Fatima Ouriaghli, Directeur de la publication 

A la campagne de boycott qui a ciblé trois marques de la place, les entreprises concernées ont réagi très différemment. Mais s’il faut retenir quelque chose, c’est la démarche singulière et pragmatique de Centrale Danone.

A travers le PDG de Danone, Emmanuel Faber, le Groupe a entamé, depuis la survenance de la crise, une campagne de communication méthodique, transparente et bien calibrée, qui a fini par lever certaines ambiguïtés et appréhensions.

Plus globalement, de cette campagne de boycott, nous retenons trois enseignements majeurs :

• L’entreprise ne peut plus vivre dans une tour d’ivoire, déconnectée de son environnement et de ses clients, avec pour seule obsession de faire des profits. Soigner les rapports avec les consommateurs, entretenir une relation de proximité et être attentif à leurs besoins et attentes restent une démarche à laquelle elle ne saurait se soustraire.

Autrement dit, cette approche doit être continue et entretenue dans le temps, mais ne guère se limiter à des actions ponctuelles pour désamorcer des situations critiques.

• En temps de crise, communiquer est une chose, savoir le faire est autrement plus difficile. Cela vaut pour l’entreprise, mais également pour nos hommes politiques, dont les sorties maladroites à propos du boycott ont davantage attisé le feu qu’apaiser les tensions.

Au-delà, il est apparu de cette campagne de boycott que la problématique du pouvoir d’achat des ménages devient de plus en plus saillante. Pour ne pas dire que c’est devenu un sujet sensible, que les politiques abordent d’ailleurs avec beaucoup de délicatesse. Au point de verser dans la démagogie, histoire de s’octroyer la faveur et la sympathie de l’opinion publique.

Mais les Marocains sont loin d’être dupes et la préservation du pouvoir d’achat des ménages est un sujet trop sérieux pour faire l’objet de surenchères purement politiques. Les politiciens feraient mieux de le savoir. ■