Les études Inform et Epoch, dont les données couvrent près de 30 millions d’individus, révèlent que les immunodéprimés représentent environ un quart de toutes les hospitalisations, admissions en soins intensifs et décès liés à la Covid-19.
Par M. Boukhari
De nouvelles données issues de deux études approfondies sur des données probantes par AstraZeneca ont souligné que les personnes immunodéprimées (ID) continuent de faire face à des fardeaux importants et disproportionnés liés à la Covid-19. Et ce, notamment avec des taux considérablement supérieurs de complications graves de la Covid-19 par rapport à la population générale. Comme pour les autres vaccins, il semblerait que ceux contre la Covid-19 ne soient pas aussi efficaces chez les personnes immunodéprimées que pour la population générale, en raison de leur incapacité à produire une réaction de protection robuste au vaccin.
Par conséquent, les personnes immunodéprimées peuvent ne pas être suffisamment protégées contre la Covid-19 et rester exposées à un risque élevé d'infection par le SRAS-CoV-2 et de complications graves de la Covid-19. Notons que les études Inform et Epoch ont été publiées respectivement dans les revues Lancet Regional Health Europe et Current Medical Research and Opinion. Bien qu'elles représentent jusqu'à 4% de la population, les personnes immunodéprimées constituent environ un quart de toutes les hospitalisations liées à la Covid-19 (22%), des admissions en soins intensifs (28%) et des décès (25%) en Angleterre, précise l’étude Inform. Même avec des doses multiples de vaccins contre la Covid-19, les personnes ID présentent un risque jusqu'à 14 fois supérieur d'hospitalisation pour la Covid-19 que la population générale. De fait, le risque d'hospitalisation, d'admission en soins intensifs et de décès était disproportionnellement plus élevé pour les personnes immunodéprimées par rapport à la population générale, indépendamment de l'affection primaire. Certaines personnes immunodéprimées, telles que les receveurs de greffes d'organes pleins et de cellules souches et les personnes récemment traitées pour des cancers du sang, ont présenté un risque plus de 10 fois supérieur à celles qui ne souffrent pas de ces pathologies.
La vaccination seule n’est pas suffisante
Par ailleurs, les données d'Epoch indiquent de longues hospitalisations et des coûts élevés pour les patients ID, avec des coûts totaux moyens pour les hospitalisations associées au premier diagnostic de Covid-19 pour lesdits patients, estimés à près de 1 milliard de dollars en 2021. Et ce, avec un coût moyen de 64.029 USD, soit approximativement 657.259,61 MAD par patient et une durée moyenne d'hospitalisation de 15 jours. «À ce jour, notre compréhension du fardeau de la Covid-19 chez la population immunodéprimée demeure limitée en raison du manque de recherche dédiée dans ce domaine. Inform et Epoch sont les premières études à grande échelle qui fournissent conjointement un aperçu détaillé de l’impact que la Covid-19 continue d’avoir sur ces groupes de patients dans différentes zones géographiques.
Comme le montrent nos données, la vaccination seule n'est souvent pas suffisante pour protéger ces personnes contre les conséquences potentiellement dévastatrices de la Covid-19, et des stratégies de prévention efficaces sont nécessaires pour cette population. Nous devons travailler ensemble pour trouver des solutions afin que cette population vulnérable puisse dépasser la pandémie», a affirmé Paul Moss, professeur en hématologie à l'Université de Birmingham, Royaume-Uni, et chercheur Inform. Pour sa part, Hugh Montgomery, professeur de médecine de soins intensifs à l'University College de Londres, au Royaume-Uni, a affirmé : «Avec une probabilité plus élevée de maladie grave, des séjours hospitaliers plus longs et des coûts associés élevés, le fardeau de la Covid19 pèse de manière disproportionnée sur les patients immunodéprimés et exerce une pression importante sur les systèmes de santé. Aujourd'hui que les cas de Covid-19 et les hospitalisations sont à nouveau en hausse, ce fardeau pesant sur les personnes immunodéprimées pourrait s'aggraver à l'approche de la saison hivernale 2023-2024. L'accélération du développement de nouvelles thérapies qui pourraient aider à protéger ces personnes vulnérables contre la Covid-19 et à s'assurer qu'elles peuvent gérer correctement leurs affections sous-jacentes demeure une priorité urgente en matière de santé».