Crise économique : Les auto-entrepreneurs en détresse

Crise économique : Les auto-entrepreneurs en détresse

La faible mobilité suite aux mesures de confinement a privé les auto-entrepreneurs de leurs sources de revenus.

Au-delà de cette crise sanitaire, les professionnels déplorent le manque d’accès aux marchés, de financement et l’absence de sécurité sociale.

 

Par B. Chaou

 

«La situation actuelle des auto-entrepreneurs est très difficile. La grande majorité d’entre eux a subi les effets de la crise et du confinement, car dépendant d’un travail journalier. La plupart se sont retrouvés du jour au lendemain en arrêt d’activité et sans rentrées d’argent», nous confie d’emblée Zakaria Fahim, président de l’Union des auto-entrepreneurs du Maroc.

Il est évident que la faible mobilité d’un bon nombre de professionnels les a conduits à l’arrêt de leurs activités. Il est difficile pour un auto-entrepreneur de réaliser un chiffre d’affaires lorsqu’une grande partie de l’écosystème économique est à l’arrêt.

Cette situation inattendue a grandement pesé sur leurs revenus, car personne n’était préalablement préparé à une crise de cette envergure. Selon les chiffres communiqués par le président de l’Union des auto-entrepreneurs, seuls 15% des travailleurs indépendants arrivent à sortir la «tête de l’eau» durant cette crise et générer du chiffre d’affaires; et il s’agit uniquement des professionnels exerçant dans le secteur du digital.

Des revenus qui ne sont d’ailleurs pas au beau fixe. «Le revenu mensuel atteint à peine le smig. Je tiens à le dire clairement, les autoentrepreneurs vivent aujourd’hui une grande galère. Nous avons été amenés à réaliser une collecte de «panier», car la majorité d’entre eux n’avait même pas de quoi subvenir à ses besoins. Cette tranche socioprofessionnelle vit actuellement une grande déstresse», déplore Zakaria Fahim.

Au-delà de la crise sanitaire

La crise actuelle n’a fait que dévoiler au grand jour la fragilité de notre économie. Les difficultés que subissent les travailleurs indépendants ne datent pas d’aujourd’hui, mais elles se sont accentuées avec la crise.

Les professionnels rappellent les problématiques dites «structurelles» dont font objet les auto-entrepreneurs, entre autres l’accès au financement. «Il faut dire que dans la réalité, les auto-entrepreneurs n’ont pas accès au financement. La CCG a pu trouver une formule leur donnant accès au financement, mais qui reste toutefois insuffisante. Il faut diversifier les sources de financement et encourager des initiatives se basant sur le crowdfunding, par exemple.

C’est une question de survie de notre économie; il faut donc adopter de nouvelles règles permettant une reprise adéquate de notre tissu économique afin d’éviter le pire», nous confie notre interlocuteur. Par ailleurs, il déplore également le manque d’initiatives concrètes pouvant aider les travailleurs indépendants à trouver des marchés.

Il doit y avoir, selon lui, une approche multidimensionnelle où l’Etat, à travers des appels d’offres dédiés aux auto-entrepreneurs, contribuerait à leurs émergences. De telles initiatives permettraient sans aucun doute une meilleure intégration des professionnels indépendants dans le tissu économique marocain.

L’ouverture des marchés publics aux auto-entrepreneurs s’inscrit en effet dans une mission d’inclusion socio-économique de grande importance, surtout en l’état actuel des choses.

L’angoisse sociale

L’autre aspect des différents «maux» dont souffre cette tranche socioprofessionnelle est l’absence de sécurité sociale. «Aujourd’hui, il faut savoir qu’ils ne bénéficient pas de couverture sociale, ce qui rend leur situation socio-économique encore plus désastreuse.

Ils se sentent aujourd’hui à l’écart et abondonnés à leur propre sort. Il faut que nous puissions avancer sur ce chantier au plus vite», nous confie Zakaria Fahim. Les auto-entrepreneurs appellent donc les responsables à trouver des solutions leurs facilitant l’accès au financement, aux marchés publics et à la couverture sociale.

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