A l’occasion de la réouverture du musée la Kasbah des cultures méditerranéennes à Tanger,
Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées (FNM), nous dévoile les actions menées en vue de rénover le patrimoine muséal au Maroc.
Finances News Hebdo: Où situeriez-vous l’opération du musée de la Kasbah dans la stratégie de la FNM ?
Mehdi Qotbi: La FNM a placé la rénovation des musées au cœur des priorités de son action. L’objectif est de rendre les musées plus accueillants, attractifs et répondant aux normes internationales de conservation et de préservation du patrimoine. En restaurant ses musées, la FNM répond à ses missions principales, que sont la valorisation, la préservation et l’enrichissement du patrimoine muséal marocain dans le but de le faire rayonner au niveau national et international. Afin de les mener à bien, la FNM ambitionne de mettre en place une meilleure gouvernance des musées, de développer une stratégie de mécénat de plus en plus structurée et pérenne et enfin de renforcer les compétences muséales.
F.N.H.: Après la Kasbah, quelles sont les étapes suivantes ?
M. Q.: Certains musées ont ainsi déjà entamé leur transformation. Au cours du dernier trimestre de 2016, le Musée archéologique de Rabat, le Musée Al Batha de Fès qui sera dédié aux arts de l’Islam et, enfin, le Musée de la céramique de Safi seront tous restaurés et réouverts au public.
F.N.H.: Comment choisit-on les sites à rénover et comment se déroule une opération de rénovation ?
M. Q.: La FNM gère 14 musées depuis sa création. Dès le début, il était clair que tous les musées - à part le musée Mohammed VI de Rabat qui vient d’ouvrir ses portes en 2014- avaient besoin d’une remise à niveau. Lorsqu’on parle de la rénovation d’un musée, il s’agit principalement de la restauration et de la modernisation des bâtiments, d’une meilleure gestion et préservation des collections, d’un renouvellement de la scénographie des expositions permanentes, et enfin l’établissement de programmations culturelles dynamiques.
F.N.H.: Quelles sont vos attentes en termes d’affluence de visiteurs ?
M. Q.: A l’horizon 2020, nous aspirons attirer 50.000 visiteurs par an dans chacun de nos musées. Mais avant cela, il faut que tous les musées soient restaurés et qu’ils puissent avoir une programmation culturelle de qualité, pour attirer à la fois les visiteurs locaux, les touristes et le public scolaire. C’est pour cela qu’aujourd’hui, l’une de nos priorités est la remise à niveau de nos musées et l’enrichissement de leurs collections.
Propos recueillis par W. El Mouden
Musée la Kasbah : visite guidée
Le musée la Kasbah des cultures méditerranéennes a été rénové dans le cadre d’un partenariat public-privé. Environ 80% du coût des travaux ont été pris en charge par un mécène qui a souhaité garder l’anonymat, souligne la FNM. C’est cette richesse inégalable que le musée la Kasbah des cultures méditerranéennes propose de faire découvrir aux visiteurs, par l’intermédiaire d’une exposition exceptionnelle, dans un cadre de choix. Suivant de nouvelles orientations tant géographiques, historiques que socioculturelles, le musée fait peau neuve. Il devient alors un lieu capable d’accueillir et de mettre en valeur l’incroyable collection d’objets artistiques, archéologiques et ethnographiques, témoins de la diversité et de la spécificité de la ville de Tanger, ainsi que ses échanges avec les civilisations méditerranéennes. Connu auparavant sous le nom du Palais de la Kasbah dit «Dar Al- Makhzen» ou « Palais du Sultan», le musée occupe la partie Est de la Kasbah de Tanger. Bénéficiant d’une position stratégique, le site avoisinant le palais aurait été utilisé par les Carthaginois et les Romains, comme en témoigne la légende selon laquelle un temple d’Hercule s’y serait dressé autrefois. Pendant la première période de l’occupation musulmane, les sources historiques parlent d’un gouverneur installé à l’emplacement du Palais de la Kasbah de Tanger au XIIème siècle. Cependant, les données archéologiques restent très insuffisantes pour confirmer cela. Plus tard, ce site vit l’édification successive de la résidence des gouverneurs portugais «Domos Praefecti» entre 1471 et 1661, puis d’un château plus important «Upper Castle» qui fut la résidence des gouverneurs anglais de 1662 à 1684.