Réduire les vulnérabilités budgétaires afin de dégager davantage de marges de manœuvre profitables à l’investissement dans les infrastructures et le capital humain, semble constituer une priorité du gouvernement dirigé par le parti de la lampe et ses alliés.
Pour preuve, le déficit budgétaire est passé de 7,3% du PIB en 2012 à près de 3,5% en 2017 d’après les prévisions, avec l’objectif de le confiner à près de 3% du PIB en 2018.
Cette évolution baissière du déficit budgétaire est à relier à la décompensation des produits pétroliers qui ont représenté plus de 48 Mds de DH en 2012. Depuis cette date, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, puisque les charges de compensation dans le Budget général de l’Etat (BGE) ont substantiellement reculé.
Pour preuve, la Loi de Finances 2018 prévoit une dotation d’un peu plus de 13 Mds de DH destinée aux prix du gaz butane, du sucre et de la farine de blé tendre. En 2014, cette charge qui incluait la subvention des hydrocarbures, atteignait près de 42 milliards de dirham.
Dans le même ordre d’idées, les efforts en matière d’augmentation des recettes fiscales et non fiscales et de rationalisation des dépenses publiques, par le biais de la limitation de la pression de la masse salariale, seraient aussi à l’origine de la réduction du déficit budgétaire.
L’une des principales vertus du rétablissement de l’équilibre des finances de l’Etat a trait à l’allègement de l’endettement public. A ce niveau, le gouvernement affiche une ambition non moins importante : celle de ramener la dette du Trésor public à 60% du PIB à l’horizon 2021 (contre 64,3% du PIB en 2017). Si le Fonds monétaire international (FMI) salue les efforts du gouvernement en matière d’assainissement des finances publiques, notamment pour 2018, certains experts nationaux ne manquent pas de souligner les limites d’une telle démarche.
Le revers de la médaille
Mehdi Lahlou, professeur à l’Institut national de statistiques et d’économie appliquée (Insea), n’y va pas par quatre chemins. «La réduction du déficit budgétaire a causé l’accroissement du déficit social. Nous ne pouvons pas saluer un succès foncièrement d’ordre comptable et financier au détriment d’un paramètre beaucoup plus important et dangereux, celui de l’équilibre et de la cohésion sociale», dit-il.
Et d’ajouter : «La marge budgétaire dégagée à travers la décompensation n’a pas été redistribuée aux catégories sociales les plus modestes de notre pays».
Rappelons tout de même que pour 2018, les dépenses du budget général consacrées aux ministères devraient progresser de l’ordre de 5,1%. Le Département de l’éducation nationale s’arroge la part du lion avec près de 59,2 Mds de DH.
Cela dit, l’ultime question qu’il y a lieu de poser a trait aux variables d’ajustement restantes au gouvernement pour l’atteinte des objectifs de réduction du déficit budgétaire, d’autant plus que les gains supplémentaires sur les réductions des subventions demeurent limités, voire impopulaires.
De ce point de vue, à terme, l’axe d’intervention le plus plausible, outre la masse salariale, semble être les dépenses de fonctionnement des ministères, appelés à investir davantage au regard de l’augmentation des besoins de la population.
Notre interlocuteur reste persuadé que l’échec du modèle de développement récemment évoqué par le Roi Mohammed VI renvoie davantage à l’accroissement des déficits sociaux qu’à la croissance économique ou aux indicateurs financiers de façon générale.
Toutefois, certains experts appellent à la vigilance et prônent une vision globale en matière de déficit budgétaire par rapport au PIB. Pour cause, le calcul de cet indicateur se fait en dehors de l’endettement de l’Etat qui ferait partie du déficit budgétaire. Notons qu’au regard de la Loi de Finances 2018, l’endettement au sein du BGE devrait représenter près de 68 Mds de DH. ■
M. D