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Affacturage : Une croissance minée par la sinistralité

Affacturage : Une croissance minée par la sinistralité

 

- Pour l’année en cours, l’absence de visibilité prévaut.

- L’activité, qui devrait continuer à croître, fait face à une importante sinistralité.

 

 

Les acteurs du secteur bancaire et les opérateurs économiques ne cessent d’alerter sur le risque proéminent que génère l’allongement des délais de paiement client sur l’économie nationale. S’il suscite autant d’inquiétudes, pour beaucoup il semble constituer dans le même temps un relais de croissance pour le factoring qui offre aux entreprises une large palette d’avantages.

En effet, ce crédit bancaire adossé à une créance permet à l’entreprise de bénéficier immédiatement d’une liquidité et de se couvrir contre le risque d’insolvabilité, avec à la clef la réalisation d’économies sur les frais de structure. Selon les chiffres disponibles sur le site de l’Association professionnelle des sociétés de financement (APSF), le secteur de l’affacturage a vu ses concours à l’économie reculer de 6,5% à 4,1 Mds de DH en mars 2017.

Interrogé par nos soins sur l’impact de l’allongement des délais de paiement sur ce secteur, un patron de société d’affacturage, filiale d’une grande banque et qui a souhaité gardé l’anonymat, explique : «l’idée de considérer l’allongement des délais de paiement comme une opportunité pour notre secteur qui affiche tout de même une sinistralité importante, a toujours été fausse».

Et d’ajouter : «Cela cache des choses inhérentes à la qualité des factures des fournisseurs ou à l’incapacité des clients à régler à temps».

 

Le remboursement des arriérés de TVA, une aubaine ?

 

Pour rappel, après une décennie de forte croissance jusqu’en 2015, le secteur a affiché des signes d’essoufflement assimilés à une correction induite par la réforme de la caisse de compensation. Par ailleurs, l’évolution croissante des crédits interentreprises (un peu plus de 387 Mds de DH en 2016) renseigne sur l’existence d’une demande qui devrait tirer la croissance de la branche au cours des années à venir.

Toujours au chapitre des opportunités de développement de l’affacturage, l’actualité récente dominée en partie par le remboursement de la part de l’Etat des arriérés TVA dus au secteur privé à hauteur de 10 Mds de DH, incite à s’interroger sur l’incidence de l’initiative gouvernementale sur la branche. D’ailleurs, certains commentateurs annoncent d’ores et déjà une grande opération de factoring, puisque selon le ministre de l’Economie et des Finances, les entreprises du secteur privé pourront solliciter auprès de la Direction générale des impôts (DGI) une reconnaissance de dette. Sur la base de celle-ci, les banques pourront octroyer aux entreprises le montant et être remboursées par la DGI dans un délai de 5 ans.

Sur ce point, notre interlocuteur préfère néanmoins jouer la carte de la retenue. «Les spéculations vont bon train sur cette question. En tant que factor, nous souhaitons que cette opération de remboursement des arriérés TVA rentre dans le périmètre de nos interventions, mais il y a encore des détails techniques à peaufiner et des points cruciaux à éclairer, notamment la forme de l’engagement de l’Etat», tempère-t-il, avant de s’empresser d’ajouter : «Nous sommes encore dans l’attente, car notre entité doit se fier au compte-rendu et aux directives du président de la banque dont nous dépendons». ■

 


Les entreprises transparentes privilégiées

Comme mentionné plus haut, l’allongement des délais de paiement ne reflète pas uniquement les difficultés financières des clients ou l’absence d’une trésorerie suffisante.

Il peut aussi traduire la carence de qualité de la facture du fournisseur. D’où l’omniprésence du sujet afférent au fait générateur, c’est-à-dire à partir de quand peut-on parler d’un retard de paiement ? D’ailleurs, les grands donneurs d’ordre n’acceptent une facture de la part de leurs fournisseurs que si celle-ci obéit à des critères bien déterminés. Alors que certaines entreprises considèrent que la somme est due dès lors que la facture est émise au client.

Si pour l’année en cours l’absence de visibilité prévaut dans le secteur, les professionnels de l’affacturage misent sur la prise de conscience continue des bienfaits du factoring de la part de toutes les familles d’entreprises (GE, PME, TPE). L’autre objectif des acteurs est l’amélioration de la transparence au niveau des transactions commerciales. D’ailleurs, notre interlocuteur prévient : «Nous continuerons à prendre davantage de risques pour les entreprises transparentes, tout en réduisant nos engagements envers celles qui le sont moins». ■


 

A lire sur le même thème :  «La qualité de la facture au Maroc laisse à désirer»

 

 

M. Diao

 

 

 

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