Par Fatima Ouriaghli, Directrice de publication
48.000 chômeurs en moins au niveau national en 2018. Il ne va pas falloir bien longtemps pour voir le gouvernement s’approprier et se réjouir des chiffres que vient de publier le haut-commissariat au Plan (HCP).
Oui, c’est toujours bien de savoir que le taux de chômage national a diminué, passant de 10,2 à 9,8% entre 2017 et 2018.
Mais une lecture plus approfondie des chiffres devrait pousser l’Exécutif à plus de retenue et à ne pas trop verser dans l’auto-satisfaction. Car, sur le pont du chômage, errent encore 1.168.000 personnes qui n’arrivent pas à intégrer le marché du travail. De plus, sur les 112.000 postes d’emploi créés, les «services» s’accaparent 58%, soit 65.000 emplois, au moment où le secteur de l’«industrie y compris l’artisanat» n’en a créé que 13.000, et majoritairement dans la branche «textile bonneterie et habillement» (11.000 postes).
L’«industrie y compris l’artisanat» s’en sort un peu mieux qu’entre 2015 et 2017, période durant laquelle ce secteur a créé, annuellement, en moyenne 10.000 postes. Mais c’est encore très peu, compte tenu notamment des enjeux et de l’envergure du plan d’accélération industrielle. Bien évidemment, le département de tutelle ne manquera peut-être pas de contester les chiffres du HCP, comme il l’a d’ailleurs fait par le passé.
Autre raison qui pousse à consommer la baisse du taux de chômage avec beaucoup de modération : les hausses les plus importantes du taux de chômage ont été enregistrées parmi les diplômés des facultés (+0,6 point), ce qui repose l’épineux problème de l’adéquation formation-emploi, et les jeunes citadins âgés de 15 à 24 ans (+0,4 point).
A cela, s’ajoutent les carences de plus en plus criantes au niveau de la formation professionnelle, où le taux de chômage des détenteurs de ce type de diplôme (23,3%) est supérieur aussi bien à celui des diplômés de l’enseignement général (15,4%) qu’à celui de l'ensemble des diplômés âgés de 15 ans et plus (17,1%). Ce n’est donc pas pour rien que le Souverain a demandé au gouvernement de s’activer pour élaborer et soumettre un programme de projets et des mesures précises pour la mise à niveau de la formation professionnelle.
A la lecture de ces chiffres, il semble néanmoins utile de se poser une question : le Maroc peut-il faire face à ce chômage structurel avec un taux de croissance du PIB qui, dans le meilleur des cas, plafonne à 4% ? La réponse est connue.