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Risques financiers: quand l’urgence climatique devient urgence financière

Risques financiers: quand l’urgence climatique devient urgence financière

S’engager pour une finance verte, accompagner la transition énergétique, prendre en compte les nouveaux risques liés au réchauffement et aux aléas climatiques… : ces priorités s’ajoutent désormais à l’agenda -déjà très chargé- des régulateurs et établissements financiers marocains.

Cet article est le premier d’une série consacrée à l’impact du risque climatique sur le système financier, aux initiatives prises par les régulateurs et au défi méthodologique de la mesure de ce risque émergent.

 

Par Y. Seddik

 

C’est un sujet très peu abordé, quand bien même il est important. Les changements climatiques provoqués par l’évolution des conditions météorologiques comportent des menaces considérables pour le système financier. Ils posent également plusieurs défis aux régulateurs, qui devraient quantifier ces risques et mettre en place des mesures adéquates pour y faire face. À ce jour, deux types de risques sont identifiés : les risques «physiques» induits par la hausse des phénomènes climatiques extrêmes et les risques «de transition» liés à la migration vers des modèles économiques à bas carbone. Pour schématiser, les premiers affectent l’économie dans son ensemble en induisant un resserrement des conditions financières, augmentant le risque de défaillance des portefeuilles de prêts et diminuant la valeur des actifs. Les seconds impactent les institutions financières à travers leurs expositions à des entreprises dont les modèles d’activité ne reposent pas sur les principes économiques de réduction des émissions de carbone.

Le Maroc, pays très exposé

Ces changements sont déjà une réalité au Maroc. Ce dernier figure parmi les pays les plus exposés aux risques géologiques et climatiques dans la région MENA. Selon une étude de la Banque mondiale sur les risques liés aux catastrophes naturelles, les pertes annuelles moyennes du Maroc liées aux catastrophes naturelles s'élèvent à plus de 800 millions de dollars. En raison de sa position géographique, de la forte variabilité des précipitations et de sa topographie, le Maroc est régulièrement sujet aux inondations (comme en témoignent les dernières intempéries à Casablanca), causant des pertes estimées à plus de 400 millions de dollars par an. La sécheresse et les tremblements de terre sont aussi sources de risques pour le pays.

La Banque centrale à l’avant-garde

Afin d’y remédier, Bank AlMaghrib a récemment mis en place un projet d’élaboration d’une directive règlementaire où elle liste ses attentes dans le verdissement du système financier marocain en tant que régulateur. Initié pour maintenir la stabilité financière, ce projet demandera aux banques d’inclure les préoccupations liées au changement climatique dans leur gestion et leur stratégie. Il vise également à étendre leur cartographie des risques à ceux liés à la dimension environnementale.

En cela, BAM exhorte les banques à communiquer sur ces menaces en intégrant progressivement les recommandations du TCFD (Task Force on Climate-related Financial Disclosures, un groupe de travail créé en 2015 par le Financial Stability Board). BAM s’apprête parallèlement à lancer une étude nationale sur les risques climatiques au Maroc, avec l’accompagnement d’experts internationaux. Objectifs : se préparer aux effets du changement climatique et gérer les risques financiers qui en découlent.

Complexité de mesurer ces risques

Les investisseurs font face à une double problématique. D’un côté, financer la transition énergétique qui nécessite des fonds colossaux (2,4 trillions de dollars par an dans les 20 prochaines années). Et de l’autre, intégrer ces nouveaux risques climatiques dans leur processus de prise de décisions, alors que dans la pratique, l’analyse de cette nouvelle famille de risques n’est pas chose simple.

D’ailleurs, Abdellatif Jouhari, wali de BAM, avait expliqué lors de la Conférence internationale sur la finance verte que «les risques liés au changement climatique, qu’ils soient physiques ou de transition, sont complexes à appréhender et à mesurer». Pour lui, «cette complexité est accentuée en l’absence d’un langage ou d’une taxonomie commune permettant de distinguer les actifs verts et bruns, d’un manque de données suffisamment granulaires et d’outils d’évaluation de ces risques, dont la nature est certaine, mais dont l’ampleur et les impacts sur le secteur financier restent mal cernés». A suivre…

 

 

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