Aéronautique : déjà 29% de taux d’intégration locale

Aéronautique : déjà 29% de taux d’intégration locale

Karim Cheikh, président du Gimas


 

- L’objectif à 5 ans de 35% de taux d’intégration locale sera revu à la hausse

- Karim Cheikh, président du Groupement des industries marocaines aéronautiques et spatiales (Gimas), fait le point sur les avancées du secteur et ses perspectives.

 

 

Finances News Hebdo : Les exportations du secteur aéronautique ont connu une forte poussée en 2017. Quels sont les déterminants de cette croissance ?

 

Karim Cheikh : La dynamique de l’aéronautique au Maroc a permis une croissance de 18,4% en 2017, tirée principalement par une croissance organique des acteurs déjà implantés et qui enregistrent une bonne hausse de cadence et de bons carnets de commandes.

Ce résultat ne s’est pas fait du jour au lendemain, mais est le fruit de plusieurs années de labeur. Cette conjoncture favorable est naturellement portée par une industrie mondialement en croissance.

Les investisseurs à l’échelle mondiale s’intéressent à notre pays, qui est aujourd’hui considéré comme une base crédible et compétitive. Toutefois, une croissance durable doit nécessairement être accompagnée d’une bonne structuration de la filière et d’une prospective, ce qui nous permettra de rester fortement présent.

Les faits marquants de l’année 2017 s’articulent principalement autour des actions de notre contrat de performance dans le cadre du Plan d’accélération industrielle (PAI).  Le Gimas a participé au Salon du Bourget en juin 2017, en partenariat avec le ministère de l’Industrie et l’Agence marocaine de développement des investissements (AMDI).

L’autre événement majeur est la tenue en septembre 2017 de la 4e édition de l’Aerospace Meeting Casablanca, organisé en partenariat avec Maroc Export, qui a connu une dimension plus importante : un nombre de participants de grande qualité et, pour la première fois, une exposition de notre savoir-faire marocain. Moulay Hafid Elalamy (ministre de l’Industrie, ndlr) a annoncé à cette occasion le lancement de nouveaux écosystèmes, qui viendront enrichir les 4 écosystèmes existants de notre base aéronautique marocaine.

Par ailleurs, 2017 a connu la naissance de notre cluster aéronautique pour la recherche et développement et l’innovation. Il se veut une plateforme réunissant les industriels, les start-up, les chercheurs des universités et des écoles d’ingénieurs et des porteurs de projets.

 

 

F.N.H. : Comment se présente justement la structuration des deux nouveaux écosystèmes annoncés par le ministre, notamment «moteurs» et «composites» ?

 

K. Ch. : Le Maroc opère principalement sur les 4 écosystèmes définis initialement dans le cadre du PAI, dans les filières de l’assemblage, du système électrique câblage et harnais (EWIS), de l’entretien-réparation & révision (MRO) et de l’ingénierie.

Les nouveaux métiers sur lesquels nous souhaitons nous développer, et dans lesquels le Maroc dispose de réels atouts, sont justement les nouveaux écosystèmes annoncés par le ministre de l’Industrie.

Il s’agit d’activités à très forte valeur ajoutée, autour des moteurs et des composites. Ces écosystèmes sont en cours de structuration. Quant à l’écosystème Boeing, qui nourrira et se nourrira des autres écosystèmes existants, il se met en place d’une manière progressive.

 

 

F.N.H. : Comment cette montée en gamme du secteur agira-t-elle sur le taux d'intégration, qui reste relativement bas ? Le tissu industriel est-il assez dense pour cela ?

 

K. Ch. : Le Plan d’accélération industrielle est clairement notre fer de lance. L’additionnel de 1,6 milliard de dirhams, ou les 18% de croissance en 2017, portés principalement par la croissance organique, ferait en 10 ans l’additionnel de 1,6 milliard de dollars effectués en 15 ans depuis les débuts de notre industrie. A cela viendra s’ajouter la croissance apportée par les nouveaux investisseurs.

Nous constatons des résultats probants pour certains objectifs du Plan d’accélération industrielle. Certains dépassent même les attentes, sachant que la mise en œuvre des actions n’a démarré que récemment.

Pour le taux d’intégration locale, l’objectif à 5 ans de 35% sera revu à la hausse, vu que nous avons déjà atteint 29%.

Nous avons mené une étude qui a montré que le chiffre d’affaires cible de 2,6 milliards de dollars pourrait être atteint avec la croissance organique seule, sans compter les nouveaux investisseurs.

Il est vrai que la croissance n’est pas linéaire sur les emplois, mais l’objectif de création de 23.000 est atteignable, avec une mise en opération rapide de l’ensemble des mesures visant à développer les compétences, principalement sur de nouveaux postes ou métiers.

Nous travaillons sur ce sujet étroitement avec le ministère de l’Industrie et celui de la Formation professionnelle.

 

 

F.N.H. : Comment faire en sorte que la formation suive le rythme de ces évolutions et de cette montée en gamme annoncée ?

 

K. Ch. : Sur la formation, nous collectons les besoins des entreprises à court et moyen terme pour œuvrer avec les différents partenaires de formation, afin de développer les formations adéquates.

Sur le niveau opérateur, les industriels s’appuient essentiellement sur l’outil du Gimas qui est l’IMA (Institut des métiers de l’aéronautique), pour continuer à renforcer ce modèle au succès incontestable, avec un taux d’insertion de 98%. De même qu’avec l’Ismala (Institut spécialisé des métiers de l'aéronautique et de la logistique aéroportuaire relevant de l’OFPPT ndlr), nous identifions les axes de complémentarité et de renforcement à mettre en place afin de mieux répondre au gap formation.

La démarche est similaire pour le middlemanagement et l’ingénierie. Concernant la maintenance des avions, nous souhaitons renforcer davantage nos d’outils. Nous sommes conscients des enjeux de ces 3 axes et nous y travaillons actuellement d’arrache-pied. ■

 

 

Propos recueillis par A. Elkadiri

 

 

 

 

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