Quand les matières grises se barrent !

Quand les matières grises se barrent !

Par Fatima Ouriaghli, Directrice de la publication


 

Plus de 600 ingénieurs quittent le Maroc annuellement. Ce sont les chiffres donnés en janvier dernier par le ministre de l’Education nationale, Said Amzazi. Oui, le Maroc est confronté à une épineuse problématique de fuite des cerveaux. Et cela touche tous les secteurs : la santé, la presse, le numérique, l'enseignement…

Quand nos talents se barrent à l’étranger, alors que le Royaume est dans une grosse phase de modernisation de son économie qui doit mobiliser toutes les bonnes compétences, c’est parce qu’il y a évidemment un problème. Si ces candidats à l’«exil économique» avancent le plus souvent le besoin de meilleures opportunités de carrière comme argument pour quitter le pays, il semble qu’il y ait une raison bien plus profonde, que l’on tait sciemment : un cruel manque de confiance.

Manque de confiance vis-à-vis de nos dirigeants. Manque de confiance à l’égard du système en place. Manque de confiance en ce Maroc qui, pourtant, se construit et nourrit l’ambition de rejoindre le cercle des pays émergents. Sinon comment expliquer que ceux qui tournent actuellement le dos au Royaume sont loin d’être les plus mal lotis ! Ils sont hommes ou femmes d’affaires, hauts cadres, voire font partie de la haute société marocaine. Des gens aux revenus très confortables, qui préfèrent pourtant faire leurs «baluchons» pour aller s’installer ailleurs avec leur famille. Aidés en cela par les chasseurs de têtes pour qui le Royaume est, depuis quelque temps, une terre propice au recrutement.  Que faire alors pour retenir cette élite qui… prend la poudre d’escampette ?

Simplement lui redonner cette confiance perdue en son pays. Et cela passe d’abord par avoir des gouvernants crédibles et capables, qui savent lui donner les bons signaux.

Car il ne suffit pas seulement de brandir la stabilité politique dont jouit le Royaume, quand bien même elle est importante. Il faut aussi moderniser l’économie. Il faut un système de santé performant. Il faut un système éducatif efficient, qui ne s’apparente pas à une fabrique de chômeurs…

Bref, il faut que les fils de la Nation aient foi en leur pays et en son avenir. Faute de quoi, les intelligences de ce pays continueront à aller monnayer leur matière grise ailleurs. Avec qui se construira alors le Maroc demain ? 

 

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