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Insuffisance rénale chronique

Insuffisance rénale chronique

 Amal Bourquia, professeur de néphrologie et néphrologie pédiatrique, experte en éthique, droit à la santé et communication médicale, écrivaine et Health consulting, présidente de l’association REINS (associationreins@gmail.com, www.reins.ma), dresse pour nos lecteurs un diagnostic sur la dangerosité de cette maladie, qui toucherait plus de 3 millions de Marocains, dont beaucoup arrivent chaque année au stade terminal

 

La maladie rénale chronique (MRC) est la 11ème cause de décès à l’échelon mondial et pose de nombreux problèmes de prise en charge pour les gouvernements en particulier dans les pays à revenus faibles ou moyens. La MRC est à la fois la cause et la conséquence d'autres maladies non transmissibles (MNT), qui nécessite d’être prise en compte de façon urgente par les leaders politiques.

Au Maroc, 75% des causes de décès sont liés aux MNT. Celles ci sont caractérisées par leurs lourdes conséquences économiques et sociales et par leur forte dépendance à des facteurs de risques comportementaux et environnementaux, liés au mode de vie. Il est possible de prévenir ou de diminuer ces risques dans le cadre d’une politique de prévention fondée sur l’éducation à la santé.

L’insuffisance rénale chronique (IRC) est aujourd’hui un vrai problème de santé publique du fait de l’augmentation de son incidence et de sa prévalence. Elle est surtout coûteuse quand il s’agit d’un malade en stade avancé.

La charge financière

Le nombre de malades en IRC terminale (IRCT) ne cesse d’augmenter et nous pensons atteindre 50.000 patients qui vont nécessiter une dialyse en 2030, c’est une charge énorme pour les couvertures sociales. Désormais, l’IRC au Maroc est devenue un véritable fléau qui ronge la santé des Marocains avec une avancée galopante. Le coût d’une séance d’hémodialyse est de 850 dirhams, il se situe dans la moyenne africaine qui va de 30 à 100 dollars US, plus bas que dans certains pays occidentaux comme la France et les États-Unis.

À raison de 3 séances par semaine, l’hémodialyse revient à 11.000 DH par mois et 130.000 DH par année, une des dépenses les plus importantes pour les organismes de prévoyance sociale. Elle représente un grand fardeau parfois insurmontable pour les personnes qui n'ont pas de couvertures médicales.

Le fardeau des Marocains

L’IRCT coûte cher aux Marocains qui doivent faire face à d’importantes difficultés financières en raison de leurs traitements de dialyse. Commencer la dialyse entraîne pour eux une diminution de leur revenu accompagnée d’une augmentation de certaines dépenses comme les frais de transport pour se rendre au lieu de traitement.

Les médicaments et les déboursés reliés aux traitements de dialyse représentent un fardeau significatif. La couverture et le soutien financier offerts aux personnes en dialyse varient avec de nombreuses inégalités. Nombreux sont les Marocains qui se plaignent d’une diminution de leur revenu de ménage après avoir commencé la dialyse.

État actuel des chiffres : alarmant

Sur un plan épidémiologique, on considère que la MRC toucherait plus de 3 millions de Marocains, dont beaucoup arrivent chaque année au stade terminal. L’absence d’un registre national de IRCT rend difficile l’estimation des variables, cependant selon les quelques données disponibles, l’incidence de l’IRC serait de 4.200 malades/ an dont 40% de diabétiques (Nombre de cas apparus pendant une année au sein d'une population) et sa prévalence de 3.400 malades/an (proportion de personnes malades à un moment donné).

La prévalence concerne les cas existants, tandis que l’incidence concerne les nouveaux cas. Le Maroc dispose de 380 centres de dialyse dont 230 (60%) dans le secteur libéral et 110 (40%) dans le secteur public comprenant 38 centres gérés par des associations. Le secteur libéral compte plus de 220 néphrologues sur un total de 460. Le nombre total des patients dialysés est d’environ 31.000, 22.500 (72%) dialysés dans le secteur libéral avec près de 3.000 (13%) patients ayant le RAMED pris en charge dans le cadre du partenariat public privé, et 9.000 (29%) dans le secteur public dont 4.500 patients dans les centres des associations. L’âge moyen de nos patients reste jeune, aux alentours de 50 ans, le diabète représentant la cause principale qui amène les malades à la dialyse.

La greffe, quant à elle, reste à un stade embryonnaire loin des aspirations et attentes de patients et du corps médical, avec moins de 600 greffes, la majorité à partir de donneurs vivants et 60 à partir de donneurs en état de mort cérébrale. Cette modalité représente à la fois la meilleure et la moins coûteuse des techniques de traitement de l’IRCT.

Réflexions

D’un point de vue économique, la question de la prise en charge de l’IRC révèle encore une fois les difficultés d’une exigence de préservation de la vie des patients face à une pathologie influant sur le pronostic vital, d’une part, et l’existence de contraintes économiques d’un traitement onéreux d’autre part. La mise en place de politiques …donnera des résultats cliniques optimaux tout en minimisant les coûts des soins de santé et le fardeau financier des patients.

Dans le cadre des cas de défense des droits des patients à l’échelle nationale, il est nécessaire de réduire les obstacles à l’accès aux soins et à mieux sensibiliser le public à l’impact financier de la MRC. Le Maroc est un pays à ressources limitées, le poids financier des thérapies de suppléance rénale imposera au système de santé la maîtrise du flux des patients IRCT incidents par un programme ambitieux de prévention de la MRC, qui doit devenir une priorité pour les pouvoirs publics.

Respecter les directives royales

Lors de l’ouverture de la dernière session d’automne du parlement, le Souverain avait insisté sur la nécessité de mettre en place de nouveaux mécanismes pour impliquer le secteur privé dans la promotion du social. Il est important pour nous de comprendre qu’une telle implication contribuera à l’amélioration des prestations présentées aux citoyens, soit dans le cadre de la responsabilité citoyenne de l’entreprise soit à travers le lancement des actions de partenariat public-privé dans ce domaine.

Le secteur public a besoin, sans attendre, d’une véritable révolution sur les plans de la simplification, de l’efficience et de la moralisation. De plus, Sa Majesté le Roi avait déjà attiré l’attention sur l’obligation de changer et de moderniser les méthodes de travail, en faisant preuve d’innovation dans la gestion publique.

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