite Visha), encensée par la sublime maîtresse de céans.

Par R. K. H.

 

Parmi les immeubles qui se dressent sur le boulevard de la Résistance, il y en a un dans lequel se trouve, au 7ème étage, la Galerie Myriem Himmich. Lorsque vous y mettez les pieds, vous êtes aussitôt frappés par la bonne énergie qui y règne, la disponibilité obligeante de nos hôtes (Myriem et Visha) et leurs étonnantes sagesses, puis par le jardin qui a été installé au cœur de l’exposition agrémenté de palmiers disséminés un peu ici et là. Car, comme Christian Bobin, l’artiste est persuadée que «marcher dans la nature, c'est comme se trouver dans une immense bibliothèque où chaque livre ne contiendrait que des phrases essentielles». Soit. Dans ce solo-show, le parcours immerge le visiteur dans le monde à la fois poétique, mystérieux et mystique de la non moins fascinante Visha. Ceci dit, lesdits livres sont, ici, des œuvres : des toiles - que l’on ose dire - issues des milieux spirits et spiritualistes.  Visha est une guérisseuse dans tous les sens du terme.

Allant de l’abstrait, lorsque l’identité d’un élément se noie dans l’ensemble, au figuratif, lorsque la forme domine, sa peinture suggère que «l’essentiel est invisible pour les yeux», pour reprendre l’aphorisme du renard du Petit Prince. Probablement par souci de sauvegarder les «espaces du dedans» face au pouvoir asphyxiant du visible, du visuable, du «c’est tout vu». Ici, la perception immédiate, littérale, n’est pas de mise, tant les toiles se donnent à voir comme des métaphores interprétables.

Sa peinture n’est pas dans l’intellect ou la rationalité. Au contraire, à l’image du voyage chamanique, elle repose sur une sensibilité ayant pour but de modifier l’énergie des êtres et de les aider à entrevoir, de leurs fenêtres, leur immensité incorruptible via la couleur et les formes.

 

Fantaisie

Devant ses toiles, c’est une autre dimension qui s’ouvre (P-S : chaque toile prend une profondeur particulière). Un espace plus large que ce que nous percevons naturellement. Visuellement, c’est fou. Ça peut être beau ou violent : lorsqu’on accepte ce qu’elles donnent à voir, l’immersion est presque douce; mais, si on freine, cela peut se transformer en un combat entre soi et les compréhensions ainsi que les évidences. On se retrouve en contact avec la véritable conscience.

Au-delà du plaisir du déchiffrement auquel elles convient, les œuvres forcent l’admiration par leur esthétique. Visha fait preuve d’une science de la composition, toujours centrée sur l’«un-visible», où elle plonge le spectateur. Elle est capable de lisser une peinture fine comme d’imprimer de vigoureux empâtements; de passer d’une composition en vrac, où les éléments s’autocomposent eux-mêmes en fonction, par exemple, de leur poids, à des compositions plus rangées, éléments collés, soudés et même orientés pour reprendre parfois certains mouvements…

Bref, on ressent la vie et ses vibrations, son intensité, sa force et son surgissement, sourdre de ses toiles. Avec elle, on est toujours dans l’«un-visible». On n’en sort pas indemne.

 

* «Ôde à l’Un-Visible : Entre Voir», expo solo-show de l’artiste peintre Valérie Ohana (dite Visha). A Myriem Himmich Gallery, jusqu’au 24 mai 2022

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