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Exposition collective : Mine réjouissante

Exposition collective : Mine réjouissante

Le Comptoir des mines galerie présente, jusqu’au 23 septembre à Casablanca, l’exposition collective sobrement intitulée «Casablanca-Marrakech, le Comptoir des Mines hors les murs». Celle-ci réunit quelques œuvres de 8 artistes phares qui ont marqué sa saison artistique précédente. Présentation.

 

Par R. K. Houdaïfa

 

 

 

Avant d’entamer sa nouvelle programmation avec le soloshow de Mouhcine Rahaoui, le Comptoir des mines galerie accroche aux cimaises de son espace d’art à Casablanca (où sont tenues ses ventes aux enchères sous la bannière CMOOA) les temps forts de sa saison artistique précédente à Marrakech - et à la foire d’art contemporain Art Dubaï 2022, où la galerie avait participé avec deux projets distincts-, en dévoilant les recherches de Mohammed Kacimi, Simmohamed Fettaka, Mohamed Arejdal, Loutfi Souidi, Khadija Jayi, Mustapha Akrim, Réda Boudina et Fatiha Zemmouri. Et ce, «afin de permettre aux publics de la métropole de découvrir les expériences artistiques que nous menons à Marrakech depuis 2016», souligne le maître de céans, Hicham Daoudi. Certes, c’est aussi une occasion propice pour scruter la bonne tenue des arts au Maroc.

Les artistes à découvrir n’ont pas le même âge (l’un d’entre eux, Kacimi, a rejoint le paradis des artistes) et démontrent une modernité artistique évoluant en étroite interaction avec les progrès. Leurs matériaux ne sont pas les mêmes. Leurs expressions ne sont pas les mêmes, leurs parcours non plus – même s’ils/elles sont passé.e.s par les beaux-arts –, et pourtant, les voici regroupé.e.s au sein d’une même exposition qui nous renseigne, «grâce à leurs recherches, sur des sujets clivants qui traversent certains pans de la société et que nous peinons à voir ou comprendre à leur juste valeur depuis les grands centres urbains», ajoute Hicham Daoudi.

Il est indéniable que ces artisteslà sont des aiguilleurs vigilants de leur époque, et ils/elles sont parvenus à faire émerger une conscience critique chez leurs contemporains.

 

Artistes d’alerte et de conviction

Mohammed Kacimi (1942-2003) s’est préoccupé essentiellement de l’humaine condition : tout ce qui asservit l’humain – les tremblements du temps ou son prochain -, cet artiste le témoigne, au travers de figures tourmentées presque imperceptibles, mais combien magnétisantes.

Cette même condition humaine, Simohammed Fettaka (né en 1981) l’éructe dans son dernier travail où il a repris 13 des 90 tableaux peints par Jacques Majorelle, «Négresses nues», en suppléant les silhouettes de femmes esclaves, dénudées, lascives, affairées, par des miroirs poncés, pour nous inviter par un jeu subtil de voilement et de dévoilement à prendre le temps de les (re)voir en regardant notre propre reflet à la place.

Une course au questionnement rappelant en permanence les liens entre groupes sociaux représentés par Mohamed Arejdal (né en 1984). Un travail en parfaite harmonie avec celui de Loutfi Souidi (né en 1994), qui collecte et combine des objets, des observations et des souvenirs de la vie quotidienne. L’interaction entre les matériaux et les techniques en relation avec les images mentales et scéniques marquent la conscience que cet artiste pluridisciplinaire cultive du passé et du présent de ce monde.

Une réflexion sur les conflits entre tradition et modernité que Khadija Jayi (née en 1989) donne également à voir, mais à coup de formes et de traces consumées par le feu, comme une marque de souffrance ou d’un amour ardent.

Quant à Mustapha Akrim (né en 1981), lui, il préfère mener des recherches sociales, notamment sur l’univers du chantier et de l’ouvrier avec une réflexion étroitement liée aux principes de la citoyenneté. Ses installations questionnent, entre autres, la nature du travail et la différence entre le bâtiment et la création d’œuvres d’art à la lumière des changements constants de la société.

Un reflet de notre modernité urbaine au Maroc que Réda Boudina (né en 1995) explore aussi moyennant formes et compositions inspirées de l’architecture brutaliste en s’imprégnant de ses caractéristiques et de sa façon unique de dominer l’espace.

Et pour couronner l’ensemble, aussi sensuel et poétique qu’il soit, Fatiha Zemmouri (née en 1966) se sert de la dramaturgie des phénomènes naturels (eau, feu, terre) et celle des matériaux tels que le bois, le charbon et la terre pour questionner les notions de construction, déconstruction, régénération et transformation…

Bref, à l’instar de Meursault («L'Étranger» de Camus), ils/ elles sont atteint.e.s par «la folie de la sincérité». C’est cette sincérité qui les pousse à mettre en «œuvre» leurs désillusions à l’endroit de la déshumanisation engendrée par l’humanité ellemême et à embrasser l’espoir d’échafauder une vie meilleure. «Casablanca - Marrakech, le Comptoir des Mines hors les murs» se veut tel un voyage palpitant dans l’intime de ces artistes d’alerte, de conviction, mais tellement fécond.e.s. Merci qui ? 

 

 

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