Croissance 2020 : Euler Hermes craint le pire !

Croissance 2020 : Euler Hermes craint le pire ! - Eco News MA

◆ Les risques externes se feront sentir sur l’économie nationale, selon les experts de Euler Hermes.

◆ Les difficultés de financement et la hausse des défaillances de paiements seront un obstacle à la croissance.

 


Par : Badr Chaou


 

Le contexte économique international est fondamentalement dégradé par plusieurs facteurs de risques, entre autres la montée des politiques protectionnistes du côté des Etats-Unis et de la Chine, le Brexit, ainsi que les risques géopolitiques. La situation n’est pas amenée à s’améliorer en 2020, selon les experts de Euler Hermes. En effet, lors d’une conférence organisée à Casablanca en marge de la 7ème édition de l’Observatoire international du commerce d’Euler Hermes, Alexis Garatti, directeur de la recherche macroéconomique Euler Hermes, a présenté les projections économiques du spécialiste de assurance-crédit. Selon lui, il faut s’attendre en 2020 à une accentuation des risques induisant un choc sur la croissance mondiale. Cette tendance porterait une influence négative sur les secteurs exportateurs de plusieurs pays dont le Maroc.

Cependant, en dehors des risques externes, le Maroc connaitrait, selon les experts d’Euler Hermes, des problématiques d’ordres structurels avec de fortes chances de s’accentuer et peser sur sa croissance pour l’année 2020.

Eco News Maroc - Croissance 2020 : Problématique de financement

Selon Alexis Garatti, la croissance économique du Maroc sera de 2,4% en 2019, et de 2% en 2020. Selon lui, cette dégradation est essentiellement due à la difficulté d’accès au financement des TPE et PME représentant près de 90% du tissu économique marocain. Le manque de financement conduirait à une faible création de la valeur ajoutée pour le tissu économique, donnant suite à une détérioration de la croissance. «L’accès au financement des entreprises marocaines demeure difficile. Ce qui représente un blocage au développement des entreprises et à la croissance du pays», estime Alexis Garatti. Et d’ajouter : «le rapport taux d’investissement et croissance est autour de 37%, il faudrait 12 à 13 points de base supplémentaires afin d’aspirer réaliser une croissance sereine».

En l’absence de financement, les investissements peinent à décoller. Le manque de financement est essentiellement causé, selon les experts d’Euler Hermes, par l’absence de visibilité, ainsi que par la prédominance d’incertitudes dans l’avenir économique du pays. «Les banques ne peuvent pas financer un tissu économique marqué par l’absence d’orientations stratégiques stables et claires», nous a, pour sa part, expliqué Stéphane Colliac, économiste senior à Euler Hermes.

L’accès au financement reste donc une problématique en lien avec le climat des affaires, qui demeure peu propice au Maroc, marqué par une hausse des défaillances de paiement.

Eco News Maroc - Croissance 2020 : Les défaillances attendues en hausse

Par ailleurs, le Maroc continue d’évoluer dans le cercle vicieux des délais de paiement. Ce n’est pas anodin que le pays soit classé 3ème mondial en tant que mauvais payeur, derrière l’Inde et la Chine. Le délai moyen de paiement est aux alentours de 86 jours, et le délai contractuel autour de 186 jours. Selon Stéphane Colliac, les défaillances de délai de paiement augmenteront de 7% au Maroc à fin 2019, avec comme secteur le plus touché celui des biens et services avec une progression de 5%. L’économiste fait remarquer que les délais de paiement au Maroc seront accentués par l’augmentation des défaillances au niveau mondial. «Depuis le début de l’année, la taille moyenne des entreprises défaillantes est plus importante par rapport à 2018 (+35% à 578 millions d’euros), chose qui va se répercuter sur le Maroc». Et de poursuivre «Le délai de paiement au Maroc n’est pas un sujet qui s’améliore, c’est un problème prioritaire qui doit être étudié de manière concrète et au plus vite, car il représente un danger grave pour les perspectives de l’économie du Maroc».

En plus de détériorer le climat des affaires, la hausse des défaillances de paiement au Maroc décourage le financement des entreprises. «Le financement de la trésorerie des entreprises demeure très difficile. Nous ne pouvons pas imaginer financer une trésorerie pour une entreprise qui est payé à 150 jours. Les banques ne peuvent pas assumer une telle situation. C’est un cycle d’exploitation qui n’est pas viable, d’où la réticence des banques face à cette incertitude de paiements et dans l’avenir des entreprises», nous confie Stéphane Colliac (voir interview en face).

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