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Humeur : Guerre de mémoire

Humeur : Guerre de mémoire

Le Wydad Athletic Club (WAC) a accueilli les Angolais de Petro Atlético, ce vendredi 24 février au complexe Mohammed V, dans le cadre de la 3e journée de la phase de groupe de la Ligue des Champions (LDC). Les supporters, tout de noir vêtus, ont donné à voir deux imposantes fresques éphémères. Le tout accompagné d’une banderole, un message, fumigènes et feux d’artifice. On y était, on vous décortique la performance des pro-rouges : Ultras Winners.

Par R. K. Houdaïfa

 


En effet, les Winners (classés N°1 in the world en 2022) ont troqué leur couleur fétiche pour du noir, vendredi 24 février, à l’occasion du match contre les Angolais d’Atlético Petro de Luanda, en LDC. Et ce, pour une raison : «Mahzalat Radès». Traduction : Farce, entourloupe…scandale de Radès. Soit. Peu importe le vocable, la seule certitude, c’est que le WAC a été victime d'injustice de la part des arbitres et par là même de la Confédération africaine de football (CAF). De fait, le noir c’est «pour (leur) rappeler que le combat est toujours en cours», soulignent les aficionados des Rouges et blancs.

 

Flashback 

A domicile (Rabat). Vendredi 24 juin 2019. L’arbitre égyptien Gehad Greisha a invalidé un but (à la 47e minute) pourtant valable du WAC en finale aller de la LDC face à l’Espérance de Tunis (EST). Pis encore, il a omis de siffler un pénalty (56e minute), a averti sans raison le défenseur Achraf Dari… Des erreurs flagrantes d’appréciation qui ont faussé le résultat du match, le soldant par le score 1-1. 

 

A l’extérieur. Vendredi 31 juin 2019. Les joueurs du Wydad ont refusé de reprendre le match et exigé de consulter la VAR suite au but égalisateur de Walid El Karti à la 59ème minute. Alors que son but était parfaitement valable, l’arbitre de la rencontre, le Gambien Bakary Gassama, l’avait refusé pour un supposé hors-jeu. Gassama n’avait même pas pris la peine de corriger son erreur, faute de «VAR défectueuse» ?! S’ensuivront alors plusieurs minutes d’agitation qui verront une pluie de personnes se rendre sur la pelouse, y compris Ahmed Ahmed, alors président de la CAF…


Pour couronner le tout, le verdict de ladite confédération a désigné officiellement l'EST championne d'Afrique, et stipule que la formation marocaine a perdu la finale retour par forfait pour «abandon de match». Une décision qui n'a évidemment pas plu aux Rouges. 

 

Riposte, acte II

La colère est toujours vive. Au coup d’envoi du match Wydad-Petro Atlético, les pro-rouges ont déployé deux imposantes fresques éphémères en rapport avec la finale de la LDC 2019. Le tout accompagné d’un message, de fumigènes et feux d’artifice.

 

Orgueil des Marocains, le Wydad a été le rêve réalisé des nationalistes de la première heure. Ce club «a été créé pour la résistance, et il préservera ses principes pour toujours (…) Le contenu des deux tifos est allé dans cette direction», affirment les Winners.

 

On y voit dans le premier, où beaucoup d’encre a coulé, le ninja ressuscité de la série de jeux Mortal Kombat : «Scorpion». C’est un spectre infernal représentant la voix de la vérité et de la justice, mais qui cherche inexorablement à se venger des responsables de la destruction de son clan et de la mort de sa propre famille. La plus connue de ses armes est la lance, un kunai attaché à une longue chaîne, qui représente le dard de Scorpion. Parfois, celle-ci est rendue plus puissante grâce au Feu des Enfers (le feu du NetherRealm) dont il ne s'en sert que pour confirmer la mort de son opposant d'une manière violente et douloureuse, en le crachant par son crâne après avoir enlevé son masque…«Son caractère nous représente et incarne notre lutte pour la justice du football (…) La vengeance est ce que nous recherchons dans chaque match continental», indique la même source.

 

Puis, l’animation collective, faite de plastiques noires, rouges et jaunes portées par chaque supporter rhabille toute la Curva Nord d’une inscription magistrale : Immortal kombat. Ici, le nom du fameux jeu Mortel kombat a été manipulé par l’ajout de deux lettres : «im». Histoire d’indiquer que «notre bataille contre la CAF et pour la coupe volée ne sera pas oubliée, et ne mourra pas (…) cette injustice que nous avons subie restera une honte dans l'histoire du football», expliquent-ils.

 

Le tout appuyé par la chanson «Verdict / yal oumma net9at b’7kamha / bit El Karti / ya za3za3 l’VAR w’Gassama…» et une imposante banderole : «Our rights, our fights (nos droits sont nos combats)», qui s’étale sur… cent mètres de long. Qui plus est, un autre message a été hissé portant la phrase : «Putting your darkness under our lights»...

 

Point d’orientation politique. A travers ces performances, le groupe de supporter a voulu envoyer un message sarcastique. Les Winners n’ont voulu qu’arpenter le territoire de la mémoire et nous rappeler cette «honte» qui restera une disgrâce pourchassant le football africain : «farce» de Radès. Mais, également d’envoyer un message métaphorique à leurs adversaires : «Et comme le personnage de ‘Scorpion’, le Wydad n'a peur de personne (…) Quand tout le monde attend sa chute, il démontre inlassablement que ses adversaires ne valent rien devant lui»…

 

Dites donc, l’Histoire ne retient-elle pas les détails et regarde de haut la petite histoire ? Cela revient à remuer le couteau dans la plaie.

 

 

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