La Russie et l'Arabie saoudite ont conclu entre eux en septembre un accord d'augmentation de la production pétrolière afin de freiner la hausse des prix et en ont informé les Etats-Unis, avant une réunion à Alger avec d'autres producteurs, ont dit quatre sources au fait du dossier.
Le président américain Donald Trump accuse l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de faire monter les cours et l'enjoint d'augmenter la production avant les élections de mi-mandat aux Etats-Unis en novembre.
Le ministre saoudien de l'Energie, Khalid al-Falih, a accepté d'augmenter la production pour répondre à la demande d'acheteurs qui réduisent leurs importations de brut iranien du fait du rétablissement des sanctions américaines à l'encontre de Téhéran.
Cet acquiescement est intervenu à l'issue de rencontres séparées avec ses homologues russe et américain en septembre, ont dit les sources, sans préciser quelle serait l'ampleur de la hausse de la production.
"Les Russes et les Saoudiens ont accepté de mettre discrètement plus de barils sur le marché afin de ne pas donner l'impression qu'ils agissent sous la pression de Trump", a observé l'une des sources.
Cet accord en coulisses souligne que la Russie et l'Arabie saoudite, premier exportateur pétrolier mondial, prennent les décisions en matière de politique de production en commun avant de consulter les autres grands pays producteurs.
L'Arabie saoudite, seul pays disposant de capacités disponibles lui permettant d'équilibrer rapidement le marché, souhaite toutefois maintenir l'unité de l'OPEP+, le groupe constitué par les pays de l'OPEP, la Russie et d'autres pays producteurs à l'exception des Etats-Unis, pour réduire l'offre et les excédents sur le marché, ont dit les sources.
Elles ont ajouté que Ryad voulait être sûr de pouvoir faire machine arrière à l'avenir en comptant sur la collaboration de tous les autres pays membres de l'OPEP+ pour d'éventuelles futures baisses de production.
L'Arabie saoudite dispose aussi de millions de barils en stock qui peuvent être mobilisés, ont dit les sources, stocks qui, en juillet, étaient de 229.409 millions de barils. BALLON ROND
Avant de s'entendre avec la Russie, Khalid al-Falih s'était rendu aux Etats-Unis durant la deuxième semaine de septembre et avait assisté avec le secrétaire américain à l'Energie Rick Perry à un match de football à l'Université A&M du Texas.
Ils avaient eu ensuite une réunion officielle le 10 septembre à Washington, selon le département américain de l'Energie.
Shaylyn Hynes, porte-parole de Rick Perry, n'a fait aucun commentaire sur la teneur des discussions mais a déclaré que le secrétaire à l'Energie "reste en contact avec les dirigeants des autres grands pays producteurs de pétrole et demeure confiant sur leur capacité à augmenter la production si nécessaire."
Elle a ajouté qu'au cours de rencontres récentes, Rick Perry avait "insisté auprès de ses interlocuteurs sur l'importance pour l'économie mondiale de préserver l'offre."
Dans une interview à Reuters le mois dernier, Rick Perry avait déclaré que l'Arabie saoudite, les Etats-Unis et la Russie pouvaient à eux trois augmenter l'offre mondiale dans les 18 prochains mois afin de compenser la réduction des extractions en Iran et ailleurs.
Perry s'est rendu à Moscou pour rencontrer son homologue russe Alexandre Novak deux jours après sa rencontre avec al-Falih qui a fait le voyage en Russie le lendemain.
Après cet épisode moscovite, al-Falih et Perry se sont à nouveau rencontré à Vienne, ont dit les sources.
"Perry savait que la Russie allait augmenter sa production", a dit une troisième source au fait des discussions.
Ryad et Moscou espéraient annoncer une hausse globale de la production de 500.000 barils par jour (bpj) à eux deux lors de la réunion ministérielle d'Alger fin septembre.
Le projet ne s'est pas matérialisé en raison de l'opposition de plus en plus manifeste de Téhéran, entre autres, et Ryad et Moscou ont choisi de reporter le dossier à la réunion ministérielle plénière de décembre.
"L'Arabie saoudite n'est pas disposée à inonder le marché et à risquer un effondrement des prix; elle doit travailler avec d'autres producteurs et voir ce qu'ils font, voir qui augmente ses exportations et vers quel marché", a expliqué une source. UNE HAUSSE DE LA PRODUCTION, MAIS DE COMBIEN?
Des sources au fait des projets de Riyad ont dit à Reuters que le royaume pourrait augmenter sa production de 200.000 à 300.000 bpj pour faire face à la demande suppémentaire des raffineurs, principalement en Asie.
Al-Falih a dit que la production de l'Arabie saoudite du mois de septembre serait supérieure à celle du mois d'août et que celle d'octobre serait supérieure à celle de septembre. La Russie a aussi augmenté sa production de plus de 130.000 bpj en septembre par rapport au mois précédent.
La production russe a atteint 11,36 millions de bpj en septembre contre 11,21 millions de bpj en août, selon les données du ministère russe de l'Energie.
"Je m'attends à ce que la production de pétrole de la Russie tourne autour de 11,4 à 11,6 millions de bpj jusqu'à la fin de 2018 et augmente peut-être jusqu'à 11,8 millions de bpj en 2019", a dit une source au sein de l'une des plus grandes compagnies pétrolières russes.
Alexandre Novak a dit le mois dernier que la Russie disposait de capacités inemployées et pouvait augmenter sa production de 100.000 bpj chaque année.