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Parution : «Couleurs en archipel», géographies chromatiques

Parution : «Couleurs en archipel», géographies chromatiques

L’écrivain et critique d’art, Abdelhak Najib, poursuit son voyage dans la peinture marocaine, en publiant un nouveau tome de la série à succès : «Ce que m’ont dit les peintres». Une lecture profonde et poétique de plusieurs univers d’artistes plasticiens qui ont écrit de belles pages dans la peinture marocaine.

 

Par Docteur Imane Kendili
Psychiatre et auteure 

 

Après «Ce que m’ont dit les peintres» dans son premier volet dédié à quelques grandes figures de la peinture marocaine telles que Mohamed Kacimi, Miloud Labied, Farid Belkahia, Châabia Tallal, Malika Agueznay, Aissa Ikken… et d’autres plasticiens de belle facture, Abdelhak Najib poursuit son voyage dans les arts plastiques marocains avec un troisième tome pour rendre hommage aux artistes peintres les plus novateurs et qui ont influencé l’histoire des arts au Maroc. 

 

Dans ce troisième volet qui vient après «Ce que m’ont dit les peintres 2», dédié à la peinture au féminin, le critique d’art, Abdelhak Najib, met à l’honneur des artistes comme Fouad Bellamine, Hassan Echair, Abbès Saladi, Tibari Kantour, Noureddine Daifallah,  Abderrahim Iqbi, Hakim Ghazali, Noureddine Chater, Karim Alaoui, Aissa Ikken (encore une fois), Abderrahmane Rahoule, Imad Mansour, Mohamed Idrissi Mansouri, Abdellatif Lasri, Abderrahmane Ouardane… et d’autres visages qui font le socle de la peinture marocaine aujourd’hui, avec des styles différents, des approches novatrices et des référentiels aussi larges et riches rendant compte des nombreuses ramifications des arts plastiques du Maroc de 2023. 

 

Une sélection qui porte aujourd’hui à soixante artistes le nombre de plasticiens que Abdelhak Najib analyse et commente dans un dialogue constant avec les peintres. Un échange constant qui va au-delà des livres pour toucher les médias et surtout la presse écrite puisque le critique d’art publie depuis trente ans une série d’analyses dans plusieurs publications nationales et étrangères pour mettre en exergue toute la force et la beauté de la peinture marocaine, qui compte parmi les plus abouties dans le monde arabe aujourd’hui, au même titre que la peinture irakienne ou syrienne. 


 
Fidèle à sa logique de traiter la peinture, Abdelhak Najib, qui écrit sur le sujet depuis plus de trois décennies, nous met face à ce qui sous-tend la toile, dans sa complexité, sans jamais donner dans les interprétations toutes faites si répandues dans le paysage «critique» à la marocaine, avec des schémas préétablis pour faire la lecture de tous les artistes et de leurs œuvres à partir du même prisme de la symbolique et de la sémiologie des couleurs. Une méthode analytique, qui, il faut le dire, reste à la surface des œuvres et leur assigne des interprétations souvent erronées et passe-partout, à telle enseigne que, souvent, on peut changer les noms et les dates, et le texte demeure le même pour tous les artistes traités !


 
Rien n’est plus éloigné de la démarche de Abdelhak Najib, critique d’art chevronné, qui connaît très bien les artistes dont il parle pour les avoir fréquentés, pour être l’ami de certains d’entre eux connaissant leurs univers si éloignés les uns des autres. Une proximité qui permet à l’auteur de ces analyses d’être au plus près de l'œuvre dans son évolution à travers les périodes picturales et les influences qui surviennent en cours de route. C’est dans ce sens que le critique d’art part des œuvres elles-mêmes, de leurs compositions, de la recherche chromatique de chaque artiste, dans sa singularité, dans son travail intrinsèque qui le différencie des autres et apporte un regard multiple à toute cette production picturale au Maroc aujourd’hui. D’ailleurs, dans les trois tomes que nous avons eu à lire (Ce que m’ont dit les peintres 1, 2 et 3), aucun texte critique ne ressemble à l’autre, aucun mot n’est répété deux fois, aucune phrase passe-partout et recyclée ailleurs, aucune répétition, aucune redondance, aucun compromis ni légèreté. C’est dire toute l’exigence de l’auteur Abdelhak Najib, qui tient à donner à chaque univers son ancrage à la fois au niveau de la langue et au niveau du traitement qui lui est consacré, avec des lectures profondes qui puisent dans l’histoire de l’art, dans la poésie, dans la philosophie, dans l’archéologie, dans l’ethnologie,  dans la sémantique, dans la philologie et l’anthropologie.


 
En effet, ce troisième volet qui réunit des hommes et des femmes, des générations différentes d’artistes plasticiens nous offre une autre dimension du travail critique de Abdelhak Najib, qui montre à quel point on se trompe quand on catalogue les artistes dans des cases et des écoles les mettant en boîte comme si leurs œuvres étaient déjà achevées et immuables. Rien n’est plus éloigné des vérités des arts plastiques qui, d’un côté, ne sont jamais finies (aucune toile ne peut l’être puisqu’elle vit du regard de celui qui la voit) ni établies de manière statique et immuable. Au contraire, l'œuvre vit de sa propre vie. Elle évolue. Elle grandit. Elle offre de nouvelles facettes de sa profondeur. Elle nous surprend. Elle nous parle. Elle peut aussi nous tromper et nous induire dans l’erreur de vouloir la voir comme une œuvre figée.


 
Pour Abdelhak Najib, la peinture a ceci d’intouchable et d’ineffable, «Qui va au-delà du mot et de ses signifiances. La peinture est une mise en abîme constante. Chaque univers évolue et révèle au fil du temps ses zones d’ombre et ses sinuosités multiples et infinies. A nous de regarder et de voir l'œuvre dans sa genèse et dans son cheminement qui se situe au-delà du verbe et de ses contingences».   


 
«Couleurs en archipel». Essai critique. Éditions Orion. 320 pages. Décembre 2023. Disponible en librairie.

 

 

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