Le digital a permis de réduire sensiblement les délais de paiement du secteur public.
Les différents chantiers de dématérialisation permettront un retour progressif à la normale.
Pour leur dernière conférence de l’année, les Matinales du Groupe Le Marin ont choisi «Les délais de paiement» comme thématique. Cet événement a rassemblé plusieurs intervenants de renom, notamment des panélistes issus de l’administration, de la CGEM ainsi que des opérateurs du secteur privé.
«L’allongement des délais de paiement a eu des effets néfastes sur les entreprises dont plusieurs sont au bord de la faillite. 89% des entrepreneurs déclarent que c’est une menace pour les entreprises, surtout pour les PME», a d’emblée affirmer affirme Mohamed Haitami, président du Groupe Le Matin, pour planter le décor.
Côté administration, on assure que les choses avancent dans le bon sens, le gouvernement s’étant engagé à réduire les délais de paiement des administrations et des entreprises publiques. «Dans 2 ou 3 ans, cette problématique va être atténuée sensiblement et les conditions de paiement devraient s’améliorer au profit des entreprises», croit savoir Ahmed Belfahmi, chef de la division des programmations et contractualisations à la Direction des entreprises et établissements publics (DEEP).
Un constat partagé par Hamza Belkbir, gouverneur directeur des finances locales à la Direction générale des collectivités locales (DGCL).
«Les délais de paiement dans le public ont été sensiblement réduits passant de 142 jours à 44, et ce grâce au déploiement du digital». Un travail colossal reste à fournir pour assainir les arriérés.
«Sur les 200 milliards de DH de dépenses par la commande publique, 16 milliards de DH de dettes sont échues et exigibles aujourd’hui», explique-t-il. «Mais cela n’a rien à voir avec les 400 milliards de DH de dettes interentreprises dans le privé», tempère Belkbir.
Dans le même ordre d’idées, Mouhcine Jouhar, chef de la Division des systèmes de gestion intégrée à la TGR, explique que «les différents chantiers de dématérialisation permettront un retour progressif à la normale. Par exemple, la plateforme GID fournisseurs assure un suivi en temps réel des factures».
D’autres intervenants ont mis l’accent sur les autres éléments qui compliquent les délais de paiement et qui ne sont pas uniquement d’ordre budgétaire ou procédural.
«Le cadre législatif n’est pas harmonisé et il y a des textes qui sont contradictoires. La concentration de la commande publique est aussi un facteur pénalisant, puisque 80 entreprises seulement s’accaparent 72% des marchés publics», dixit Abdelkader Boukhris, président de la commission fiscale à la CGEM.
Charaf Jaidani