Chaque année, et grâce au soutien de son partenaire Zurich Assurances Maroc, l’Orchestre philharmonique du Maroc (OPM) ouvre sa saison par une série de concerts inédits, s’articulant autour de grandes symphonies et de concertos, mettant un instrument à l’honneur, invitant aussi des chefs d’orchestre et des solistes de renommée internationale.
Les concerts d’ouverture de la 18ème saison de l’OPM auront lieu du 1er au 6 octobre 2013 à Casablanca, Rabat et Marrakech.
Le point avec Farid Bensaid, Président du holding Tenor Group et Président-fondateur de l’Orchestre philharmonique du Maroc.
Finances News Hebdo : En tant qu’homme d’affaires passionné de musique classique, vous cherchez à développer cet art au Maroc. Comment conciliez-vous affaires et musique ?
Farid Bensaïd : Tout est une question d’organisation. C’est vrai que mes journées sont bien remplies; mais la musique m’est indispensable, elle me donne l’énergie nécessaire pour affronter des journées de travail de 12 voire 14 heures.
F. N. H. : Quelles sont les actions que vous avez entreprises pour donner un véritable statut aux musiciens marocains, en termes de salaire et de carrière notamment au sein de l’OPM ?
F. B. : Lorsque nous avons créé l’OPM en 1996, les musiciens ne disposaient ni d’un statut social, ni d’une reconnaissance de leur métier. Vous ne pouvez pas être épanoui dans votre travail et dans votre vie personnelle si votre valeur professionnelle n’est pas reconnue. La longévité et la notoriété de l’OPM ont aidé nos musiciens à se créer une place dans la société. Nous avons pu salarier une bonne partie d’entre eux, ce qui leur a permis d’évoluer socialement tout en étant fiers de leur travail. Ils suivent également un programme de formation continue tout au long de l’année pour acquérir et conserver un niveau professionnel.
F. N. H. : Après 17 ans d’existence, l’OPM s’est fait une solide réputation. Les musiciens s'évertuent à jouer des chefs-d’œuvre et prennent de plus en plus de risques. Est-ce que cela reflète l’évolution et la maturité du public marocain ?
F. B. : Cela reflète à la fois l’évolution du niveau technique de notre orchestre mais aussi celle du public qui est de plus en plus exigeant. En 17 ans, nous avons donné plus de 350 concerts, devant des salles toujours pleines.
La qualité d’écoute du public, sa connaissance ont évolué en même temps que celle de l’orchestre, et c’est sans doute ce qui explique le lien très fort qui nous unit à nos spectateurs. Pour beaucoup d’entre eux, l’OPM leur appartient, ils l’ont vu grandir et en sont fiers.
F. N. H. : Quel est le programme de l’OPM pour la 18ème saison ? Et pourquoi le choix du violoncelle ?
F. B. : Le violoncelle est un instrument très exigeant que nous souhaitons mettre en avant. Il demande une grande virtuosité et nous avons la chance de recevoir cette année une des plus grandes violonistes de sa génération : Emmanuelle Bertrand. Malgré son jeune âge, elle a déjà obtenu de nombreux prix, symbole de la reconnaissance de ses pairs. Sa consécration aux victoires de la musique, montre qu’elle est l’une des stars du moment.
Nous avons un programme très riche pour cette saison avec des concerts d’ouverture consacrés au violoncelle et à deux grands compositeurs Brahms et Chostakovitch. Suivra en décembre la série consacrée à la grande 9ème symphonie de Beethoven, puis des concerts sur les musiques de films en janvier. En mars aura lieu la 14ème édition du grand concours international de Piano, suivi en avril de l’Opéra des opéras : Don Giovanni de Mozart. Nous clôturerons la saison avec les concerts pour la Fête de la musique en juin. Soit au total entre 30 à 40 concerts cette saison.
F. N. H. : Quel est le but recherché de l’organisation des concerts pédagogiques ?
F. B. : Nous devons former les spectateurs de demain. La musique classique est une musique universelle par définition et doit être comprise dès le plus jeune âge. Elle permet aux enfants de tous horizons de s’ouvrir à d’autres formes de culture. Elle est en soi très enrichissante et procure précocement un équilibre et une maturité chez les enfants qui s'y adonnent.
F. N. H. : Parlez-nous un peu du programme social Mazaya ?
F. B. : Nous souhaitions depuis longtemps faire quelque chose pour notre pays, en utilisant notre savoir-faire qui est la musique. L’éducation est une priorité du Royaume. En combinant ces deux données, nous avons lancé le programme social Mazaya en janvier 2012. Le but est simple : faire de la musique un outil de développement social en offrant à des enfants en marge de la société, démunis et déscolarisés, la possibilité d’acquérir un vrai métier, celui de musicien professionnel.
Nous les remettons sur le chemin de l’école avec une formation élémentaire de base (mathématiques, arabe, français, histoire, éducation civique…) et une formation musicale intensive, avec plus de quatre heures de musique par jour.
Au bout de cinq ans, ces enfants auront un métier dans un secteur à forts débouchés. Ils pourront intégrer un orchestre, devenir professeur de musique… Pour l’instant, nous avons ouvert une classe pilote de 35 enfants à Rabat mais notre objectif est de former 100 enfants à Rabat et 100 à Casablanca. Nous sommes très fiers d’avoir reçu le soutien de l’INDH et de grandes institutions marocaines qui partagent notre rêve.
Propos recueillis par S. Zeroual