Par David William, directeur des rédactions
Quand la solidarité devient forcée, elle devient une solidarité apparente, pour ne pas dire cosmétique. Dès lors qu’elle se fait sous la contrainte, elle perd toute sa portée et sa symbolique. Et, surtout, irrite ceux que l’on estime qu’ils en ont assez pour pouvoir en donner aux autres.
Rappelons quand même un fait, que l’on ne saurait taire. Il y a juste quelques mois, en pleine crise sanitaire, personnes physiques et institutions publiques et privées se sont mobilisées pour porter le montant du Fonds spécial pour la gestion de la pandémie Covid-19, doté au départ de 10 Mds de DH, à 33,725 Mds de DH à fin août 2020.
C’est ce qu’on peut qualifier de vrai mouvement de solidarité, généreux, naturel, dénué de toute arithmétique. Ce n’est donc pas pour rien que la nouvelle «contribution de solidarité» contenue dans le projet de Loi de Finances 2021 suscite d’ores et déjà de vives polémiques. Et soulève plusieurs interrogations.
Est-il logique qu’en pleine crise économique, qui a impacté tous les pans de l’économie nationale, entreprises comme salariés, l’Etat tape sur les poches des contribuables pour renflouer ses caisses ? Est-il compréhensible qu’une initiative née sous l’ère de l’ancien chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, et que l’on disait ponctuelle, conjoncturelle, prenne subrepticement et insidieusement le chemin d’une normalité, emprunté au gré des turbulences qui secouent le budget de l’Etat ?
Pourquoi toujours les mêmes contribuables, qui sont en règle vis-à-vis du Fisc, doivent-ils passer à la caisse ? Est-ce la justice sociale que de faire payer ceux qui triment tout au long du mois pour gagner un salaire et épargner ceux qui se terrent dans l’informel ? Taxer les salariés et les entreprises, est-ce vraiment le bon signal que l’on transmet à l’informel qui, justement, pèse plus de 20% du PIB, hors secteur primaire, et 10% des importations formelles ?
Voilà autant d’interrogations qui sont actuellement soulevées au sein de l’opinion publique. L’on comprend qu’avec la crise économique et sanitaire, l’Etat tire le diable par la queue et peine à boucler un budget bien chahuté par la conjoncture qui prévaut.
L’on comprend bien qu’il veuille gonfler ses recettes fiscales. Mais l’on comprend moins qu’il veuille le faire sur le dos des contribuables, les mêmes, à défaut d’avoir suffisamment d’imagination pour pouvoir élargir l’assiette fiscale.