Le Maroc doit mettre en place une stratégie globale d’adaptation et d’atténuation des conséquences du changement climatique.
Le rapport 2015 de l’IRES préconise de se doter d’une diplomatie climatique influente pour mieux se positionner sur les questions environnementales et climatiques au niveau international.
Conscient des défis climatiques qui menacent ses ressources naturelles, son économie et la survie de sa population, le Maroc a mis, depuis quelques années, la question environnementale au coeur de ses préoccupations. Et pour cause, les effets du changement climatique se font de plus en plus ressentir et cela risque de s’aggraver.
«Le réchauffement du système climatique est sans équivoque, et depuis les années 1950, beaucoup de changements observés sont sans précédent depuis des décennies voire des millénaires», lit-on dans le 5ème rapport du Groupe d'experts intergouvernemontal sur l'évolution du climat (GIEC). Pour y faire face, le gouvernement marocain, sous l’impulsion royale, a lancé plusieurs stratégies et politiques dans le domaine environnemental, s’inscrivant ainsi dans un développement durable. Charte nationale de l'environnement et du développement durable, stratégie énergétique, stratégie nationale de l’eau, engagement du Royaume aux efforts de lutte contre le changement climatique (INDC Maroc)…, autant de mesures et d’actions qui confirment la volonté du Maroc de prendre part à la lutte contre le changement climatique. Toutefois, ces stratégies sont menées séparément en l’absence d’une cohérence d’ensemble. Sans oublier que la question climatique et l’adaptation aux changements climatiques n’est toujours pas intégrée dans toutes les stratégies sectorielles.
C’est pourquoi l’Institut royal des études stratégiques (IRES) préconise, dans son rapport 2015, de mettre en place une stratégie globale d’adaptation et d’atténuation des conséquences du changement climatique.
Une stratégie qui chapeauterait toutes les initiatives prises par le Royaume dans ce domaine afin de faire face aux moult menaces qui le guettent, à savoir l’accentuation du stress hydrique, l’insécurité alimentaire, la vulnérabilité accrue du littoral ainsi que la menace relative à la sécurité sanitaire.
Diplomatie climatique
En plus d’une stratégie globale, le Maroc doit se doter d’une diplomatie climatique influente pour mieux se positionner sur les questions environnementales et climatiques au niveau international. D’après le rapport de l’IRES, c’est même la condition sine qua non pour réussir la COP 22, que le Maroc abritera en décembre 2016.
«La diplomatie climatique du Maroc ne peut être efficiente que si elle s’appuie sur un projet national centré sur les véritables enjeux climatiques du pays», a précisé, récemment, Mohammed Tawfik Mouline, Directeur général de l’Institut.
Il est également indispensable de développer de nouvelles alliances avec les groupes de négociations climatiques ayant les mêmes intérêts stratégiques que le Maroc. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui puisque les pays qui siégent dans les groupes de négociations dans lesquels le Maroc intervient ne partagent pas les mêmes aspirations que le Royaume.
C’est le cas des pays du Golfe, gros producteurs d’hydrocarbures, qui sont hostiles à la lutte contre le réchauffement climatique qui va à l’encontre de leurs intérêts. Selon Mohammed Tawfik Mouline, le Royaume devrait s’allier aux groupes de négociations climatiques de l’Union pour la Méditerrané (UPM) et de la communauté sahélo-saharienne (CEN-SAD), avec lesquels il partage les mêmes problématiques environnementales. A cet effet, le Maroc doit se munir des instruments et des outils qui lui permettent d’avoir une diplomatie climatique forte dans l’objectif de renforcer les capacités de négociation et de mieux maîtriser les enjeux climatiques internationaux. Mais pas seulement, puisque l’enjeu consiste également à capter les financements nécessaires pour l’adaptation et l’atténuation aux changements climatiques. D’après ledit rapport, il faut mobiliser la coopération bilatérale et multilatérale, en termes de financement et de renforcement des capacités. Cela dit, en attendant que la communauté internationale trouve un consensus sur la question climatique et débloque les fonds nécessaires, le Maroc, à l’instar d’autres pays non pollueurs, a décidé de donner l’exemple aux pays industrialisés en devenant un acteur dans la lutte contre les changements climatiques même en n’étant pas émetteu.
Brève
Un don de 4 millions de dollars
Dans le cadre de la consécration des efforts de coopération bilatérale entre le Maroc et la République de Corée, Charafat Afailal, ministre déléguée chargée de l’Eau, et Park Dong-Sil, Ambassadeur de la République de Corée à Rabat, ont récemment présidé la cérémonie de signature d’un accord de don de l’ordre de quatre millions de dollars entre l’Agence coréenne de coopération internationale (KOICA) et le ministère pour la mise en place du projet «Plan directeur de gestion et de prévention des inondations dans le bassin du Sebou».
A noter que cet accord de don permettra de financer l’identification de l’actuel système de gestion de l'eau dans le bassin du Sebou, l’analyse des différents risques d'inondations ainsi que la proposition de plans d’action, leur budgétisation et leurs modes de financement appropriés. Par ailleurs, une partie du don octroyé permettra de financer l’envoi en mission d’experts coréens au Maroc, mais aussi le renforcement des capacités des cadres marocains en matière de gestion intégrée des inondations.
Lamaie Boumahrou