La guerre commerciale qui se joue, une nouvelle fois, entre les Etats-Unis et la Chine n’a plus rien d’un simple bras de fer économique : elle prend désormais les allures d’une lutte de priorités politiques, d’intérêts stratégiques irréconciliables, voire d’égo et de fierté nationale.
Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, c’est l’escalade. Une surtaxe de 34% sur les produits chinois. Une autre de +50% supplémentaires si Pékin ne cède pas, pour finir à 125%. Et une taxe universelle de 10% sur tous les produits importés aux USA. Les Etats-Unis, en clair, sortent le grand jeu. Et Pékin ne recule pas. Le ministère chinois du Commerce a annoncé la couleur : la Chine ne se laissera pas intimider et ripostera «jusqu’au bout». Les surtaxes de Trump ? La Chine y répond «résolument», quitte à prolonger l’escalade, avec 84% sur les produits américains.
On pourrait croire à une répétition de la guerre commerciale de 2018-2019. Mais il y a une différence notable : le contexte mondial, en 2025, est plus fragile et plus incertain. Les marchés l’ont bien compris : lundi, la Bourse de Hong Kong a connu sa plus forte chute depuis 1997. Shenzhen et Shanghai ont également vacillé. La Banque populaire de Chine a dû intervenir, tout comme Central Huijin, bras financier de l’Etat chinois. A Pékin, la stabilité des marchés n’est plus seulement une priorité économique : c’est une question de confiance politique.
Du côté américain, cette offensive commerciale est défendue comme une réponse aux «abus historiques» de la Chine. Le président Trump parle de «restauration de la grandeur économique» américaine, avec un discours musclé à destination de sa base électorale. JD Vance, son vice-président, pousse la logique plus loin, dénonçant une mondialisation qui aurait appauvri les classes moyennes américaines. Mais à force de vouloir tout corriger par les tarifs douaniers, Washington prend le risque de casser une mécanique économique interconnectée dont elle tire aussi, depuis des décennies, de nombreux avantages.
Le problème, c’est que cette logique de surenchère n’a pas de ligne d’arrivée claire. Chacun campe sur ses positions. Chacun accuse l’autre de manipulation et d’abus. Et les appels au dialogue, comme celui de la Chine demandant «respect, réciprocité et égalité», semblent se perdre dans le vacarme des menaces réciproques.
Les effets potentiels sont inquiétants : inflation alimentée par la hausse des prix à l’import, incertitude pour les entreprises, ralentissement des investissements et contraction de la croissance. Les pays tiers, eux, regardent cette confrontation des deux piliers du commerce mondial avec nervosité. Jusqu’où cela ira-t-il ? Jusqu’à la rupture complète ? Ou un retour, tôt ou tard, à la table des négociations, une fois que les coûts économiques auront atteint un seuil critique ?
Wait and see.
Par F.Z Ouriaghli