La filiale marocaine du leader mondial des technologies ferroviaires revoit à la hausse ses ambitions dans le Royaume. Le management a dévoilé les contours de l’écosystème ferroviaire qu’il compte mettre en place autour de son futur site de production. Les détails.

Les ambitions de Bombardier Transport au Maroc ne faiblissent pas. Bien au contraire, elles ont été revues à la hausse. Le site industriel que compte installer dans le Royaume la filiale marocaine du géant canadien, devrait finalement s’étaler sur une superficie de 140.000 m2 au lieu des 40.000 m2 annoncés il y a un an.

«Ce site devrait inclure un «suppliers parc» de 45.000 m2, dédié à des fournisseurs clés et critiques», précise Sébastien Ridremont, directeur écosystème Maroc de Bombardier. Ce dernier s’exprimait à l’occasion de la conférence fournisseurs du groupe industriel, en marge du Rail Industry Summit à Casablanca.

Selon le management de Bombardier Transport, 15 fournisseurs déjà partenaires du groupe, ont d’ores et déjà exprimé leur disposition à accompagner le lancement du futur site industriel. 54 autres équipementiers auraient par ailleurs manifesté leur intérêt pour accompagner cette localisation dans un horizon de 5 ans. «Nous avons des partenariats en cours de discussion entre des fournisseurs déjà implantés au Maroc et des fournisseurs européens faisant partie du panel de fournisseurs de Bombardier Transport», affirme Samuel Lapoutre, directeur Achats Bombardier Transport.

40% de taux d’intégration au départ

L’usine devrait, au départ, réaliser un taux d’intégration de 40%. Plus de 60% de la valeur ajoutée produite localement seront réservés à l’export, principalement vers les pays africains, mais aussi certains pays européens. Cette implantation devrait par ailleurs générer près de 2.000 emplois directs et indirects.

«Notre stratégie pour le Maroc n’a pas changé mais a évolué», résume Taoufiq Boussaid, président de Bombardier Transport Maroc. «Nous allons devoir tripler notre volume d’investissement», précise-t-il.

Si Bombardier Transport voit plus gros pour l’écosystème ferroviaire qu’il compte implanter au Maroc autour de son futur site de production, c’est parce que le Royaume s’est lancé dans un programme d’infrastructures fort alléchant. «L’ONCF prévoit de doubler ses infrastructures ferroviaires d’ici 2040. Dans le même temps, la fréquentation par les voyageurs va tripler, sans parler des besoins importants en mobilité urbaine au sein des grandes villes», explique Sébastien Ridremont.

Le futur écosystème Bombardier Transport compte également se servir de la plateforme marocaine comme tremplin vers le prometteur marché africain, où la croissance du secteur ferroviaire y est estimée à 8,5% annuellement (contre seulement 2% dans le monde), et où les besoins en mobilité sont immenses.

Outre le développement de l’unité de production de trains et tramways au sein d’une zone franche et la mise en place, autour des fournisseurs, d’une chaîne d’approvisionnement efficace, l’écosystème ferroviaire envisagé par Bombardier compte s’appuyer sur la mise en place d’une filière de formation de haut niveau. C’est dans cette optique que Bombardier et l’Université d’Al Akhawayn ont signé un accord de partenariat pour la mise en place d’une filière dans le management de l’industrie ferroviaire, afin de bénéficier d’un vivier de compétences au Maroc.

Le groupe canadien a par ailleurs déjà investi dans un Centre d’ingénierie à Casablanca. «Ce centre emploie aujourd’hui près de 80 ingénieurs marocains, qui travaillent sur des projets européens. Nous espérons passer à 200 ingénieurs d’ici 18 mois», souligne Taoufiq Boussaid.

Fort de cette implantation industrielle prometteuse, Bombardier Transport Maroc, qui a déjà décroché des contrats avec l’ONCF (voir encadré), souhaite désormais passer à la vitesse supérieure. Dans le viseur : les juteux contrats de l’Office (comme la ligne LGV Casablanca-Agadir), ainsi que les tramways des grandes villes. Suffisant pour concurrencer Alstom qui a raflé les derniers appels d’offres ? Bombardier s’en donne en tout cas les moyens et envoie les bons signaux. ■

Modernisation de la signalisation ferroviaire

Bombardier Transport est implantée à Casablanca depuis 2011, suite à un premier contrat de rénovations de 14 trains ONCF circulant sur la ligne Casablanca-Rabat. En 2014, la société a remporté un contrat de signalisation pour équiper la ligne Casablanca-Kénitra et Sidi Yahya-Tanger Med, avec le système européen de gestion du trafic ferroviaire (ERTMS Level 1). «Après 4 ans d’exploitation réussie, le premier tronçon de 30 km (Kénitra-Tabriquet) sur les 360 km de lignes reliant Casablanca à Tanger Med, profite des bénéfices des technologies de pointe du système de contrôle ferroviaire Interflo 250 de Bombardier, une technologie qui a fait ses preuves dans le monde entier», annonce Taoufiq Boussaid.

A.E