La norme IFRS 9 n’entrera pas en vigueur de sitôt au Maroc. C’est ce qu’a laissé entendre Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib.
Les banques au Maroc peuvent donc souffler, elles qui ne voient pas d’un bon œil l’implémentation de cette nouvelle norme, qui vient s’ajouter aux normes prudentielles baloises (Bâle III), déjà assez gourmandes en fonds propres.
IFRS 9 introduit en effet un nouveau modèle de provisionnement basé sur les pertes de crédit attendues. Selon ce modèle, les banques seront tenues de provisionner l’ensemble de leurs créances, même celles qui ne présentent aucun signe de détérioration. De quoi impacter sensiblement la rentabilité des banques ainsi que leur exigence en capital, sans parler des impacts induits sur leur système d’information et de reporting.
Cette norme comptable internationale doit entrer en vigueur le 1er janvier 2018 en Europe. Qu’en est-il du Maroc ?
Aucune date n’a été pour le moment fixée a précisé le Wali. Il a même tenu un discours plutôt rassurant aux banques, leur assurant que rien ne se fera dans la précipitation. «J’ai reçu les trois présidents des principales banques ici-même à la Banque centrale. Ces derniers ont expliqué que le fait d’ajouter de nouveaux classements des actifs et des créances, ainsi que la norme IFRS 9, va leur coûter sur le plan des fonds propres et des provisions», a fait savoir le gouverneur.
Et d’ajouter : «Nous partirons vers cette norme de façon graduelle, et selon une approche participative et concertée». D’ailleurs, précise Jouahri, même en Europe, la date du 1er janvier 2018 ne fait plus consensus, à cause notamment d’une divergence entre Européens et Américains sur la méthodologie d’approche.
Le wali souligne néanmoins que le principe de la norme IFRS 9 ne sera pas remis en cause. Il veillera à ce que le secteur bancaire marocain continue de s’aligner sur toutes les règles prudentielles internationales. Car l’implémentation de ces garde-fous sont, aux yeux de la Banque centrale, un élément déterminant de la réussite des banques marocaines.
«J’ai dit aux banques que ce qui a fait leur solidité et qui leur a permis l’expansion en Afrique, c’est précisément le fait de les avoir préparer, au moment opportun, aux normes prudentielles émises à l’international. Il ne faut pas remettre en cause cet objectif», explique Jouhari.
Rappelons que plusieurs banques au Maroc, notamment celles à capitaux français ont déjà entamé en interne le chantier de la norme IFRS 9, bénéficiant de l’expertise de leur maison-mère.
A.E