Pour certains secteurs industriels particulièrement énergivores, le coût de l’énergie peut représenter jusqu’à 30% des dépenses nécessaires à la production d’un bien.
La problématique de la disponibilité du foncier, notamment à Casablanca, poumon économique du Royaume, se pose toujours pour les nouveaux projets industriels.
C’est un truisme d’affirmer que l’amélioration des coûts des facteurs de production est une condition sine qua non pour l’accroissement de la compétitivité des entreprises marocaines, notamment celles évoluant dans le domaine de l’industrie. L’autre donne qu’il faut également garder à l’esprit est que le tissu industriel fait face à une âpre concurrence sur le marché domestique et à l’international.
Le patronat marocain (CGEM) a attiré récemment l’attention des pouvoirs publics sur la nécessité de mettre en œuvre ou d’accélérer les chantiers permettant la réduction des coûts des facteurs de production, notamment l’énergie et le foncier en faveur des entreprises créatrices de richesse et pourvoyeuses de postes de travail.
La question de la compétitivité des entreprises industrielles est d’autant plus importante que bon nombre d’entre elles ont été fragilisées par la pandémie qui continue de défrayer la chronique au Maroc et dans la majeure partie des pays développés et émergents. A la question de savoir si le coût de l’électricité est prohibitif pour les industriels opérant sur le territoire national, David Toledano, président de la Fédération des matériaux construction (FMC), et un entrepreneur spécialisé dans le domaine de la gestion de l’énergie, se sont accordés pour répondre par l’affirmative.
L’industrie, un secteur énergivore
D’après les chiffres officiels de l’Agence marocaine de l’efficacité énergétique (AMEE), l’industrie représente plus de 22% de la consommation énergétique totale du Royaume. C’est dire la nature énergivore de cette branche d’activité qui représente encore moins de 20% du PIB. L’amélioration de la contribution de l’industrie au PIB passe également par les gains de compétitivité dont le corollaire est la réduction des coûts des facteurs de production.
L’énergie est une variable parmi tant d’autres sur laquelle le Maroc peut jouer pour tirer vers le bas le coût de production des produits industriels, générateurs de valeur ajoutée. «L’énergie fossile est plus chère que l’énergie renouvelable. Le Maroc est un pays où il y a du soleil pratiquement toute l’année. D’où l’intérêt pour le Royaume d’accélérer la mise œuvre de la Stratégie nationale dédiée aux énergies renouvelables», suggère l’expert en gestion énergétique. Il ajoute que pour certains secteurs particulièrement énergivores, le coût de l’énergie peut représenter jusqu’à 30% des dépenses nécessaires à la production d’un bien.
L’effet de la forte dépendance énergétique
David Toledano relie le coût énergétique élevé au Maroc par rapport à d’autres pays au fort taux de dépendance énergétique toujours supérieur à 90%. En clair, le pays importe l’essentiel de ses besoins en énergies fossiles, qui restent toujours prédominantes dans le mix énergétique. Ceci dit, l’expert en gestion énergétique confie que certains industriels tentent de trouver des solutions pour réduire leur facture énergétique en recourant par exemple à l’achat d’énergies renouvelables sous forme d’ESCO ou de leasing (avec un coût énergétique pouvant être moins cher de 20% par rapport au marché traditionnel). Les chiffres officiels révélés par Masen (www. fnh.ma) montrent que les énergies renouvelables sont de plus en plus compétitives.
Entre 2010 et 2019, le LCOE (coût actualisé de l'énergie) de la technologie photovoltaïque a connu une baisse de 82%; l’éolien a, quant à lui, enregistré un recul de 39% pour l’onshore et 29% pour l’offshore. Par ailleurs, il est utile de préciser que la libéralisation du marché de l’énergie au Maroc serait propice à la baisse des coûts de l’énergie pour les industriels dont certains, notamment ceux qui ont les reins assez solides, arrivent à satisfaire totalement ou en partie leurs besoins énergétiques grâce à la production d’énergies renouvelables.
A titre illustratif, Nestlé a inauguré en février 2021 la première station solaire privée de la ville d’El Jadida, dotée d’une capacité de production de 1,7 GWh d'électricité par an. L’expert en gestion énergétique recommande vivement aux industriels évoluant dans des secteurs énergivores de recourir aux systèmes intelligents permettant l’optimisation de la consommation d’électricité via un tableau de bord. Ces mécanismes offrent l’opportunité à l’utilisateur de réduire entre 10 et 15% sa consommation énergétique.
Quid du foncier industriel à Casablanca ?
Pour ce qui est du foncier industriel, le président de la FMC, qui ne déplore pas de difficultés majeures sur les anciens projets des industriels de son secteur, souligne, en revanche, que pour les nouveaux projets industriels, la problématique de la disponibilité du foncier, notamment à Casablanca, poumon économique du Royaume, se pose. Ce qui, à l’évidence, n’est pas de nature à tirer substantiellement vers le bas les prix d’acquisition de terrains à usage industriel. «Les zones industrielles sont saturées et l’ouverture de nouvelles se fait dans des zones lointaines par rapport à Casablanca. Toutefois, il est de bon augure de savoir que les autorités compétentes déploient des efforts afin d’ouvrir des zones industrielles autour de Casablanca et ses environs, qui sont des bastions industriels par excellence», conclut David Toledano.
M.Diao