Moins de 5% des travailleurs agricoles sont concernés.
Le Salaire minimum agricole garanti est plutôt applicable dans les grandes exploitations modernes.
Par C. Jaidani
Dans le cadre du dialogue social entre le gouvernement et les syndicats, le Salaire minimum agricole garanti (Smag) passera à partir du 1er juillet 2019 à 1.903,72 DH par mois et une année plus tard à 1.994,20 DH.
Etant donné la structure du secteur, dont 90% des exploitations agricoles sont de tailles moyennes ou petites, ce seuil de salaire est plus ou moins respecté. La fluctuation des récoltes sous l’effet des aléas climatiques et la saisonnalité des activités rendent l’application de cette réglementation très difficile.
«Le travail agricole est fortement dominé par l’informel. Seules les grandes exploitations modernes se conforment à la loi. Plus de 95% des salariés dans le secteur agricole ne sont pas déclarés à la Sécurité sociale», explique une source auprès du ministère de l’Emploi.
En effet, la rémunération dans le secteur agricole continue d’obéir à un mode traditionnel. Selon le haut-commissariat au Plan (HCP), sur les 2,7 millions d’employés dans l’agriculture, plus de 1,5 million sont des emplois non rémunérés. Ils sont considérés comme des aides familiales, et ne sont pas pris en considération dans le champ d’application du Smag.
D’autres catégories de travailleurs préfèrent une rémunération en nature selon le résultat de la saison. Il s’agit des Khamass, Rebbaâ ou Khabbaz, qui perçoivent, selon des conditions bien déterminées, une contribution spécifique de respectivement 20%, 25% ou 33%. Ce type d’exploitation participative est encore en vigueur dans plusieurs régions du Royaume, notamment dans les filières d’élevage, de céréaliculture ou de légumineuses, qui sont implantées dans les terres bour.
Pour les autres exploitations modernes, où le Smag est scrupuleusement appliqué, cette hausse est mal perçue, car elle devrait impacter davantage leur équilibre financier déjà fragile.
«La masse salariale représente une bonne partie des charges. Toute hausse des salaires se fera au détriment de nos marges. La dernière révision du Smag arrêtée par le gouvernement est une hausse de 10% sur deux ans qui est difficilement supportable par les opérateurs du secteur. Il ne faut pas oublier que les charges n’ont cessé d’augmenter ces dernières années alors que les prix des produits sont restés quasi stables», explique-t-on auprès de l’Association des producteurs et des exportateurs des fruits et légumes (Apefel).
Rappelons que le secteur agricole reste le premier employeur du pays avec 39% de la population active. Plusieurs exploitations optent pour des contrats à durée déterminée de 3 à 6 mois. Elles opèrent le plus souvent dans les périmètres irrigués, sur des parcelles à haute productivité agricole.
Pour certaines exploitations, cette hausse du Smag est vue différemment. «Les employés préfèrent le travail saisonnier et journalier car il est bien rémunéré. Ils négocient leur rémunération selon l’activité et la période de l’année. Que ce soit pour le travail de la terre ou de récolte, ils perçoivent un salaire supérieur à celui arrêté pour le Smag. Ceux qui sont rémunérés en deçà de ce niveau, sont compensés par des avantages en nature, généralement une partie des récoltes», souligne Abderrahmane Mouâtadir, président de la Coopérative Al Falah dans la région de Béni Mellal. ◆