Au troisième trimestre 2020, le repli de l’activité s’atténuerait progressivement, pour se situer à -4,1%, au lieu de -13,8% au deuxième trimestre.
Sur l’ensemble de l’année 2020, le PIB connaîtrait une contraction de 5,8%, accompagnée par un creusement du déficit budgétaire à 7,4% du PIB.
Le haut-commissariat au Plan, le Système des Nations Unies au Maroc et la Banque mondiale ont développé conjointement une «Note stratégique» pour approfondir la compréhension de l'impact socio-économique de la pandémie de la COVID-19 au Maroc à travers une approche unique, inclusive et collaborative et formuler des recommandations stratégiques basées sur des données fiables afin que personne ne soit laissé pour compte.
Selon la note publiée ce lundi 17 août, l’économie du Maroc est d’ores et déjà affectée par l’effondrement économique global, qui touche notamment l’Europe, son principal partenaire commercial.
Les mesures de confinement pour faire face à la propagation de la pandémie montrent elles aussi des effets négatifs rapides sur l’économie.
Ces circonstances se traduisent par des défis sans précédent pour le pays, qui devait déjà faire face à une année agricole marquée par la sécheresse et laisse entrevoir que l’économie marocaine devrait fortement souffrir de l’impact négatif de la pandémie.
Selon le HCP, la croissance économique n’a pas dépassé 0,1% au premier trimestre de l'année.
Cette faible croissance est imputable à l'accentuation de la baisse de la valeur ajoutée agricole à -5% et au ralentissement de l’industrie et des services marchands.
Au deuxième trimestre 2020, l’économie marocaine, sous confinement strict de la population pendant près de 10 semaines sur 13, a été confrontée à une baisse de la demande intérieure.
La consommation des ménages, en volume, se serait repliée de 6,7%.
Cette baisse aurait, particulièrement, concerné les dépenses des ménages en biens manufacturés, notamment celles de l’habillement et d’équipement ainsi que celles du transport, de la restauration et des loisirs.
La demande extérieure aurait également flanché, entraînant une baisse de 25,1% du volume des exportations. Les importations se seraient, pour leur part, infléchies de 26,7%, impactées par le recul des achats des biens d'équipement, des produits énergétiques, des biens de consommation, des produits bruts et des demi-produits.
Dans ces conditions, le repli du PIB aurait atteint -13,8% par rapport à la même période de 2019.
Par branche d’activité, la baisse de la valeur ajoutée se serait établie à -6,1% au deuxième trimestre 2020, dans l’agriculture, sous l’effet de la sécheresse.
Le secteur tertiaire, principal moteur de la croissance économique, aurait régressé de 11,5%, pâtissant de la contraction des activités commerciales, de transport, d’hébergement et de restauration.
Dans le secteur secondaire, les valeurs ajoutées de la construction, de l’électricité, du textile et des industries électriques et mécaniques auraient sensiblement diminué.
Cette situation aurait particulièrement pénalisé les activités des très petites et moyennes entreprises.
Selon l’enquête premier passage, réalisée par le HCP en avril 2020 auprès des entreprises, 72% et 26% respectivement des unités de production en arrêt d’activité de façon temporaire ou définitive en avril ont été des TPE (très petites entreprises) et des PME (petites et moyennes entreprises).
En revanche, les entreprises opérant dans les mines, l’agroalimentaire et les industries chimiques auraient mieux résisté face aux effets de la pandémie.
Les services non marchands auraient été également dynamiques, permettant ainsi d’amortir partiellement la baisse des autres activités.
Au troisième trimestre 2020, le repli de l’activité s’atténuerait progressivement, pour se situer à -4,1%, au lieu de -13,8% au deuxième trimestre.
Ce mouvement serait principalement attribuable à la reprise des activités du commerce, du transport et des industries manufacturières.
Au mois de juillet 2020, la deuxième enquête réalisée par le HCP auprès des entreprises a révélé que 86% de celles qui ont arrêté leurs activités pendant le confinement ont repris totalement et/ou partiellement leurs activités après le déconfinement.
La reprise d’activité en rythme normal a concerné 40% des grandes entreprises, 35% des PME et 31% des TPE.
Sur l’ensemble de l’année 2020, l’économie marocaine devrait connaître une récession, la première depuis plus de deux décennies, sous l’effet conjugué de la sécheresse et de la pandémie. En effet, selon les prévisions annuelles du HCP, le PIB connaîtrait une contraction de 5,8% qui serait accompagnée par un creusement du déficit budgétaire à 7,4% du PIB.
Le déficit courant devrait également s’aggraver, pour atteindre 6,9% du PIB.
Le retour de la croissance vers son sentier d’évolution s’opérerait progressivement à partir de 2021, avec une hausse prévue du PIB de 4,4% par rapport à 2020.
Les activités non agricoles se redresseraient, affichant une progression de 3,6%, en ligne avec la reprise de la demande intérieure et extérieure, alors que le retour des conditions climatiques de saison favoriserait une hausse de la valeur ajoutée agricole.
Les différentes prévisions des organismes financiers internationaux, notamment la Banque mondiale et le Fond Monétaire International rejoignent globalement les projections du HCP.
L’économie marocaine subirait le double impact des chocs économiques intérieurs et extérieurs.
Selon la Banque mondiale, le PIB réel diminuerait de 4% en 2020.
Bien que peu de secteurs soient épargnés, cette contraction est notamment due à la chute de la production des biens et services, la réduction des exportations, la perturbation des chaînes de valeur mondiales ainsi qu’au déclin du tourisme sous l’effet de la fermeture des frontières et des mesures restreignant la mobilité.
Les déficits jumeaux du Maroc devraient se creuser, mais rester gérables.
En dépit de la baisse des importations, le déficit du compte courant s’accentuerait pour atteindre, selon les estimations de la Banque mondiale, 8,4% en 2020, en raison du fort déclin des exportations, des recettes touristiques et des transferts de fonds.
En conséquence, le déficit budgétaire global se creuserait atteignant 7,5 % du PIB en 2020, un pourcentage similaire à celui projeté par le HCP et supérieur de près de quatre points aux prévisions antérieures à l’épidémie.
Les dettes publique et extérieure augmenteraient également, mais demeureraient soutenables.