La ZLECA, associée à la mise en place de mesures de facilitation des échanges, pourrait augmenter le commerce industriel sous-régional d’environ 70%.
Par Momar Diao
L’un des plus grands challenges des pouvoirs publics au niveau du Maghreb, qui abrite une population de 100 millions de personnes, est de trouver les voies et moyens afin de dynamiser la coopération politique et économique en Afrique du Nord.
Trente ans après la création de l’Union du Maghreb Arabe (UMA), force est de constater que les cinq pays-membres (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye et Mauritanie) n’ont pas su exploiter pleinement le grand potentiel économique dont recèle l’organisation régionale, comme en témoigne la faiblesse de l’intégration économique et celle du commerce intra-régional. Les échanges commerciaux intra-maghrébins ne portent que sur quelques biens. A titre illustratif, le Maroc qui importe des combustibles et des hydrocarbures de l’Algérie, exporte du fer, de l’acier, des articles d’habillement, des véhicules et des appareils électriques vers l’Algérie, la Tunisie et la Mauritanie. Ce qui montre le nombre réduit de produits échangés.
Dans ce contexte en proie au caractère timoré de l’intégration économique dans cette partie de l’Afrique, l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) depuis le 30 mai 2019 serait une aubaine, à en croire la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies (CEA).
Hausse du commerce industriel sous-régional
Pour rappel, la ZLECA constitue la plus grande zone de libre-échange au monde depuis la création de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), notamment en termes de nombre de pays participants. Elle s’étend sur un marché potentiel de 1,2 milliard de consommateurs pour un produit intérieur brut (PIB) cumulé de plus de 2.500 milliards de dollars.
La CEA révèle que pour l’Afrique du Nord, la ZLECA, associée à la mise en place de mesures de facilitation des échanges, pourrait augmenter le commerce industriel du Maghreb d’environ 70%.
Ce qui constituerait un réel catalyseur de développement à l’échelle sous-régionale en raison du grand potentiel de créations d’emplois stables et qualifiés du secteur industriel sur lequel mise le Royaume avec l’édification du Plan d’accélération industrielle (PAI).
Au niveau du continent, la mise en place de la ZLECA entraînerait, selon les experts de l’organisation onusienne, une forte progression du commerce intra-africain avec une augmentation de plus de 60% des échanges intérieurs. Ce qui représente plus de 42 milliards de dollars en volume, notamment les produits transformés à grande valeur ajoutée.
Par ailleurs, les vertus prêtées à une intégration économique plus poussée en Afrique du Nord par les échanges commerciaux de biens et services sont, entre autres l’élargissement du marché, avec à la clef une plus forte attractivité pour les investisseurs.
A cela s’ajoutent la constitution de chaînes d’approvisionnement régionales ainsi que leur insertion dans les chaînes de valeur mondiales. Sachant que l’autre grand défi des blocs régionaux du continent, y compris le Maghreb, est le renforcement de la résilience face aux chocs économiques.
En définitive, il importe de ne pas omettre certains facteurs de succès de la ZLECA qui sont, outre la volonté politique, l’harmonisation des règles communes, la construction et la réhabilitation des infrastructures et le développement du marché financier du continent.
Encadré : Gain d’un point de croissance
Les experts du Fonds monétaire international (FMI) qui se sont penchés sur la création de flux d’exportations supplémentaires au Maghreb, suggèrent que celle-ci pourrait passer par le transport, les produits alimentaires, les métaux et les produits chimiques marocains à destination de la Tunisie. L’analyse des spécialistes du FMI fait également ressortir que les produits minéraux du Royaume pourraient être exportés vers l’Algérie. Du côté de l’institution de Bretton Woods, l’on chiffre à près d’1 point de croissance les implications d’une intégration économique plus poussée à long terme au Maghreb.