Le gouvernement parie résolument sur l’investissement. Incontestablement, dans le cadre de la relance durable de la machine économique, l’investissement est aujourd’hui le nerf de la guerre. Et ne doit plus être assimilé à une guerre des nerfs entre investisseurs, pris dans les nasses des innombrables procédures, et Administration plombée par ses lourdeurs et la bureaucratie. Le speech du chef de gouvernement, Aziz Akhannouch, lundi au Parlement, est en tout cas très prometteur.
Premier constat : l’Etat sait mettre le paquet quand il le faut pour doper l’investissement. Dans le cadre du PLF 2023, l’investissement global du secteur public a été porté à 300 milliards de dirhams, soit 55 Mds de DH de plus en comparaison avec 2022. Le problème réside cependant dans la faible productivité de l’investissement public, qui reste l’un des plus élevés au Maroc (avec un taux d’investissement de 32% du PIB), et qui n’a que peu d’effet sur la croissance économique. Raison pour laquelle il est urgent de revoir en profondeur la politique d’investissement afin qu’elle soit plus efficace et plus efficiente, et donc davantage pourvoyeuses d’emplois.
Second constat : L’Etat a pris la mesure de la décorrélation qui existe entre le niveau de l’investissement public et le taux de croissance. En ce qu’elle s’appuie sur une vision globale et transversale de l’acte d’investir, la Charte de l’investissement devrait permettre de corriger cette anomalie. En théorie, elle semble en effet assez bien ficelée, couvrant, entre autres, la réforme des centres régionaux d’investissement (CRI), désormais placés sous la tutelle de l’Exécutif, la réforme des marchés publics afin de donner plus de visibilité aux acteurs économiques, mais aussi le soutien du développement des zones d’activités économiques et industrielles.
De fait, les travaux sont actuellement en cours pour la création, l’extension et la réhabilitation d’environ 22 nouvelles zones d’accélération industrielle dans 8 régions du Royaume, sur une superficie estimée à 1.400 hectares. De plus, le gouvernement fait preuve de… générosité, en octroyant différents avantages aux investisseurs, dans le cadre notamment de la mise en œuvre du dispositif de soutien principal et du dispositif de soutien spécifique applicable aux projets d’investissement à caractère stratégique. Mais, surtout, le nœud central de tout ce dispositif visant à booster l’investissement reste l’élaboration d'une nouvelle feuille de route relative à l'amélioration du climat des affaires à l'horizon 2026, considéré comme une condition indispensable pour la simplification et la facilitation de l'investissement et de l'entrepreneuriat.
Ce souci de faciliter l’acte d’investir a d’ailleurs conduit le gouvernement, en coordination avec les CRI, à simplifier 22 procédures administratives, réduisant de 45% en moyenne le nombre de documents exigés des investisseurs. Bref, la volonté politique est là. Il faut cependant transcender le discours politique pour être dans le concret. Car, comme l’a dit le Roi à l'ouverture de l'actuelle session législative, «notre souhait est que la nouvelle Charte nationale de l’investissement donne une impulsion tangible à l’attractivité du Maroc pour les investissements privés, tant nationaux qu’étrangers».
Par F.Z Ouriaghli