Dans un marché où toutes les thèses -haussières comme baissières- peuvent être défendues, la balance penche toujours du côté où il y a le plus d'acteurs à prendre à contrepied. En cette fin de semaine, un courant acheteur dominant est intervenu pour emmener l’indice au-dessus d’un niveau technique des 13.000 points, confirmant ainsi le risque haussier.
La place casablancaise a donc connu une semaine positive, malgré les premières journées où l’indice était complétement assoupi. De lundi à vendredi, le marché a grappillé 0,63%, pour finir autour des 13.056 points en clôture hebdomadaire.
Les volumes, premier indicateur d’activité boursière, laissent montrer un manque d'initiatives criant sur le marché. En réalité, trois phénomènes expliquent la baisse d’engagement en cette période, dont des résultats annuels largement anticipés.
On vous en parle ici : Bourse : 3 phénomènes expliquent la baisse actuelle des volumes
Cette semaine, nous comptons un flux d’activité de 348 MDH sur le marché central, en baisse de 18% par rapport à la semaine dernière.
Un reprise haussière conditionnée par la saisonnalité des marchés?
Nous sommes à deux jours du mois de mai et le célèbre adage boursier «Sell in may and go away » refait surface. Il faut dire que ce mois est souvent un point d’inflexion dans l’année boursière.
En règle générale, c’est durant cette période que les dividendes sont détachés des actions, notamment Maroc Telecom et quelques valeurs financières. Tout naturellement, les cours des actions baissent alors du niveau des dividendes distribués. Pour les actionnaires, aucun souci. Mais pour l'indice Masi, la baisse est mécanique, car la place casablancaise n’est pas un marché où les dividendes sont réinvestis.
Certes, cette stratégie n’est pas une règle absolue. Mais, plusieurs statistiques indiquent en effet qu’historiquement parlant, la période allant de mai à septembre n’est pas favorable aux investisseurs sur le marché boursier marocain.
Ainsi, le déclin saisonnier frappera-t-il le marché actions cette année ? L'avenir nous le dira. Par ailleurs, les résultats trimestriels des banques marocaines, auxquels un délai additionnel de deux mois a été accordé par rapport au délai réglementaire, devraient également conditionner la tendance.
Eléments graphiques :
Techniquement, l’impulsion haussière marquée sur l'indice lors de la dernière séance (vendredi), a permis à celui-ci de dépasser le seuil technique des 13.000 points. On surveillera dès lundi, la capacité des haussiers à maintenir cette dynamique et à aller chercher de nouvelles. Les indicateurs dynamiques passent de neutres à haussiers, à court terme.
Masi en données quotidiennes. Investing.com
À moyen termes la solidité du support dynamique majeur, indiqué la semaine passée n’est pas remise en cause. Le risque haussier pour les semaines à venir sera donc privilégié, tant que la MM20s soutient les cours en clôtures hebdomadaires. A contrario, le scénario sera complètement abandonné par le passage sous 12.750 points.
On prendra soins de rappeler qu'à moyen-long termes, la tendance de fond n’est pas attaquée et reste haussière et que le biais à court-terme passe de neutre à haussier.
Marché mondiaux : Les points à retenir
* Réunion du FOMC sur fond de hausse des anticipations d'inflation
* Le rendement des Treasuries à 10 ans a dépassé 3%
* L'exemption de l'UE sur les tarifs sur l'acier expire le 1er mai
* Les Etats-Unis débutent à peine les négociations avec la Chine
* Le PIB du T1 de la zone euro connu mercredi
Inflation et protectionnisme convergent à l'agenda des marchés
Oscillant depuis deux mois entre les craintes inflationnistes et protectionnistes, les marchés pourraient bientôt être confrontés à une convergence de ces deux thématiques.
La réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale (Fed), mardi et mercredi, interviendra sur fond de remontée des anticipations d'inflation alimentée par la hausse des prix des matières premières, ce qui a conduit à de nouvelles tensions sur les rendements obligataires.
Parallèlement, l'exemption accordée par les Etats-Unis à l'Union européenne sur les tarifs douaniers concernant les importations d'acier et d'aluminium expire le 1er mai. Et les négociations entre la Chine et les Etats-Unis, qui se sont mutuellement menacés début avril de milliards de dollars de tarifs douaniers, ne semblent pas avoir véritablement démarré.
"Le rebond récent des Bourses, en particulier en Europe, donne l'impression que ces thématiques sont passées au second plan. Pourtant, la Chine a prévenu que des négociations bilatérales n'ont toujours pas été formellement engagées entre les deux pays", indique Tangi Le Liboux, stratège chez Aurel BGC.
Cela pourrait être le cas dans les prochains jours: une délégation américaine, emmenée par le secrétaire au Trésor, Steve Mnuchin avec le conseiller économique de la Maison blanche, Larry Kudlow, doit se rendre en Chine pour évoquer les différents commerciaux entre les deux pays.
"Nous pensons que certaines concessions seront faites et qu'en dépit des tweets ponctuels que pourrait diffuser le président américain, la situation finira par s'apaiser", veut croire Fabiana Fedeli, responsable actions fondamentales internationales chez Robeco.
Toutefois, "si toutes les négociations venaient à échouer et qu'une véritable guerre commerciale éclatait, les marchés actions subiraient un double coup dur", prévient-elle.
D'une part, les résultats des entreprises, aussi bien importatrices qu'exportatrices, pâtiraient des droits de douane. D'autre part, les pressions inflationnistes pourraient augmenter aux États-Unis, ce qui pourrait conduire à un resserrement plus rapide que prévu de la politique monétaire de la Fed.
Le risque protectionniste s'ajouterait alors aux craintes inflationnistes, "en un gros gloubiboulga indigeste pour les marchés" prévient Tangi Le Liboux.
Par Boursenews