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Cinéma : 2021, grise année pour le film marocain

Cinéma : 2021, grise année pour le film marocain

Après avoir jeté quelques étincelles trompeuses, le cinéma marocain a été, durant l’année écoulée, assailli par le doute, l’amertume et la déprime. Le renouveau annoncé se fait attendre.

Par R. K. Houdaïfa

 

Flash-back. Décembre 2020. Bilan de santé de notre cinéma : net regain de forme. Le cinéma marocain allait cahin-caha. Il va mieux que bien. On efface d’un trait rageur les années d’amertume ressassée. On se polarise sur les indices du redressement prometteur de lendemains enchanteurs. De fait, l’année 2020 produit une impression qui invite à l’optimisme : 13 longs métrages et 83 courts métrages commis; émergence de jeunes cinéastes pétris de talent; surgissement d’une nouvelle génération d’acteurs promis à une flamboyante popularité. Et surtout de singulières découvertes. Beaucoup d'œuvres, beaucoup de raisons circonstanciées pour observer un doux frémissement qui passe agréablement dans notre cinéma. Frémissement. Le mot paraissait faible. Emportée par l’euphorie, la critique ne cessait de célébrer, sur l’air des lampions, le renouvellement esthétique et la soudaine jouvence de notre cinématographie nationale.

Sur les 13 long métrages, seuls quelques-uns firent mouche. Les autres peinaient à passer la rampe. Non par défaut de maîtrise technique, loin s’en faut, mais à cause de leurs imperfections scénaristiques. A croire que nos cinéastes traitent la conduite du récit par-dessus la jambe pour ne se focaliser que sur l’aspect esthétique. Or, l’histoire importe autant, sinon davantage que la mise en scène. Il se trouve que confrontés à la carence de scénaristes accomplis, nos cinéastes sont réduits à prendre en charge le versant narratif. Ce qu’ils font souvent maladroitement. Du coup, le spectateur est sevré de l’intensité dramatique, du trouble bienfaisant et de l’émotion jubilatoire qu’il est venu précisément recueillir.

Bref, si l’on souligne l’avancée de notre cinéma dans le domaine de la réalisation, on pointe, en revanche, ses nombreux manques. Ils sont rédhibitoires, puisqu'ils affectent la substance même de l’œuvre filmique : pénurie de producteurs, qui fait que les réalisateurs s’improvisent dans ce rôle auquel ils n’entendent rien; absence de scénaristes et de dialoguistes; défaut d’interprètes dignes de ce nom. Comme palliatif, le cumul.

Et si le Centre cinématographique marocain (CCM) n'a pas publié les chiffres pour 2021, l'année ne s'annonce pas meilleure.

 

Nouvelle production

Lors de sa troisième session au titre de l’année 2021, les 20, 21, 22 et 24 décembre 2021, la Commission d’aide à la production des œuvres cinématographiques a examiné, pour l’avance sur recettes après production, 1 long métrage et 2 courts métrages, alors que pour l’avance sur recettes avant production, la Commission a procédé à l’examen de 29 longs métrages et 4 courts métrages. Au terme de ses délibérations, la Commission a décidé d’accorder dans la catégorie des films de fiction, une avance sur recettes (après production) d’un montant de 200.000 DH au film documentaire intitulé «Essadabe» réalisé par Oamar Mayara, d’après son propre scénario, et d’un montant de 150.000 DH au court métrage intitulé «Le Pécheur et l'Histoire», réalisé par Mohamed Bouhari – également d’après son propre scénario.

Par ailleurs, une avance sur recettes avant production d’un montant de 5.000.000 DH est accordée au long métrage «Autisto» réalisé par Gerôme Maurice Cohen Olivar, d’après son propre scénario. La même somme est accordée au projet de «Shlomo» réalisé par Mohamed Marouazi, d’après le scénario de Yassine Zizi et Abdellatif Chouta. De surcroît, un montant de 4.325.000 DH est accordé à «La nuit du destin» réalisé par Mourad Boucif, d’après son propre scénario, en plus de la même somme accordée au projet de film «Les Damnés ne pleurent pas» réalisé par Faisl Boulifa, d’après son propre scénario. Et pour clore, un montant de deux cent mille dirhams 200.000 DH est accordé au projet de film de court métrage intitulé «Ce que la mer emporte» réalisé par Nayl Fassi-Fihri, d’après son propre scénario.

Ceux-là, s’ils ne brillent pas de mille feux, pour toutes les raisons invoquées auparavant, nous souhaiterons qu’ils ne soient pas dépourvus d’attraits. Et à moins de vouloir jeter le bébé avec l’eau du bain, il conviendrait de les voir. Rideau. 

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